Le New Space français à la conquête de l'industrie spatiale

Depuis quelques années, l’aérospatial français décolle et rayonne sur l’industrie à l’international, guidé par un objectif ambitieux : celui de retourner sur la Lune. Un rêve un peu fou, devenu possible, entre autres, grâce à l’évolution du newspace et du savoir-faire français, qui se développe à la vitesse de la lumière. 

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5 choses à retenir du New Space en France en 2022

Qu’est-ce que le New Space ? 

C’est en 2006, que le mot “Newspace” est utilisé pour la première fois par la Space Frontier Foundation pour désigner l’émergence de plusieurs startups se lançant dans l’industrie et le commerce de l’espace.  

Longtemps piloté en solitaire par les Etats-Unis, le secteur de l’aérospatial s’est aujourd’hui ouvert, permettant ainsi à de nouveaux acteurs de conquérir les étoiles. Le newspace ou entrepreneurial space est désormais le terrain de jeu de multiples startups françaises, qui ont su s'imposer doucement, mais sûrement sur le devant de la scène internationale.  

Old Space VS New Space 

L’objectif Lune est loin d’être un nouveau projet du genre humain. Neil Armstrong, Edwin “Buzz” Aldrin et Michael Collins aux commandes de la mission Apollo 11 le 21 juillet 1969 avaient déjà, à l’époque, réalisé l’exploit de marcher sur le seul satellite spatial naturel de notre planète bleue : la Lune. Une performance réitérée lors de 5 autres missions menées entre 1969 et 1972aucune autre opération habitée n’a vu le jour. 

Aujourd’hui, les objectifs concernant la conquête de l’espace ont changé ; la politique et le droit spatial ont également évolué. Autant de paramètres qui ont complexifié l’exploration et la mise en place des programmes spatiaux. Cependant, les différentes agences spatiales telles que la Nasa ou l’ESA (Agence spatiale européenne) ou les entreprises privées telles que SpaceX, fondée par Elon Musk, ne se sont pas découragées. Elles rêvent toujours de toucher la Lune et ce, dès 2025. 

Si ces différentes parties prenantes sont devenues, au fil des années, les piliers de la conquête spatiale, d’autres vaisseaux plus modestes sont entrés dans la course à l’espace. Plus jeunes, mais tout aussi utiles à l’équation, les startups françaises collaborent main dans la main avec les plus gros noms du domaine spatial. C’est cette récente cohabitation entre “grandes” et “petites” entreprises qui forme la définition du fameux newspace

En témoigne la dernière édition de Paris Air Forum, l’un des plus grands rendez-vous annuels des pontes du spatial, durant laquelle on a pu entendre Fabien Apper, CEO de U-Space au côté de Géraldine Naja, directrice commercialisation, Industrie et Contrats de l’ESA et d’autres puissances de l’aérospatial. La start-up toulousaine, qui s’est engagée en 2018 dans l’univers des nanosatellites, n’a cessé de croître, jusqu’à s’élever au rang des géants du secteur comme de nombreuses autres jeunes consœurs françaises.  

Le Newspace aux assises : les enjeux de demain 

Le Paris Air Forum n’est pas le seul rassemblement du genre à avoir vu le jour ces dernières années. Les Assises du NewSpace, dont la première édition s’est tenue à l’été 2022, ont elles aussi pour objectif de réunir annuellement les acteurs du spatial et de suivre le nouvel élan de l'entrepreneuriat du newspace français.  

Son second volet a eu lieu les 5 et 6 juillet dernier à la station F de Paris et son succès à une nouvelle fois confirmé la recherche de synergie entre tous les acteurs du newspace. En attestent les 45 spacetech présentes à l’événement, à l’instar de SpaceSense, entreprise française spécialisée dans l’imagerie satellite et l’IA ou encore de la bordelaise Delfox spécialisée dans le développement d’IA à apprentissage profond par renforcement.  

