Entrepreneuriat féminin : le point de vue de Pétra Brotnei, dirigeante de RECTIF46

A la tête d’une société de rectification de pièces mécaniques de haute précision pour les secteurs de l’aéronautique, du ferroviaire, de la défense et du naval dans le Lot, Pétra Brotnei partage son parcours en tant que femme entrepreneure. Rencontre.  

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Entrepreneuriat féminin : le point de vue de Pétra Brotnei, dirigeante de RECTIF46

« Il n’y a pas de métier d’hommes ou de femmes », assure Pétra Brotnei, dirigeante de l’entreprise RECTIF46 et lauréate du récent concours « 101 femmes de Matignon ». Après avoir quitté la Roumanie en 2004, la jeune femme de 18 ans arrive à Paris et enchaine les petits boulots. « Ma bonne étoile a mis sur ma route bon nombre de gens bienveillants qui m’ont beaucoup apporté. J’en citerais un en particulier, un charmant retraité chez qui je faisais du ménage. À la fin de mes heures de travail, il prenait le temps de discuter avec moi, en anglais. Il me traduisait chaque mot en français. Ce fut très enrichissant pour moi », partage Pétra Brotnei. Sept ans plus tard, elle rejoint une entreprise dans le Lot en tant qu’opératrice sur chaîne. « J’ai évolué jusqu’au poste de manager d’une vingtaine de personnes avant de reprendre les études avec un BTS technico-commercial », complète la dirigeante de RECTIF46. C’est cette expérience qui marquera Pétra Brotnei, pourtant arrivée dans le milieu de la mécanique industrielle par hasard.  

Big média : Comment êtes-vous passée de l’exécution à l’entrepreneuriat ?

Pétra Brotnei : C’est lors d’un salon dans la mécanique industrielle où nous nous croisions tous les ans depuis plusieurs années que l’ancien gérant de RECTIF46, une entreprise de rectification de pièces mécaniques de haute précision pour les secteurs de l’aéronautique, du ferroviaire, de la défense et du naval, est venu me voir pour me demander si reprendre son entreprise pourrait m’intéresser. Je connaissais sa bonne renommée et son savoir-faire. Et surtout, il y a toujours eu une petite voix dans ma tête qui me disait qu’un jour, je serai mon propre patron. J’avais la fibre entrepreneuriale. Enfin, la CCI de Cahors pouvait m’accompagner dans l’élaboration de mon business plan. Alors, je me suis lancée !

L’importance d’être accompagnée et soutenue dans son projet entrepreneurial  

BM : Comment avez-vous été accueillie en tant que femme dans ce milieu encore majoritairement masculin ?  

PB : J’ai été particulièrement bien accueillie. J’ai peut-être dû apprendre plus qu’un homme qui aurait évolué dans ce milieu qui m’était alors totalement inconnu. Mais en redoublant d’efforts pour prouver mes compétences, j’impose désormais une forme de respect qui incite beaucoup de personnes à me soutenir dans ce projet. Lorsque j’ai annoncé la reprise de la société, j’ai même été félicitée par des confrères. Je n’aime d’ailleurs pas le mot concurrent, car nous travaillons tous main dans la main ! Je n’ai pas eu beaucoup d’obstacles sur ma route, en tout cas pas humains. Le seul obstacle pourrait être la méconnaissance du secteur. Mais quand on a la volonté, tout s’apprend !

BM : Pouvez-vous nous parler des réseaux qui vous ont accompagnée ?

PB : Je remercie de nombreux acteurs comme la CCI du Lot, Initiatives Occitanie et Réseau Entreprendre qui m’ont accordé un prêt d’honneur ou encore Bpifrance qui s’est porté garant de mon prêt bancaire à hauteur de 80 %, avec un accord quasi instantané. Lorsqu’on est bien entouré, tout est plus simple. Il faut juste oser demander.

BM : Pouvez-vous nous parler de votre position de lauréate au concours « 101 femmes de Matignon » ?

PB : Quel grand honneur ! Je ne m’attendais pas à être sélectionnée. C’est une véritable reconnaissance pour moi. Le biais de certaines femmes est de se poser la question « est-ce que j’y vais ou pas ? ». Nous sommes souvent en proie au doute. De mon côté, je n’ai pas tergiversé, et j’ai foncé. J’ai pu valoriser ma position de femme entrepreneure et j’ai eu l’occasion de promouvoir mon beau département qu’est le Lot.

BM : Quels conseils pourriez-vous donner à une femme qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat ?

PB : Le premier conseil que je peux donner est de ne pas se poser trop de questions, ou en tout cas, se poser les bonnes, puis d’oser ! Le second conseil, c’est que nous ne sommes pas seules. Il ne faut pas hésiter à solliciter les bonnes personnes et les bons organismes pour se faire accompagner dans nos projets. Tout est possible quand on a la volonté ! Nous avons la chance d’être dans un pays où nous pouvons bénéficier d’un grand soutien lorsque l’on souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat. Profitons de cette opportunité ! J’aimerais voir plus de femmes dans les salons industriels par exemple. J’espère que ma présence va en motiver, ne serait-ce qu’une seule, à se dire « tiens, pourquoi pas moi ? ». 

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Julie Lepretre

Julie Lepretre

Rédactrice web