Maxime Blondeau : une vision évolutionnaire de l’écologie

Maxime Blondeau est le précurseur d’une pensée verte novatrice dans laquelle « technologies » et « territoires » sont indissociables. Cette approche singulière, qui s'est construite au fil d’un parcours atypique, rassemble aujourd’hui 100 000 personnes sur les réseaux sociaux. Focus sur une autre manière de penser l'écologie.

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Maxime Blondeau

« Les entreprises sont aujourd’hui déconnectées de leur territoire biologique et géographique, c’est là notre principal enjeu ». Entrepreneur, conférencier et enseignant, Maxime Blondeau jongle entre ses multiples casquettes pour faire entendre une vision nouvelle des dérèglements écologiques, au sein de laquelle il redéfinit de fond en comble notre manière de comprendre « le territoire », de le visualiser, de le représenter. Cette pensée novatrice, fondée sur la cosmographie [la représentation des territoires grâce aux cartes notamment, NDLR], invite chacun à conscientiser le lien de cause à effet entre les technologies et notre attention d’un côté et l’écologie et les territoires de l’autre.  

« Changer de cap pour ne pas passer à côté de l’Histoire »

En 2014, Maxime Blondeau a 29 ans et s’apprête à se reconnecter avec la réalité. Il travaille dans le secteur du conseil en ressources humaines et fait un premier constat. Il sent que « sous l'effet des transformations numériques s’opère une révolution colossale » Cette observation va petit à petit l’amener à s’interroger sur le monde, l’économie et la société et l’amener à construire les prémisses de sa pensée de l'écologie, qu’il considère indissociable de la question de la gouvernance technologique.  

Alors qu’il se questionne encore sur le chemin à prendre, la Cop21 de Paris et les attentats du 13 novembre surviennent au même moment. Ces évènements le bouleversent et le convainquent définitivement d’agir et de s’orienter vers un parcours en adéquation avec les évolutions qui ont lieu autour de lui : « C'était une véritable gifle. Au même moment, les attentats et l'énergie de la Cop21, je sentais qu'il se passait quelque chose. J'ai démissionné le lendemain du drame et j'ai commencé à poser les bases de mon engagement pour les dix années qui ont suivi. »  

Maxime Blondeau prend alors ses quartiers chez Spintank, une entreprise qui travaille sur les enjeux de transformation de la société liées au numérique, puis il donne son premier cours d’anthropologie à Sciences Po, intitulé : Nouvelles intelligences à l'ère du numérique. Nous sommes en 2016.  Ces activités lui permettent de confirmer son intuition : « Le numérique est intrinsèquement lié à l'écologie notamment à travers l'idée d'écologie de l'attention".».  

Transformer les entreprises de l'intérieur avec le Printemps Écologique  

C’est avec cette idée en tête que Maxime Blondeau co-fonde le Printemps Écologique en 2020, une fédération de syndicats qui vise à intégrer les enjeux écologiques et technologiques dans le cadre des négociations collectives, au cœur des entreprises. Pour le jeune entrepreneur, il est devenu crucial d’ouvrir de nouveaux champs de dialogue et de transformer les entreprises de l’intérieur.  

Loin de vouloir s'arrêter là, il co-fonde la coopérative Sailcoop, société de transport de passagers en voilier courant 2021, suite à son emménagement en Bretagne.   

A partir de mai 2022, il décide de faire entendre son message et d’utiliser LinkedIn pour publier des contenus mettant en avant ses idées sur le territoire et la technologie. Son approche de l’écologie, fondée sur les cartes et la cosmographie, visant à réconcilier lucidité et confiance, séduit rapidement et il devient en 2023 le compte LinkedIn le plus actif de France.

La cosmographie au service des territoires

Pour cet entrepreneur d’un nouveau genre, si la technologie est indissociable de l'écologie, c'est surtout parce que notre perception des territoires est altérée par ses évolutions. « Nous ne sommes plus habitués à nous représenter le territoire, ni à comprendre son fonctionnement et l'impact de l'exploitation des ressources » confie-t-il. Pour pallier ce problème, Maxime Blondeau, passionné de cartographie, propose de conscientiser les transformations de nos territoires, en les représentant graphiquement, sous la forme de photos, d’infographies ou de cartes. C'est ce qu'il appelle la cosmographie. Ainsi, il cherche à responsabiliser les individus et les entreprises quant à leurs activités sur les territoires. Le territoire de l’humanité ne doit plus être perçu comme infini et à soumettre. Avec la crise écologique, la mondialisation et l’accélération de notre puissance technique, il doit être perçu comme complexe, interdépendant et avec des limites. 

Et si cette prise de conscience est résolument nouvelle, pour Maxime Blondeau, elle n’est pas encore intégrée : « La révolution du Néolithique, qui s'est produite il y a 12 000 ans, nous a conduits à penser le territoire comme une ressource à exploiter. Cette vision est toujours d’actualité. Nous sommes encore dans cette même dynamique de détruire pour survivre, tout comme au Néolithique. La seule différence, c'est que de nos jours, nous avons une puissance technique, technologique, numérique telle que nous avons le pouvoir de transformer le monde, de le dérégler ou de le soigner. » 

En mars 2023, l’école des Mines de Paris lui demande de concevoir un parcours de trois jours à destination des hauts fonctionnaires, Préfets et services du premier ministre. Ce parcours est intitulé «Territoire, Energie, Climat », il interroge la façon dont le territoire est représenté dans les politiques publiques. 

C'est l'idée d'une évolution vers une nouvelle ère écologique, vers une représentation nouvelle des territoires et une responsabilisation de l'exploitation des ressources que défend Maxime Blondeau au travers de ses diverses activités, qu'il n'a d'ailleurs pas fini d'étendre. Aujourd’hui, il enseigne toujours, son cours est intitulé « La Programmation du monde» (en accès libre sur son site). Des projets audiovisuels et d'écriture sont en cours de production, pour faire entendre davantage sa pensée moderne de l’écologie, de notre rapport au territoire et de l’attention que nous prêtons au monde.

Gwendeline Jerad

Gwendeline JERAD

Rédacteur web