Davos : 4 choses à retenir de la 54e édition du Forum économique mondial

Intelligence artificielle, taux d’intérêts, climat, investissements européens... Voici ce qu’il faut retenir du Forum de Davos (Suisse) qui s’est tenu du 15 au 19 janvier 2024.
 

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Sam Altman, cofondateur et PDG d’Open AI (créateur de Chat GPT)
Sam Altman, cofondateur et PDG d’Open AI, créateur de Chat GPT

« Rebâtir la confiance et améliorer l’état du Monde », telles étaient les ambitions du dernier Forum économique mondial (FEM) qui s’est tenu à Davos (Suisse), comme chaque année depuis 1971. Cet événement a rassemblé, une nouvelle fois, des leaders mondiaux issus du secteur public, du privé, de la société civile, ainsi que du monde universitaire.  
 
Depuis son origine, l'objectif du Forum économique mondial est de créer une plateforme où les principaux décideurs de la planète peuvent discuter des enjeux économiques, sociaux, politiques et environnementaux les plus importants de l’époque. Les participants ont, cette année encore, abordés des sujets tels que la croissance économique mondiale, l'équité sociale, l'innovation technologique, le changement climatique et la gouvernance mondiale. Voici les 4 choses à retenir de Davos 2024.  

L’IA au cœur de Davos 2024 

Symbole de la recherche de solutions novatrices pour promouvoir le bien commun à l'échelle mondiale, le FEM s’est forcément longuement attardé sur l’intelligence artificielle. Nouveau booster des affaires, l’intelligence artificielle promet, entre autres, d’accroître la productivité du travail et de « libérer » les individus de certaines des tâches répétitives et sans valeur ajoutée. Sam Altman, le PDG d'OpenAI, créateur notamment des IA Chat GPT et Dall-E, a donc assisté à Davos 2024 accompagné de plusieurs hauts dirigeants de Microsoft, multinationale ayant contribué au financement de sa société. Superstar du sommet cette année, l’entrepreneur de 38 ans a notamment réagi aux inquiétudes suscitées par l’IA générative. « C’est une technologie très puissante et on ne peut pas dire avec certitude ce qu’il va se passer », a-t-il répondu à la tribune. « Je comprends la nervosité du public à l’égard d’entreprise comme la nôtre. Ne pas être prudent et ne pas saisir la gravité des enjeux serait une erreur. » Sam Altman a voulu convaincre son auditoire en mettant en avant l’exemple des échecs. « Quand une machine a battu Kasparov (Deep Blue, superordinateur conçu par IBM, le 11 mai 1997, NDLR), on a cru que c’en était fini. Pourtant personne ne regarde une partie d’échecs entre deux ordinateurs. Les échecs n’ont d’ailleurs jamais été aussi populaires. » À l’image de l’IA finalement, que ce soit à usage professionnel ou personnel.  

Pour le climat, la planète a besoin d’argent 

Émissaire des États-Unis pour le climat, John Kerry, a résumé en un mot à Davos ce dont la Terre avait besoin pour contrer le réchauffement climatique : de l’argent. Malgré les 369 milliards de dollars débloqués par les États-Unis au sein de leur plan « Inflation Reduction Act » (IRA), visant notamment à subventionner la fabrication de véhicules électriques et d'autres technologies vertes sur leur sol, l’ancien candidat à la Maison Blanche a insisté sur l'importance du secteur privé. « Le déclic dont nous avons besoin est le déploiement de centaines de milliards de dollars à la recherche de bons investissements, mais surtout rentables », a-t-il affirmé. Auparavant, John Kerry avait déclaré que pour rester sous la barre des 1,5 °C de réchauffement, il faudrait « de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent, de l’argent. » Par ailleurs, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a alerté sur le fait que « verdir les pays industrialisés » n’était pas suffisant, auquel cas nous serions « tous cuits » dans un futur proche. 

Des taux d’intérêt à la baisse dès cet été ? 

Dans un entretien donné à Bloomberg Television, en direct de Davos, Christine Lagarde, interrogée sur l'hypothèse d’une baisse des taux d'ici l'été prochain, a réalisé l’une des sorties médiatiques de la semaine. « Je dirais que c'est probable », a déclaré l’ancienne directrice générale du FMI, aujourd’hui présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE). Afin de lutter contre l'inflation, accentuée par la hausse des prix de l'énergie au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la BCE s'était lancée il y a deux ans dans un cycle inédit de relèvement des taux d'intérêt. Elle a relevé ces derniers une dizaine de fois, passant de 0 % début 2022 à 4,75 % en 2023. Par ailleurs, Christine Lagarde a estimé que « la consommation, partout dans le monde et pas uniquement dans la zone euro, reste une importante force de croissance mais les vents favorables dont on a profité sont progressivement en train de disparaître. » Une façon pour elle de mettre en garde sur le fait que les décisions de la BCE dépendraient fortement des dernières données économiques à disposition d’ici l’été prochain.  

La France pousse pour des emprunts européens 

Emmanuel Macron, invité le mercredi 17 janvier du Forum économique mondial, a appelé les Européens à émettre à nouveau de la dette commune, comme lors de la pandémie de Covid-19. Le président français souhaite que les plus grands pays investissent dans « de grandes priorités d’avenir », notamment l’intelligence artificielle et le verdissement de l’industrie. Il a également plaidé pour une « coopération renforcée » afin d’approfondir l’union des marchés de capitaux. « Il faut plus d’investissements publics européens, peut-être en osant à nouveau des eurobonds », a-t-il déclaré dans son discours à la tribune. « Il y a une formidable accélération des innovations, il y a une accélération de tous les agendas. Et l’Europe est face à de très grandes difficultés dans cette réorganisation du monde », a ajouté Emmanuel Macron. 

Simon NAPIERALA
Simon Napierala Redacteur web