Renaissance Industrielle : comment le secteur se transforme et se modernise

Après avoir abordé la réindustrialisation, ayant succédé à plus d’une demi-décennie de désindustrialisation, focus sur la transformation durable et la modernisation de notre industrie. (Baromètre Renaissance Industrielle 2/3) 

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Seqens
Usine Seqens, une entreprise ayant enclenché sa relocalisation et sa transformation énergétique et écologique

Le contexte géopolitique, la raréfaction de certaines ressources à l’échelle mondiale, ainsi que la mise en place de nouvelles normes environnementales, sociales et de gouvernances (ESG) de plus en plus strictes incitent les entreprises, notamment industrielles, à repenser leur modèle. La plupart des TPE, PME et ETI françaises ont entrepris ces changements et de nombreux brevets sont développés chaque année : l’Office européen des brevets (OEB) a enregistré une hausse de 2,5 % des demandes de brevets déposées par la France en 2022. Ainsi, le pays du coq bleu maintient sa seconde position dans le classement européen des pays les plus innovants.  

L’industrie française toujours plus innovante  

Cette hausse témoigne d’une activité soutenue dans les domaines des industries électriques, numériques et de la chimie. Le secteur français se modernise et l’écosystème des startups se distingue par une propension à l’innovation remarquable. Selon une étude menée conjointement par OEB et l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO), 42 % des startups françaises ont entamé des démarches en matière de dépôts de brevets pour assurer leur propriété intellectuelle et protéger leurs produits, services ou savoir-faire en 2022.  Cette croissance témoigne d’un engagement fort envers l’innovation et la quête d’excellence dans le domaine de la recherche et de la technologie.  

Elle met en lumière la volonté de la France de rester une nation innovante, consolidant ainsi sa position sur la scène internationale. Les entreprises industrielles de l’hexagone poursuivent donc la modernisation de leurs outils, la décarbonation de leurs processus de production et l’amélioration de leur efficacité énergétique. À l’heure où 18 % des émissions de gaz à effet de serre français sont causés par l’industrie manufacturière en 2022, il est urgent d’agir et les industriels français l’ont compris. En effet, plus de la moitié de l’empreinte carbone est liée à des importations de produits finis et semi-finis. Les industries les plus émettrices de gaz à effet de serre sont dans les secteurs des transports (32 %), de l’agriculture (19 %), de l’industrie manufacturière (18 %) et de la production d’énergie (12 %). 

Vers une industrie décarbonée  

Les industriels s’étant emparé du sujet, leur mobilisation a permis de réduire les émissions de 6,4 % en 2022 par rapport à 2021. Pour décarboner l’industrie et continuer à faire baisser les chiffres, de nombreuses solutions existent. Parmi elles, la substitution de combustibles fossiles par des alternatives bas-carbone, l’électrification des procédés industriels ou encore le développement de la capture et du stockage de CO2. Les TPE, PME et ETI sont amenées à intégrer dans leurs réflexions d’autres sujets cruciaux tels que la gestion des ressources en eau, l’effondrement de la biodiversité ou encore la réduction de la pollution.  

C’est dans ces mêmes domaines qu’ont émergé de nombreuses startups et jeunes pousses, avec pour objectif d’aider les entreprises existantes à réduire leur bilan carbone. En 2022, la France comptait236 startups dans la décarbonation de l’industrie, ce qui représente 7 902 employés. 43 % de ces structures étaient spécialisées dans la production industrielles et un tiers étaient des projets créés au cours des cinq dernières années. Pour aider ces acteurs de la décarbonation, la loi industrie verte, adoptée en octobre 2023, a fixé quatre priorités :  

  • Faciliter et accélérer l’implantation de sites industriels en France 

  • Financer l’industrie verte par la mobilisation des fonds publics et privés 

  • Favoriser les entreprises vertueuses dans toutes les interventions de l’État  

  • Former aux métiers de l’industrie verte  

Pour venir à bout des objectifs de décarbonation, la réindustrialisation devrai donc passer par l’implantation de nouveaux sites industriels. 

Réindustrialiser en profitant des espaces en friche  

Parmi les avantages dont bénéficie la France, figure le potentiel du foncier et des friches industrielles disponibles sur l’ensemble du territoire, susceptibles d’accueillir de nouvelles activités économiques. Alors que les gigafactories sont fortement consommatrices d’espace, le gouvernement estime qu’il existe 90 000 hectares de friches accessibles à réhabiliter. Entre juillet 2021 et juillet 2022, Business France a soutenu une quinzaine de projets, notamment pour les entreprises Verkor et Prologium à Dunkerque. Chacune de ces usines mobilise près de 150 hectares.  

Seqens

Si le secteur n’était jusqu’ici pas la première consommatrice de foncier, la réindustrialisation et la décarbonation des activités industrielles devraient faire évoluer les besoins. Dans les années à venir, les principaux utilisateurs du foncier seront pour près de la moitié des usines, suivies par les plateformes logistiques (27 %).  

À suivre : « L’industrie dans la société française », la suite du baromètre Renaissance Industrielle

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Julie Lepretre
Julie Lepretre Rédactrice web