Culture : quand l'expérience immersive change les règles du jeu

De nouveaux acteurs innovent pour transformer le secteur de la culture. C’est le cas de Culturespaces avec l’Atelier des Lumières et de Dream Factory qui donnent vie aux œuvres d’art et aux films grâce à des expériences immersives.

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atelier lumieres

Pour Jacques de Tarragon, directeur de l’Atelier des Lumières, « on assiste à l’arrivée d’une génération née dans l’air du numérique, qui s’attend à voir des innovations, même dans la culture ». Selon une étude du centre national du cinéma (CNC), 93 % des participants voient l’immersif comme une nouvelle façon d’accéder à la culture et aux loisirs. Une expérience vise à faire rentrer le spectateur dans une histoire, un jeu ou une œuvre d’art en sollicitant plusieurs sens par des technologies telles que la réalité virtuelle ou la réalité augmentée.

Après le succès de la Carrière des Lumières aux Baux-de-Provence, Culturespaces crée l’Atelier des Lumières à Paris en 2018. Ce centre d'art numérique met en avant le travail de grands maîtres de l’histoire de l’art par des projections d’œuvres accompagnées de musiques et de vidéos immersives et accueille près de 1 400 000 visiteurs par an.  

Preuve d'un engouement pour l'immersif, la crise sanitaire n'a d'ailleurs pas fait mentir ces chiffres. Malgré plusieurs mois de fermeture, le niveau de fréquentation de l’Atelier a déjà atteint celui de 2019. Pour les cinéphiles, Dream Factory, premier créateur d’expériences de cinéma immersif en France, est né en avril 2020 d’une volonté de plonger les spectateurs dans un univers fictionnel. La start-up crée un moment hors du temps : 4 heures d’immersion dans le décor d’un film, dans un lieu tenu secret de 1 000 mètres carrés, avec des acteurs et des restaurants thématisés. Pour sa première expérience, Dream Factory nous plonge dans l’univers de Terminator 2. 

Des enjeux techniques propres à l’immersif

« Alors qu’une exposition classique rencontre des problèmes de transport d’œuvres et de logistique, la réussite d’une exposition immersive dépend de nombreux savoir-faire technologiques et audiovisuels » confie le directeur de l’Atelier des Lumières. En amont, il faut négocier avec les ayants droits, numériser les œuvres en haute définition et créer des dispositifs pour les protéger du piratage. Une nouvelle thématique nécessite environ une année de préparation.  

Pour Dream Factory, l’immersif s’applique à différents niveaux : les décors et l’ambiance du film doivent être parfaitement reproduits. Les acteurs donnent vie à l’histoire en reconstituant des scènes cultes. En parallèle, des technologies immersives sollicitent tous nos sens grâce à l’ambiance sonore, aux odeurs, au toucher et aux effets de lumière. La création d’une expérience est un gros chantier qui demande 6 à 8 mois de préparation et un budget de 1 à 2 millions d’euros. « Nous réalisons aussi des plus petits dispositifs, pour des sorties de films ou des lancements de jeux par exemple », précise Tristan Desplechin, co-fondateur de la start-up. 

S’exporter « avant qu’il ne soit trop tard »  

Klimt, Dali, Monet, Renoir… l’Atelier des Lumières fait renaître les chefs-d'œuvre de la peinture grâce à des technologies immersives. Pour cela, le directeur insiste sur le travail de création et l’investissement technologique considérable : « on réalise un investissement très important pour que les gens soient époustouflés ». Le principal défi de Culturespaces est aujourd’hui de prendre le tournant de l’international « avant qu’il ne soit trop tard ». De nombreuses initiatives d’expositions immersives temporaires se développent dans le monde. Seulement, faute de ressources et de savoir-faire suffisants, ces expériences sont souvent chères et décevantes, d’après Jacques de Tarragon. Culturespaces doit donc accroître sa notoriété en exportant ses expériences à l’international avant que l’immersif n’y soit décrédibilisé. 

Au-delà de la demande du grand public qui cherche à vivre de nouvelles expériences culturelles, à interagir avec de nouvelles technologies il existe aussi une réelle opportunité B2B, selon Tristan Desplechin, pour des séminaires ou des évènements. « Les entreprises se rendent compte de l’effet fédérateur de telles expériences ». Dream Factory cherche également à démocratiser le cinéma immersif en proposant des prix abordables, grâce aux aides de l’Etat et la possible inclusion de leur offre dans le Pass Culture. La start-up travaille également en lien avec les villes et les écoles pour sensibiliser le public à ces nouvelles formes de culture.