Cet incubateur breton est devenu la rampe de lancement des startups du newspace français

Lancé en 2018 avec le soutien de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) à Brest, l’incubateur ESA BIC Nord accompagne les startups du secteur spatial du nord de la France. Big média s’est entretenu avec Xavier Rosalie, le manager de ce dispositif. 

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CNES-Incubateur breton newspace
Copyright © CNES/Mira Productions/PAROT Rémy, 2018

« 100 % des 58 startups incubées sont encore en activité et presque 500 emplois ont été créés depuis 2018 », déclare Xavier Rosalie, en charge du dispositif ESA BIC Nord France. Les ESA BICs (Business Incubation Centres) sont des incubateurs ou réseaux d’incubateurs soutenus par l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Ils forment le plus grand réseau de startups liées au spatial dans le monde.  

Avec la première implantation en 2013 à Toulouse de l’ESA BIC Sud, et en 2018 à Brest de l’ESA BIC Nord, toutes les startups tricolores du spatial peuvent bénéficier d’un accompagnement personnalisé. L’ESA BIC Nord couvre six régions : la Normandie, l’Ile-de-France, les Haut-de-France, la Bretagne, les Pays-de-la-Loire et le Grand Est. Régi par une agrégation administrative entre le Technopôle Brest-Iroise, et Atlanpole, des Pays de la Loire, l’incubateur bénéficie aussi de l’expertise spatiale de partenaires techniques, comme l’ESA, le CNES (Centre national d'études spatiales) et le pôle de compétitivité ASTech Paris Région 

 

Big média : En quoi consiste l’accompagnement proposé par l’ESA BIC Nord, et qui peut en bénéficier ? 

Xavier Rosalie : Nous incubons pendant 24 mois maximum toutes les startups en lien de près ou de loin avec le newspace. Soit, elles développent une technologie purement et simplement pour le spatial, soit elles utilisent des données spatiales pour les transférer dans d'autres activités, comme le secteur maritime, l'agroalimentaire, ou le transport. Nos partenaires apportent une incubation technique sur les enjeux et besoins liés au secteur d’activités, puis l’ESA BIC Nord subventionne à hauteur de 25 000 € le développement du produit. Notre objectif est de se positionner comme vivier de ressources pour ces jeunes pousses. 

 

BM : Comment fonctionne concrètement l’ESA BIC Nord ? 

XR : Le rôle d’un incubateur est multiple : financement, mise en réseau, connaissances techniques… Sa mission principale est d'aider les entreprises à se stabiliser une fois que leur idée est créée et pouvoir bâtir des fondations nécessaires pour entrer sur le marché et commencer à « scale-up », c’est-à-dire opérer un changement d’échelle.  

Au sein du Technopôle Brest-Iroise, nous fonctionnons majoritairement grâce au financement public. Le volet spatial de cette structure, l’ESA BIC Nord, bénéficie quant à lui de financement européen. C’est grâce à ce financement externe qu’une start-up ne paie rien lorsqu’elle est sélectionnée pour rentrer chez nous. 

 

« On ne se rend pas compte à quel point on utilise les données du spatial dans notre vie quotidienne » 

BM : Pourquoi avoir fait le choix de vous implanter à Brest ? 

XR : A Brest, il y a un gros vivier de projets à accompagner du fait qu’il y ait de l’activité maritime, très en lien avec le spatial. En effet, il y a plein de métiers qui utilisent des données satellitaires ou celles d’observation de la Terre pour étudier les océans par exemple. On ne se rend pas compte à quel point on utilise ces informations dans notre vie quotidienne. Il faut capitaliser sur ce levier-là, et permettre aux acteurs du newspace de se dire que tout ne se passe pas qu’à Toulouse ou à Paris. 

 

BM : Les territoires ont-ils connu une nouvelle dynamique depuis la création de l’incubateur en 2018 ? 

XR : On rayonne sur les 6 régions du Nord de la France. Notre objectif est de ne pas nécessairement déplacer les start-up sur le lieu de l’ESA BIC Nord, Brest, mais plutôt de les laisser en région pour qu’elles dynamisent elles aussi leur territoire. D’un point de vue global, 100 % des 58 startups incubées sont encore en activité, presque 500 emplois ont été créés depuis 2018, et nous comptabilisons près de 50 millions d’euros de CA et 200 millions d’euros de levée de fonds. La Bretagne se place en deuxième position des régions les plus pourvoyeuses de projets parmi les six couvertes par l’ESA BIC Nord. 

 

BM : Avez-vous un objectif de développement sur le territoire ? 

XR : On essaie de tisser de vraies relations avec les startups que l’on suit. Nous avons l’aide de nos partenaires techniques, mais on recherche constamment des nouveaux partenariats innovants. En termes de financement, on aimerait s’associer avec des institutions bancaires qui permettraient aux startups d'avoir des prêts à tarifs préférentiels. Le plus gros du travail n'est pas de créer des opportunités, mais plutôt de démystifier ce qu'est le spatial et de sensibiliser au fait qu'il y en a autour de nous, dans les territoires. 

elc

Emma-Louise Chaudron

Rédactrice Web