Bodyguard tire le meilleur de l’IA pour lutter contre le cyberharcèlement

Matthieu Boutard, co-fondateur et directeur général de Bodyguard, était présent sur la scène de l'Ampli lors de la 8e édition de Big. L’occasion pour l’entrepreneur de revenir sur la raison d’être de sa société et d’évoquer ses ambitions pour le futur du web. 

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Matthieu Boutard, co-fondateur de Bodyguard sur la scène de l'Ampli à l'occasion de Big 8

2 milliards de followers protégés en 2022. Bodyguard, société co-fondée en 2020 par Matthieu Boutard et Charles Cohen, utilise l'intelligence artificielle (IA) pour aider les entreprises et les particuliers à se prémunir face à la haine en ligne. Médias (Brut, Konbini, France TV), Ligue de Football Professionnel, gaming (Paradox Interactive, Jam.gg, Team BDS), la scale-up niçoise assure aujourd’hui la modération automatique de nombreuses entités en tentant d’éradiquer les propos haineux des différentes plateformes du web. 

Bodyguard, entreprise à impact contre la haine en ligne

« Nous sommes une entreprise à impact », précise d’emblée Matthieu Boutard. « Notre technologie, basée sur plusieurs couches d’IA, détecte et modère en temps réel tous les contenus haineux et toxiques. » Si Bodyguard a un but lucratif, sa volonté première est de chercher à résoudre ce problème de société.  
 
Après avoir travaillé sept ans chez Google, au sein de l’équipe philanthropique, Mathieu Boutard s’est donc lancé dans l’aventure Bodyguard. La startup s’adresse aussi bien à des individus qu’à des entreprises ayant des besoins de modération face aux arnaques, spams, mais également contre les propos haineux pouvant salir leur réputation.
 
« Ce qui me passionne, ce sont les communautés, comment les gens vivent ensemble », ajoute le co-fondateur de Bodyguard. « Lorsque je suis rentré chez Google il y a plus de 10 ans, c’était l’entreprise qui changeait le monde à mes yeux. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas, avec toutes les disruptions que nous avons connues. C’est pourquoi j’ai décidé de créer ma propre structure. » Le déclic ? La rencontre avec Charles Cohen, génie de l’informatique, qui, à seulement 21 ans, a prouvé qu’il était capable de développer une technologie de cyberprotection plus performante que celle des GAFA.
 


 

 

Le business social de Bodyguard

Le procédé d’IA développé par Charles Cohen permet en effet de « comprendre plus que des mots », de remettre les choses dans leur contexte. Pas seulement de repérer un propos haineux, mais de comprendre l’intention de la personne, toutes les spécificités humaines qu’une machine lambda ne sait pas répliquer. « Grâce à une approche de double contextualisation, Charles a réussi à craquer cette barrière », explique Matthieu Boutard. « Nous avons également réalisé que nous aiderions davantage d’individus en ligne en proposant une solution BtoB, plutôt que BtoC. »
 
« La modération aide à l’échange. Dès qu’un individu est haineux envers un autre, plus personne n’a envie de parler », justifie l’entrepreneur niçois. Le crédo de Bodyguard, c’est la liberté d’expression, celle-ci n’étant possible que si les personnes sont protégées. « Elles peuvent alors exprimer librement leurs idées, qu’elles soient novatrices, voire dérangeantes. La modération et la protection que l’on apporte permet aux gens de mieux s’exprimer globalement », ajoute Matthieu Boutard.

Devenir un acteur majeur de la modération dans le web 3

En 2022, Bodyguard a réalisé une levée de fonds de 13 millions d’euros qui a permis à l’entreprise de grandir. « Notre technologie fonctionne très bien en français et en anglais, mais notre objectif est qu’elle soit disponible dans l’ensemble des langues afin d’adresser un marché beaucoup plus large », précise le co-fondateur de Bodyguard. Le but de la startup est également de posséder une force de frappe plus importante en recrutant davantage de collaborateurs. Son équipe est aujourd’hui composée de 80 salariés, basés entre Paris, Nice et Marseille. 
 
« Nous sommes en train de créer un nouveau système. Qu’on le veuille ou non, le web 3 se développe. Quelle forme prendra-t-il, je n’en sais rien », admet Matthieu Boutard. « Est-ce-que l’on veut que les grands principes du web actuel soient transposés dans le web 3, uniquement par des firmes américaines ? » C’est tout l’enjeu pour Bodyguard, qui espère apporter une réponse d’ici 2 à 3 ans, en devenant un acteur majeur de la trust and safety dans le métaverse.

Simon NAPIERALA
Simon Napierala Redacteur web