Empreinte carbone d’un vol en avion : calcul et compensation

Être entrepreneur peut parfois vous amener loin, y compris en termes de distance. Pour un voyage d’affaire ou un séminaire, l’avion apparaît souvent comme le mode de transport le plus sûr et le plus rapide, mais il apporte avec lui une empreinte carbone particulièrement lourde. S’il n’est pas possible de traverser l’Atlantique en train, il existe pourtant des manières de décarboner ses trajets professionnels par les airs. Quel est le bilan carbone du transport aérien ? Comment calculer et compenser les émissions de CO2 d’un vol en avion ? Big média fait le tour de la question.

Quelle est l’empreinte carbone des trajets en avion ?

En 2022, le secteur des transports a émis 130,5 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2eq) en France. Cette empreinte carbone, qui correspond à 32% des émissions de gaz à effet de serre (GES) nationales, est principalement due aux carburants d’origines fossiles, utilisés pour les trains, les voitures et les avions.

Empreinte carbone, c’est quoi ?

Qu’est-ce que l’empreinte carbone ? Il s’agit d’un indicateur, exprimé en CO2 équivalent (CO2e) ou tonne de CO2 équivalent (tCO2eq), qui désigne la quantité de GES émis par une activité et son impact sur l’environnement. L’empreinte carbone peut être mesurée à l’échelle d’un pays, d’une entreprise ou d’un individu, mais aussi d’un secteur d’activité – comme par exemple le transport, ou l’aviation en particulier.

Calculer l’empreinte carbone d’un produit ou d’un mode de transport permet d’identifier les postes les plus émetteurs de GES et de mettre en place des actions de réduction. Cette démarche s’inscrit dans la contribution aux objectifs de neutralité carbone en France avec la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), et à l’échelle internationale via l’Accord de Paris. 

Que représente l’avion dans le bilan carbone des transports ?

L’avion représente 4% des émissions de GES des transports intérieurs en France, d’après les données de 2022. En 2021, le transport aérien représentait 12,4 MtCO2 en France, dont 70,8% provenaient des vols internationaux et 29,2% du transport intérieur (y compris les liaisons avec l’Outre-mer). D’après l’ADEME, un vol long courrier avec un taux de remplissage situé entre 101 et 220 passagers émet 0,152 kg CO2e/km. Il est aussi estimé qu’un kilomètre parcouru en avion est équivalent à 52 km en TGV en termes d’émissions de CO2e. 

Répartition des émissions de GES dans le secteur des transports en 2022 : 

Pour établir un ordre d’idée concernant l’empreinte carbone des vols, un aller-retour Paris-New York pour une personne représente 1,7 tCO2eq, soit 20 % des émissions annuelles d'un Français moyen, ou plus que les émissions annuelles moyennes d'un Français pour le chauffage de son domicile.

Que dit la loi sur l’empreinte carbone de l’aviation ?

La loi française n’a pas actuellement de chapitre dédié à l’empreinte carbone du transport aérien, mais des mesures émergent et s’appliquent afin de limiter son impact. L’article 147 de la loi climat et résilience de 2021 impose une compensation des émissions de GES pour les vols intérieurs (y compris Outre-Mer) dont les émissions sont supérieures à 1000 tCO2eq. Les exploitants des aéronefs concernés doivent suivre un calendrier de compensation : 50% des émissions en 2022, 70% en 2023 et 100% à partir de 2024. Les crédits éligibles pour cette compensation sont ceux labellisés bas-carbone. 

Comment calculer l’empreinte carbone d’un trajet en avion ?

Pour savoir si vos vols font du mal à la planète, pas besoin de sortir une calculatrice. De nombreux calculateurs en ligne existent pour prendre en compte toutes les données de votre vol et vous éclairer sur l’impact de votre trajet aérien. Le bilan carbone du transport aérien inclut aussi bien le modèle de l’avion que la distance parcourue ou le nombre de passagers.

Les facteurs d’émissions carbone de l’aviation

Le calcul de l’empreinte carbone d’un vol, qu’il soit court, moyen ou long courrier, prend en compte plusieurs facteurs d’émissions : 

• le modèle d’avion ;
• le type de vol (moyen, court, long courrier) ;
• le nombre de passagers ;
• les litres de carburant consommés ;
• la distance parcourue.

Le kérosène utilisé dans l’aviation est un combustible fossile, dont l’ADEME estime qu’il représente 16% des émissions de CO2 d’un avion, en prenant en compte l’extraction, le raffinage, le transport et la distribution. 

Autre coupable de l’empreinte carbone de vos trajets en avion : les traînées de condensation. Cette vapeur d’eau produite par les moteurs des avions forment des nuages qui contribuent au réchauffement de la surface terrestre, en redirigeant le rayonnement qu’ils absorbent vers le sol, et non pas dans l’espace. 

