Le transfert de compétences au cœur de la stratégie de Ragni depuis près d’un siècle

À l’occasion de la Semaine de l’Industrie, Big média se penche sur la question de la transmission du savoir-faire entre les différentes générations d’une entreprise. Rencontre avec Marcel Ragni, dirigeant du Groupe Ragni.

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Ragni

97. C’est l’âge de l’entreprise familiale Ragni spécialisée dans la conception et la fabrication de solutions d’éclairage public. Créé par Victor Ragni en 1927, ce qui était à l’origine un atelier de ferronnerie se transforme rapidement en une entreprise d’une vingtaine d’employés. Dès ses débuts, la confection de lanternes fait partie du savoir-faire de la maison. Lustres, appliques, mobilier et autres pièces décoratives y sont également fabriqués dans une ambiance bon enfant à l’atelier des Vespins. 

Presqu’un siècle plus tard, le Groupe compte plus de 200 collaborateurs et se place sur le podium des acteurs de l’éclairage public en France. À sa tête, la troisième génération : Marcel Ragni. « Lorsque l’on vient au monde, on sait qu’on va mourir. De la même manière, à la création d’une entreprise, on sait que le dirigeant va partir, et on doit se préparer pour la transmission, autant du point de vue de l’entité que des métiers », déclare Marcel Ragni, dirigeant de la société.

Soudure, ferronnerie, serrurerie, tôlerie : des métiers qui nécessitent un transfert de savoir-faire

S’il a débuté comme apprenti, Marcel Ragni est aujourd’hui président de la société. Passé par tous les postes de l’entreprise (chef d’équipe, chef d’atelier, contremaître, directeur achat, commercial, etc.), il raconte : « J’ai bénéficié des connaissances de mes parents, que j’ai ensuite transmises aux personnes qui arrivaient dans l’entreprise, à mesure que je prenais de nouvelles responsabilités. C’est dans la nature des choses de transmettre et de laisser place aux nouvelles générations. Dans l’industrie, qui plus est dans une entreprise familiale, cette dimension est exacerbée. »

Ainsi, depuis des décennies, toute la famille Ragni a à cœur d’assurer une transmission de compétences afin de faire perdurer ce supplément d’âme qui la différencie de la concurrence. « Je dis toujours que si c’est pour faire comme les autres, on n’a pas besoin de nous. Il est nécessaire de se démarquer et c’est possible grâce à notre savoir-faire ancestral. Il y a des métiers qu’il faut pérenniser pour garder une production authentique », assure le président.

« Ragni n’a pas toujours embauché les personnes les plus qualifiées mais celles qui avaient envie d’apprendre »

Pour faire perdurer ce savoir-faire qui fait la renommée de l’entreprise, le dirigeant privilégie les profils de ses recrues plutôt que les compétences. « Ragni n’a pas toujours embauché les personnes les plus qualifiées mais celles qui avaient envie d’apprendre. » Avec une moyenne d’âge de 34 ans et une ancienneté médiane de 14 ans, les employés de Ragni ont pour la plupart été embauchés dans le cadre d’un contrat de professionnalisation. « Ces jeunes qui arrivent chez nous ont des maîtres d’apprentissage qui les forment au métier. Certains collaborateurs arrivés chez Ragni à 20 ans y sont toujours 15 ans plus tard. On fait évoluer les employés qui partent à la retraite avec un savoir. Mais en mettant des alternants à leur côté, ces compétences sont assurément transmises », se réjouit le dirigeant Marcel Ragni.

Pourtant, celui qui met au cœur de sa stratégie l’humain et la transmission de savoir-faire a tout de même intégré les nouvelles technologies au sein de son atelier. Si la machine ne remplacera jamais l’homme, elle peut tout de même servir à réaliser des tâches ingrates, laissant ainsi l’opportunité aux salariés et à la direction de s’investir sur de nouveaux sujets. « Aujourd’hui les métiers ont évolué, on ne peut plus vivre de la ferronnerie comme lors de la création de l’entreprise. Mais il est possible de vivre de nos métiers en accord avec les nouvelles technologies, partage Marcel Ragni. Elles nous apportent le confort que je n’avais pas quand j’étais jeune et nous aident à être plus performant », conclut le dirigeant.

 

Julie Lepretre
Julie Lepretre Rédactrice web