Deeptech : portrait de Claude Grison, l’écochimiste qui dépollue les sols grâce aux plantes

Pionnière de l’écocatalyse, une nouvelle approche scientifique combinant écologie et chimie, Claude Grison a reçu en juin dernier le Prix de l’inventeur européen de l’Office européen des brevets. Portrait d’une chercheuse-entrepreneure qui compte bien dépolluer nos sols grâce aux plantes.

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claude grison

« Je ne veux pas être une simple chercheuse, je veux être une chercheuse citoyenne et que ma recherche soit utile », a déclaré en juin dernier Claude Grison, directrice du laboratoire ChimEco et chercheuse au CNRS à l’occasion de la remise du prix de l’Office européen des brevets (OEB).   
Un évènement durant lequel la sexagénaire, également à la tête de la deeptech BioInspir, s’est vue récompensée par le prix de l’inventeur européen. Une reconnaissance qui vient saluer plus de 15 ans de recherches sur des méthodes d’extraction des métaux issus de plantes dépolluantes. « Ce prix est une reconnaissance des valeurs que je défends pour l’écologie scientifique », affirme Claude Grison.  

Quand chimie rime avec écologie 

Passionnée depuis toujours par la nature et les possibilités qu’elle offre à l’Homme, Claude Grison devient, après des études sur la chimie du vivant, maître de conférences au sein de l’université Henri-Poincaré de Nancy. Dans les années 1990, elle est alors l’une des plus jeunes femmes à occuper ce poste. En 2003, elle devient co-directrice du Laboratoire de Chimie Organique Biomoléculaire à Montpellier, et connaît rapidement le succès dans le domaine de la chimie du vivant, en découvrant en 2005 le fonctionnement d’une enzyme jouant un rôle important dans la résistance bactérienne aux antibiotiques.
Mais alors qu’elle travaille sur la résistance des bactéries aux antibiotiques, les groupes pharmaceutiques se montrent frileux à l’idée de développer ses découvertes. « Cette déception a eu l’effet d’une sonnette d’alarme », admet-elle. Comment être utile à la société si ses découvertes ne débouchent sur rien de concret ? 

Le passage à vide sera de courte durée. En 2007, des étudiantes de classe préparatoire au lycée Joffre lui demandent s’il est possible de dépolluer des sols avec des plantes « mangeuses de métaux ». « Elles étaient si motivées que je leur ai dit que j’allais les aider ». Si Claude Grison n’y connaît pas grand-chose, sa curiosité naturelle prend le dessus. Elle dévore la littérature scientifique et acquière rapidement la conviction que les métaux accumulés dans les feuilles de certaines plantes pouvaient être extraits et valorisés. Pour approfondir ses recherches, elle s’immerge au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) de Montpellier de 2008 à 2013, avec « l’obsession de trouver une valorisation qui ait du sens ».  

Mois après mois, la chercheuse s’attèle à bâtir des nouveaux ponts entre les disciplines, se penche sur de nouvelles plantes et met au point une technique sobre pour extraire des feuilles mortes tous les métaux qui y sont accumulés. Les éléments métalliques récupérés deviennent alors d’excellents « écocatalyseurs », 100 % biosourcés, utiles aux industries pharmaceutique, cosmétique ou encore à la chimie fine pour produire d’autres molécules. « Au final, nous avons réussi à créer une alliance entre chimie et écologie », se réjouit Claude Grison. Aujourd’hui à la tête de la Deeptech BioInspir (comptant une dizaine de personnes) et des Laboratoires BioProtection, Claude Grison souhaite commercialiser sa production de molécules biosourcées issues d’écocatalyseurs. 

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