Comment Royal Mer, spécialiste du pull marin made in France, s’est spécialisé pour mieux rebondir

Reprise par Hervé et Roland Coulombel en 2016 après une liquidation judiciaire, Royal Mer se présente aujourd’hui comme la spécialiste du pull marin, ambassadrice d’un savoir-faire français de renom. Rencontre avec le dirigeant. 

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Comment Royal Mer, spécialiste du pull marin made in France, s’est spécialisé pour mieux rebondir

Créée en 1946, la marque éthique de prêt-à-porter Royal Mer s’est spécialisée depuis plus de quinze ans dans le tricotage et la confection d’articles à mailles tels que les pulls marins pour femmes et hommes. « Cette spécialité est devenue une activité rare en France », partage fièrement Hervé Coulombel, dirigeant de l’entreprise. Mais l’histoire de Royal Mer, alors baptisée Royal Mer Bretagne, est riche en rebondissements et a connu des jours houleux avant de devenir une entreprise pérenne.  

C’est à la barre du tribunal de commerce qu’Hervé Coulombel et Roland Coulombel reprennent les rênes de Royal Mer en 2016, à la suite d’une liquidation judiciaire. Proposant aujourd’hui des produits qui durent dans le temps et « garantis à vie », Royal Mer a fait de son expertise, de son savoir-faire ancestral et du « made in France » ses arguments de vente principaux. « En produisant sur le territoire et en embauchant dans la région, on fait fonctionner le tissu économique local », partage le dirigeant. C’est d’ailleurs, entre autres, cette raison qui a motivé Hervé Coulombel à reprendre Royal Mer. « Nous avons des tas d’atouts en France dont des savoir-faire extraordinaires. Ce qui m’a intéressé dans la reprise de cette entreprise, c’est qu’on a récupéré des individus avec des compétences très intéressantes dans la confection de pulls en maille. »  

Comment Royal Mer a repensé le positionnement de sa marque de vêtements marins 

Se différencier des marques fast fashion en valorisant le savoir-faire ancestral de la marque : voilà la volonté d’Hervé Coulombel depuis plus de sept ans. « Je souhaitais rebâtir l’histoire de la marque autour du noyau dur. Notre objectif a directement été de réaliser des produits qui durent dans le temps, en s’opposant ainsi aux nombreuses références qui sortent quotidiennement et qui sont pour la plupart jetées dans l’année », se désole le dirigeant de l’entreprise. Ainsi, avec des articles « garantis à vie », Royal Mer s’impose petit à petit comme un des leaders sur le marché du pull marin.  

Mais si la société prospère aujourd’hui, elle a dû faire face à une période bien plus sombre. « Lorsque j’ai repris l’entreprise en 2016, il a fallu faire des choix. Mais je suis fier d’avoir réussi à garder 45 salariés sur les 55 qui travaillaient pour Royal Mer », partage Hervé Coulombel. Afin de sauver l’entreprise, le dirigeant a dû se couper volontairement d’une partie de la production, qui représentait tout de même près de la moitié du chiffre d’affaires. « Ce n’était pas un petit chantier et on a repensé complètement le positionnement de la marque et des produits en se spécialisant sur ce qu’on savait faire de mieux, à savoir le pull en maille », poursuit-il. En divisant le nombre de références par deux et en se spécialisant, l’entreprise a petit à petit su se reconsolider. Une décision qui a fini par payer puisqu’en sept ans, Royal Mer a doublé son chiffre d’affaires et multiplié le nombre de revendeurs par trois. « Aujourd’hui nous sommes 70. Nous avons réussi à recréer de l’activité, pérenniser des emplois mais également à en créer de nouveaux. En période de doutes, il faut être agile et innover », partage le dirigeant. 

« Si on veut respecter le savoir-faire local et respecter l’environnement, on n’a pas d’autres choix que de monter en gamme » 

Si l’entreprise est sur la bonne voie, elle doit tout de même faire face à certaines difficultés, inhérentes à la filière textile française, qui connait depuis des années de véritables défis. En misant sur une fabrication locale, l’entreprise a eu à faire à des coûts salariaux bien plus importants qu’en produisant dans des pays réputés pour leur main d’œuvre à faible coût. « Nous nous sommes également heurtés à des problématiques de recrutement et de formation », explique le dirigeant. Trouver des salariés avec des compétences et savoir-faire ne s’est pas révélé être une mince affaire. « Nous avons trouvé des employés motivés, mais que l’on a dû former. Cela nous a pris du temps et des ressources. Et si l’on veut respecter le principe de production locale, avec le bon savoir-faire et respecter l’environnement, on n’a pas d’autres choix que de monter en gamme », confie Hervé Coulombel. 

Après avoir remonté la pente, et failli disparaitre une seconde fois en raison de la crise du Covid-19, Royal Mer doit aujourd’hui se démarquer de ses concurrents, pour s’imposer sur son marché. « On va désormais élargir nos gammes en profondeur, donc en proposant plus de coloris et de finitions. En revanche, on ne va pas proposer plus de produits car nous souhaitons rester spécialisés », affirme le dirigeant. Tout en travaillant sur l’élargissement de la collection de Royal Mer, Hervé Coulombel envisage de développer l’activité de l’entreprise à l’international. « Nous vendons déjà en Europe du Nord et au Japon depuis un an et demi. Paradoxalement, ce sont les étrangers qui sont le plus friands de savoir-faire français. L’objectif est d’accélérer le mouvement et de vraiment développer ces valeurs à l’export », conclut le dirigeant. 

Julie Lepretre
Julie Lepretre Rédactrice web