Etat des lieux du marché de la fiction française

Secteur en pleine mutation depuis l’arrivée des plateformes de streaming, le marché de la fiction française s’ouvre aujourd’hui à de nouveaux acteurs, bien décidés à profiter des opportunités créées par la digitalisation pour se faire une place.

  • 29 juin 2021
  • Temps de lecture: 5 min
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« La production française est en bonne santé. », affirme Marie Barraco fondatrice de l’agence Kandimari et directrice du festival Série Series.
Et ce n’est pas peu dire ! L’année dernière en pleine pandémie, la fiction tricolore a réalisé sa meilleure performance depuis quinze ans. Selon une étude du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) publiée en mai dernier, sur les 100 meilleures audiences de fiction à la télévision, 95 étaient des œuvres françaises. Un engouement pour la French Touch qui ne surprend pas la créatrice du festival Série Series. « Les plateformes et les chaines de télé ont enfin compris que la production locale avait son importance. Aujourd’hui, le téléspectateur n’est plus exclusivement abreuvé de contenus étrangers mais également de fictions nationales, plus proches de lui, de son quotidien, et de ses valeurs ».

Derrière la caméra, la production audiovisuelle n’a pas chômé non plus. Plus de 400 fictions, cinéma et télé confondus, ont ainsi été achevées en France depuis le mois de mai 2020, selon le CNC. A Paris, 5 000 jours de tournages (cinéma, audiovisuel, publicités) ont été comptabilisé en 2020, contre 5 465 jours en 2019. Au total, la capitale a accueilli 93 longs-métrages (103 en 2019), 64 séries (69 en 2019) et 223 films publicitaires (207 en 2019). Un « bilan assez satisfaisant compte tenu de la période », indique la mairie de Paris dans une interview accordée au Monde.

Fiction française : entre mutation et accélération

Pourtant, le modèle des chaînes historiques a connu un profond bouleversement depuis ces dernières années. Avec le développement de la télévision payante, le déploiement de nouvelles chaînes gratuites sur la TNT, puis l’arrivée des plateformes de streaming, la télévision française a dû muter pour conserver son audience.
« Avant l’arrivée de Netflix en France, il y avait une sorte d’habitude dans le secteur, avec des guichets traditionnels. », souligne Marie Barraco. « Chacun a dû se questionner sur sa raison d’être, ce qui a permis un repositionnement salutaire, notamment pour les chaines publiques. Aujourd’hui, il y a une réelle prise de conscience sur la responsabilité et le rôle à jouer en tant que diffuseur culturel public dans un pays ». Une vision que partage Anne Holmes, directrice de la fiction française chez France Télévisions, dans un article accordé aux Echos. « Avec des séries plus pointues, plus haut de gamme, les plateformes ont habitué l'œil du téléspectateur à autre chose. Et elles ont poussé les diffuseurs historiques à se renouveler et à proposer des choses plus osées. On est loin des « Julie Lescaut » et « Navarro », qui faisaient certes 10 millions de téléspectateurs, mais dans un paysage à six chaînes. ».

Pour tenter de fédérer leur public, les groupes audiovisuels France Télévisions, TF1 et M6 ont lancé en 2020 une plateforme commune : Salto. « L’arrivée de Salto est un peu tardive, mais c’est une démarche intéressante car cette plateforme permet de proposer une vraie offre alternative, avec des contenus hexagonaux et européens. On y trouve notamment des séries, que j’avais moi-même présentées lors de notre festival Série Series, mais qui n’avaient jusqu’alors pas trouvé leur place sur des écrans français. Aujourd’hui, le challenge pour cette plateforme est se donner les moyens de développer des productions originales fortes afin d’offrir une vraie visibilité à la série française. » ajoute Marie Barraco.

Le cas Série Series

Ce marché en constante mutation, Marie Barraco le connait bien puisqu’elle organise depuis bientôt 10 ans un festival qui met à l’honneur producteurs et auteurs de fictions françaises et internationales. Série Series, l’un des premiers festivals à reprendre « en physique » depuis la pandémie, offre chaque année aux professionnels du secteur trois jours d’inspiration via des projections, des études de cas, des masterclass et des rencontres avec le public.
« Cette année sera l’année des retrouvailles ! Tout l’écosystème en a besoin. D’habitude notre ADN européen nous permet de réunir jusqu’à 800 professionnels internationaux, mais malheureusement cette année encore, nous allons devoir nous adapter au contexte et proposer un événement hybride ».

Mais la dirigeante relativise en soulignant l’aspect « positif » que la crise a apporté à son métier. « Aujourd’hui, je ne suis plus seulement directrice d’événements, je suis également productrice de contenus ! La pandémie nous a amené à repenser notre façon de communiquer avec le public, et c’est comme ça qu’est né « Série Series l’émission ». Dans ce programme, l’idée est de faire découvrir les coulisses de séries européennes via ceux qui les ont créées. Un beau projet que nous comptons bien faire grandir. », conclut-elle.

 

Vous êtes un aficionado de séries françaises et internationales, ne manquez pas le festival Série Series du 30 juin au 3 juillet !

mélanie
Mélanie Bruxer Rédactrice web