EPC : la start-up qui modernise l'image du champagne

Dans l’univers très exclusif du champagne, la jeune entreprise a su se distinguer en misant sur un modèle plus vertueux, faisant la part belle au savoir-faire traditionnel des vignerons – le tout boosté par l’intelligence artificielle. Rencontre avec le cofondateur d’EPC, Édouard Roy.

 

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Les co-fondateurs de Champagne EPC : Edouard Roy, Camille Jullien Gilardi et Jérôme Queige

Ce qui avait commencé comme un petit projet père-fils, une cuvée unique sans prétention, a finalement pris la taille d’une véritable Maison, présente sur les plus grandes tables du monde entier. Descendant de vignerons et entrepreneur dans l’âme, Édouard Roy a rapidement perçu le potentiel d’investir sérieusement cet univers traditionnel très pointu et de lui insuffler de la modernité. « L’image du champagne de nos jours n’est plus la même que celle qu’avait la génération de nos parents, explique le jeune Champenois. Aujourd’hui, offrir une bouteille est plus associé au partage d’une découverte gustative, d’un vin de petit producteur, qu’à l’intention de faire un cadeau coûteux, avec un produit provenant d’un grand nom, pour une occasion très spéciale. » 

En 2018, alors en plein processus de réflexion, il rencontre Jérôme Queige, ancien directeur commercial chez Jacquart et donc familier du milieu. Ensemble, ils se concentrent sur les nouveaux codes du champagne : traçabilité, authenticité et transparence. L’arrivée de Camille Jullien Gilardi, issue du marketing, dans l’aventure en scelle la phase préparatoire. EPC, référence et ode à l’épicurisme, naît officiellement en juin 2019 avec la ferme intention de valoriser le terroir et de proposer des cuvées d’exception accessibles.

Optimiser les moyens de production existants et mettre en avant les vignerons

Le modèle de production choisi part d’un simple constat : les machines des coopératives viticoles familiales, comme celle à laquelle la famille d’Édouard Roy appartient, sont largement sous-exploitées, alors même qu’elles offrent une belle capacité de fabrication. Le trio derrière EPC décide donc de tirer profit de ces outils que les vignerons, avec qui ils s’associent, pourront utiliser pour fabriquer leur vin. Ces derniers ne sont pas anonymisés au profit de la marque, au contraire. Ils sont mis en avant sur la bouteille où figurent par ailleurs toutes les informations nécessaires pour tracer l’origine de la cuvée en question. 

La cave de la jeune entreprise en compte désormais huit. Leur grande particularité ? Chacune provient d’un seul et même terroir et n’est issue d'aucun, ou de très peu, de mélange de cépages. Les vins sont donc plus stables et nécessitent moins d’additifs et moins de sulfites. Une formule et une approche qui séduisent puisque quatre ans après le lancement, EPC a multiplié son CA par 15 et est maintenant présent dans plus de 35 pays.

Des innovations et des soutiens de renom

La startup s’adresse aux particuliers, tout comme au secteur de l’hôtellerie où le succès semble être au rendez-vous : « Nous intégrons des restaurants étoilés chaque semaine », se félicite Édouard Roy – mais aussi les entreprises. Si cette cible s’avère très lucrative, elle n’en reste pas moins difficile d’accès, comme le constatent très vite les fondateurs d’EPC. « Il n’y a pas de règles en entreprise, résume le dirigeant. On se fait balader de service en service lorsqu’on prospecte, sans jamais finir par avoir le bon interlocuteur. » Pour y remédier mais aussi améliorer l’ensemble de la chaîne de production, la jeune pousse développe en interne DAVE. Acronyme de Digitalisation Avancée de la Vente et de l'Expérience. Un outil qui permet de collecter des données et de les analyser, grâce à l’intelligence artificielle, afin de construire une offre commerciale corporate sur-mesure en fonction des secteurs, des tailles des entreprises, etc. 

La solution rend également possible le traitement de certaines tâches chronophages en intégrant un système de facturation, de suivi de devis et d’encaissement. « Les fonctions que nous développons répondent à des vrais problèmes métier, des points que l’on peut observer et constater au cœur de notre activité », souligne le cofondateur. Résultat : une productivité multipliée par 10 et une cible corporate qui représente aujourd’hui 40 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. 

Désormais présente dans 36 pays, la société champenoise souhaite concentrer sa stratégie sur son expansion internationale, avec déjà des projets concrets, comme la signature récente d’un partenariat avec Berkmann, premier distributeur de vins au Royaume-Uni. En peu de temps, EPC a réussi à s’imposer parmi les grands et même à convaincre des soutiens de renom. Tandis qu’une première levée de fonds, avant même le lancement de l’entreprise, a rassemblé des investisseurs comme Xavier Niel et la famille Mulliez (Auchan, Decathlon) et 1,5 millions d’euros, un second tour de table a permis, en 2022, de lever 5,5 millions et d’offrir à la startup sa consécration : l’entrée de Stéphane Baschiera, ancien président de Moët & Chandon, au sein de son board. « Avoir une telle figure derrière nous a confortés dans l’idée que nous étions sur la bonne voie et que de belles perspectives nous attendent », s’enthousiasme Édouard Roy. 

 

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