Les calculateurs de bilan carbone aérien

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et la plateforme gouvernementale « Agir pour la transition écologique »  mettent à disposition des calculateurs en ligne qui prennent en compte : 

• le lieu de départ et d’arrivée ;
• s’il s’agit d’un vol direct ou avec escale ;
• le type d’avion ;
• le nombre de passagers.

Ces plateformes offrent également un comparatif avec d’autres modes de transport (train, voiture) pour le même trajet, afin de mettre en évidence la forte empreinte carbone des voyages en avion. 

Le calculateur de la DGAC, TARMAAC, disponible via l’outil en ligne Ecocal, exprime les résultats en émission de GES par passager équivalent (en kgCO2e). 

Comment réduire l’empreinte carbone des voyages en avion ?

Mettre l’aviation au vert est un défi de taille : un vol Paris New-York à bord d’un A380 consomme environ 88 tonnes de kérosène. Pour 100km parcourus, un avion long courrier consomme en moyenne 3 litres de carburant par passager. Les trajets en avion restent toutefois, dans certains cas, inévitables pour traverser l’océan. Alors quelles solutions pour décarboner vos vols ?

Amélioration de l’efficacité énergétique des avions : une solution pour la décarbonation des vols

Avant de s’intéresser au carburant, il est possible de réduire l’empreinte carbone en améliorant l’efficacité énergétique des avions eux-mêmes. Cela peut passer par le développement de nouveaux modèles d’avions ayant une meilleure performance énergétique, et le renouvellement des flottes pour retirer de la circulation les modèles anciens, particulièrement énergivores. 

Par exemple, les avions équipés de turbofans, ce qui est le cas de la majorité des appareils commerciaux, peuvent être remplacés par des turbopropulseurs, qui permettent de voler plus vite et de réduire la consommation énergétique. 

Autre piste d’amélioration : l’aérodynamisme des avions. Alléger la structure en privilégiant des matériaux composites ou en impression 3D ou électrifier les systèmes (qui représentent entre 5 et 10%M de la consommation de carburant) sont des changements à considérer pour améliorer l’efficacité énergétique des avions.

Usage de biocarburants pour réduire l’impact carbone des trajets en avion

D’après un rapport de l’ADEME en 2022, 16% du CO2 du secteur aérien est émis lors de la production et distribution du kérosène, et 84% lors de la consommation du carburant. Face au poids du combustible fossile dans la balance de l’empreinte carbone aérienne, des solutions alternatives se développent, notamment les biocarburants. 

Impact de la production et consommation de kérosène sur l’empreinte carbone de l’aviation : 

Produits à partir de ressources renouvelables et issues de la biomasse (huile végétale, graisses animales, résidus agricoles) et répondant à une logique d’économie circulaire, les carburants durables d’aviation (ou CAD), permettent une réduction d’environ 80% des émissions de CO2. Autre alternative au kérosène : les carburants de synthèse (e-fuels) provenant d’hydrogène décarboné.

Les moteurs d’avion à hydrogène font partie des projets menés par exemple par Safran, société aéronautique française, et la start-up Turbotech, spécialisée dans les technologies aéronautiques hybrides. L’hydrogène pourrait réduire l’empreinte carbone d’un avion de 65%, mais présente d’autres défis, notamment pour le stockage et le ravitaillement, liés à ses caractéristiques physiques.

Opter pour des modes de transports moins polluants que l'avion lors de vos déplacements professionnels : voiture, train, bus...

Pour vos déplacements professionnels, le meilleur moyen de réduire l’empreinte carbone de vos trajets en avion reste encore de les remplacer par d’autres modes de transport, et de privilégier des destinations accessibles en train, bus ou voiture, dans une optique de tourisme vert ou de mobilité durable en entreprise. 

Les trajets en voiture permettent également de privilégier le covoiturage avec vos collaborateurs, afin d’éviter l’usage de véhicules individuels, tandis que le train peut devenir un lieu de travail temporaire le temps du voyage. Le plan de sobriété énergétique nationale préconise une réduction des trajets en avion dans le cadre des déplacements professionnels, et recommande de se déplacer par voie aérienne uniquement si le trajet en train dure plus de 4 heures, ou si l’aller-retour occupe plus de 6 heures sur une journée. 

_{Sources :} 

_{Les émissions gazeuses liées au trafic aérien, Ministère de la Transition Écologique}

_{Quel est le niveau des émissions de gaz à effet de serre de nos transports ?, Notre-environnement}

_{Compensation des émissions de GES des vols nationaux, Ministère de la Transition Écologique}

_{Observatoire Aviation Durable, Ministère de la Transition Écologique}

_{3 scénarios pour le transport aérien, ADEME
Calculer les émissions de carbone de vos trajets, ADEME}

_{Eco calculateur, Direction générale de l’aviation civile}