Comment Revobiom mène la révolution microbienne 

Lauréat d’un prix national au concours i-Lab 2023, Revobiom, propose avec sa machine d’évolution microbienne de diriger l’évolution de consortiums microbiens grâce aux technologies de la milli-fluidique digitale. Vous avez un peu de mal à saisir ? Pas de panique. Big média revient, avec les co-fondateurs Thomas Bibette et Wilfried Sire, sur cette innovation.

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Revobiom
Wilfried Sire (à gauche) et Thomas Bibette (à droite) ont tous les deux co-fondé Revobiom en 2022.

« Les micro-organismes sont partout sur notre planète, dans les océans, ils créent l’essentiel de l’oxygène que nous respirons, dans nos sols, ils permettent aux plantes d’absorber les nutriments et dans notre alimentation, ils sont un facteur essentiel de conservation et de transformation des aliments. » Entre autres, les micro-organismes sont, d’une manière générale, un facteur majeur positif pour la santé humaine d’après Thomas Bibette, co-fondateur de Revobiom. « Dans la nature ils fonctionnent toujours en écosystèmes complexes aux interactions stables qui leur donnent de grands pouvoirs transformatifs sur leurs environnements, poursuit le CEO de la deeptech. Par exemple certains consortiums microbiens sont capables de dégrader naturellement le plastique P.E.T (polytéréphtalate d’éthylène souvent utilisé pour contenir des denrées alimentaires comme l’eau). » 

Or, si la nature et les artisans savent formuler et se servir de consortiums bactériens complexes, l’industrie, elle, n’est pas encore parvenue à créer une méthode permettant de formuler des écosystèmes complets et stables. Et c’est à ce problème que souhaite répondre Revobiom. « L’idée est d’apporter aux industries utilisatrices de micro-organismes, comme l’agriculture, la biotechnologie ou l’industrie alimentaire, la puissance des consortiums », poursuit Thomas Bibette.

Une innovation basée sur 15 ans de recherche  

Pour atteindre cet objectif, la deeptech a créé sa machine d’évolution microbienne afin de simuler le processus d’évolution darwinien par sélection naturelle. En d'autres termes, elle crée des conditions dans lesquelles les micro-organismes peuvent évoluer et se développer de manière à ce que les plus adaptés ou les plus performants survivent et se reproduisent. « Cela se fait génération après génération, ce qui signifie que le processus est répété et que les micro-organismes évoluent au fil du temps, explique le co-fondateur. L'objectif ultime est de stabiliser les interactions complexes entre les différentes souches de micro-organismes dans les consortiums, ce qui peut conduire à des performances améliorées et à des résultats plus prévisibles dans les applications industrielles. » 

Une machine d’évolution des plus complexes, qui s’appuie notamment sur quinze années de recherche au laboratoire des colloïdes et matériaux divisés de l’Ecole Supérieur de physique chimie industrielle, et dispose d’une solide propriété industrielle avec une dizaine de brevets. « Nous réalisons une première mondiale avec des bioréacteurs de taille millimétrique qui permettent d’adresser des communautés intégrales de micro-organismes associés à son module de transfert microfluidique. » Entre autres, ces bioréacteurs de petite taille ont la capacité de manipuler ou de traiter des communautés complètes de micro-organismes. Au lieu de travailler avec des micro-organismes individuels, ils peuvent traiter des groupes entiers de micro-organismes, « une caractéristique importante pour travailler avec des consortiums microbiens ». Pour faciliter le transfert et la manipulation de ces derniers à l’intérieur de ce type de réacteurs, Revobium lui associe également un module de transfert microfluidique. « Ce système permet de déplacer de très petits volumes de liquide d’une manière contrôlée, poursuit Wilfried Sire CTO (Chief Technical Officer ou Directeur des Nouvelles Technologies) et co-fondateur. Grâce à cette alliance, nous pouvons propager (cultiver et multiplier) les consortiums microbiens qui répondent aux critères que nous recherchons », détails ce dernier. 

L’industrie alimentaire, cible de la solution Revobiom 

Avec cette innovation, la deeptech lauréat d'un prix national au concours i-Lab, cherche à offrir de nouveaux horizons de formulation en permettant aux entreprises de stabiliser, à l’échelle industrielle, leurs compositions microbiologiques plus complexes, tout en réduisant les coûts et les délais. « Nous visons prioritairement l’industrie la plus mature quant à l’utilisation de micro-organismes, l’agroalimentaire et la cosmétique, avant de nous déployer dans les secteurs de l’agriculture (bio fertilisation, biocontrôle, nutrition animale), des biofuels (méthanisation), de la santé (probiotiques), de la bioremédiation et des cosmétiques », explique Thomas Bibette.  

L’innovation a d’ailleurs déjà trouvé preneur avec le partenariat en Eurogerm et Revobiom, dans le but de codévelopper les « levains du futur » composés de deux levures et six bactéries en seulement quatre mois, ainsi que sur d'autres enjeux avec des marques comme Lallemand et Danone. L’entreprise se déploie rapidement sur différent marchés en forte croissance et totalise « un potentiel immédiat de plus de dix milliards d’euros ». 

Emmanuel Lanoe
Emmanuel Lanoe Rédacteur Web