Deux journées dédiées à la conquête spatiale réussies, qui ont rassemblé près de 800 participants. Les Assises du NewSpace seront renouvelées les 2 et 3 juillet 2024 à Paris, à l’aube de la mission Artemis II, prévue pour le mois de novembre. 

Ce foisonnement de nouvelles entreprises spatiales françaises à bien été identifié par Thales Alenia Space, partenaire de l’événement. Le fabricant de satellites a annoncé le lancement de son accélérateur de startups de l’industrie du spatial, la veille de la seconde édition des Assises 2023. Une initiative bienvenue, prévue pour soutenir l'expansion du secteur et les projets les plus prometteurs. 

Artemis 2 et Iris 2 : Vers l’infini et l’au-delà 

Le New Space français et le projet Lune Artémis 2024 et 2025 

On s’en souvient encore, la fusée la plus puissante du monde a décollé mercredi 16 novembre 2022 dans le cadre de la mission Artemis I, marquant le grand retour de l’Homme sur la lune. Un projet au sein duquel l’Agence Spatiale Européenne (ESA) s’est imposée comme partenaire de choix de la NASA dans l’exploration spatiale.  

En novembre 2024, le projet devrait encore prendre de la vitesse avec Artemis II, le premier vol d’essai habité de la capsule Orion. Son objectif : orbiter autour de la Lune pendant une dizaine de jours, avec à son bord les quatre astronautes, Jeremy Hansen, Christina Hammock Koch, Victor Glover et Reid Wiseman.  

D’ici 2025, c’est Artemis III qui prendra le relais, pour cette fois, se poser sur la Lune. Là encore le savoir-faire français sera de la partie. Si Thomas Pesquet, premier spationaute français à avoir commandé l’ISS, rêve d’embarquer pour ce voyage historique en combinaison blanche signée Prada ; les deep tech françaises veulent, elles-aussi, marquer leurs noms dans le marbre lunaire.  

C’est notamment le cas de Spartan Space qui a imaginé un habitat gonflable adapté à l’environnement extra-terrestre, dans lequel les astronautes pourront séjourner lors de cette mission d’anthologie. La franco-allemande, The Exploration Compagny, est elle aussi dans la course aux étoiles. Engagée dans la production de véhicules spatiaux, elle vient de signer officiellement un contrat avec la géante Axiom Space; qui a notamment conçu les combinaisons du futur équipage d'Artémis III. 

Les start-up françaises visibles depuis la constellation Iris 2 

Aller sur la Lune n’est pas le seul grand projet actuel du newspace. Depuis le 18 novembre 2022 et l’annonce de la création d’Iris 2, la constellation de satellites multi-orbites se concrétise petit à petit. Déployé dans l’objectif de concurrencer le système d’Elon Musk, Starlink, Iris 2 intéresse tous les acteurs du new space.  

En mai dernier cinq grands noms du secteur spatial européen, AirBus, Eutelsat, Hispasat, SES et Thales Alenia Space ont annoncé avoir uni leurs forces pour mener à bien cette initiative d’envergure. Une bonne nouvelle pour ce projet d’utilité publique, qui devrait encore prendre de la vitesse en 2024 avant d’être complètement opérationnel en 2027.  

Une collaboration européenne qui se veut à l’image de la définition du newspace, puisqu’elle ouvre également ses portes aux petites ours (startups, PME, ETI) du secteur à se joindre au projet sans délai. Iris 2 souhaite effectivement voir son infrastructure réalisée à 30 % par des startups de l'entrepreneurial space.  

Une invitation qui fait écho à ce nouveau marché de nouvelles constellations de satellites, au sein duquel s’inscrit notamment Prométhée. Cette entreprise française spécialisée dans les nanosatellites vise elle aussi la mise en orbite de sa propre constellation, Japetus, dès 2025. 

Gwendeline Jerad
Gwendeline JERAD Rédacteur web