6 conseils pour entreprendre sereinement en famille

Rejoindre l’entreprise familiale et inscrire son projet dans l’avenir est une aventure à laquelle nombre d’entrepreneurs songent. Mais avant de passer le cap, il est nécessaire de faire le point sur les bonnes pratiques à mettre en place pour que la société prospère aussi bien que l’entente entre ses membres.

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3 générations : Renald Scemama, Philippe Scemama et Isadora Scemama Copyright Nathalie Oundjian

Qu’elles soient dirigées par la deuxième, la troisième, voire la quatrième génération, toutes ont à cœur de faire perdurer leur savoir-faire et leur ADN. C’est le cas d’Adelya, une entreprise spécialisée dans la distribution de produits et concepts en hygiène professionnelle, qui est aujourd’hui encore pilotée de concert par trois générations : Renald Scemama, fondateur de l’entreprise, son fils Philippe et la fille de ce dernier, Isadora Scemama, qui a rejoint le groupe il y a trois ans. Ensemble, ils reviennent sur les actions à mettre en place (ou pas) pour préserver la société et les membres de la famille.  

Avant de se lancer, faire le point sur les complémentarités de chacun  

Si Adelya a vu le jour sous l’impulsion de Renald Scemama, ses trois enfants : Caroline, Véronique et Philippe mais également sa petite-fille Isadora, ont rapidement rejoint l’aventure en contribuant, selon leurs expertises, au développement du groupe. « Chacun a naturellement trouvé sa place et un champ de responsabilité qui lui est propre. Aujourd’hui, nous pouvons tous nous exprimer selon nos secteurs de prédilection et partager nos compétences. On s’enrichit de nos succès mais aussi de nos échecs », affirme Philippe Scemama, dirigeant opérationnel du groupe.  
Une vision que partage sa fille Isadora, qui représente la troisième génération de l’entreprise. « Travailler auprès de ma famille m’a aussi permis de découvrir d’autres facettes de leurs personnalités. Tous se complètent et forment ensemble un bon mix de rigidité, de souplesse, de bienveillance et d’exigence ». Si pour les Scemama la complémentarité semble avoir été évidente, chacun recommande cependant de veiller à ce que le périmètre d’activités des membres de la famille soit correctement délimité dès le début.  

Adapter ses statuts et son pacte d'associés 

« Là, on est très mauvais élèves ! », reconnait Philippe Scemama. Si l’entreprise a beaucoup évolué depuis sa création en 1988, les trois générations s’accordent à dire que pour les parties statutaires ou organes de gouvernance, cela manque encore de structure. « Les capitaines prennent de l’âge, certains enfants rejoignent le groupe, donc forcément on va devoir remettre à plat les modes de gouvernance, les statuts, les pactes d’actionnaires, et faire en sorte de s’inscrire dans une vraie pérennité. Car si on ne pose pas ces fondations, on peut être amené à rencontrer des problèmes ». En ce sens, l’entreprise a notamment pu travailler sur sa structuration dans le cadre de l’accélérateur Entreprise familiale proposé par Bpifrance.  

Rejoindre l'entreprise par passion plutôt que pour faire plaisir à ses parents  

Loin de subir l’influence de ses aînés, Isadora se souvient même avoir dû batailler pour obtenir des informations sur l’entreprise, tant sa famille ne souhaitait pas trop impliquer la jeune génération. « Ce n’était clairement pas un parcours tout tracé pour moi. Ni mon grand-père ni mon père ne m’ont mis la pression pour que j’intègre Adelya, c’est venu d’une démarche très personnelle. Je pense d’ailleurs qu’on pourrait sensibiliser davantage la jeune génération de la famille à tout ce que fait le groupe. Moi je l’ai découvert en intégrant l’entreprise, mais je suis persuadée que ça peut éveiller des vocations », affirme la directrice générale Adelya Textile Care. 

S’interdire de parler boulot lorsqu’on déjeune en famille  

Ici, les avis divergent ! Pour Renald et Philippe Scemama, distinguer vie professionnelle et personnelle a toujours été une évidence pour préserver les autres membres de la famille et éviter quelques petites querelles ou remarques cinglantes ! « Quand j’ai rejoint mon père, il est vrai qu’au début il nous arrivait de parler un peu trop souvent de l’entreprise à table », se rappelle Philippe Scemama. « Mais par respect pour les conjoints et plus tard, pour les enfants, on a préféré faire la part des choses ».  
Isadora note pourtant que la tentation d’évoquer le sujet reste forte. « Si on s’oblige à ne pas en parler à table, une fois passé la porte de la cuisine, ce n’est plus du tout la même chose ! »  

Chaque projet mené doit convaincre toutes les générations  

« Actuellement, on est dans un mode de partage “maîtrisé” », ironise Philippe Scemama. « Depuis le début de ma collaboration avec mon père, les projets ont toujours été très partagés et c’est ce qu’on est en train de reproduire avec la troisième génération. Mais l’arrivée d’Isadora est encore un peu trop récente pour qu’on puisse vraiment tout partager ». Un process qui semble satisfaire la nouvelle génération puisqu’Isadora avoue apprécier le regard de ses aînés sur les projets qu’elle conduit.

Faire de la jeunesse de ses enfants un atout pour l’entreprise  

« L’arrivée de mes enfants Caroline, Véronique et Philippe dans l’entreprise a été un support qui nous a permis d’aller plus loin, plus vite et d’investir dans notre développement », affirme le chef de famille et fondateur de l’entreprise, Renald Scemama.   
« Faire entrer Isadora dans le groupe a également eu pour effet de rassurer beaucoup de tierces personnes autour de nous, notamment nos collaborateurs, qui y voient un avenir plus sûr et stable », atteste de son côté Philippe Scemama. Même son de cloche du côté des partenaires financiers. « On a vraiment senti un avant et un après Isadora dans la mesure où nos investisseurs voient où va l’entreprise. Quand une génération poursuit le projet familial, ça rassure forcément ».  

  

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Mélanie Bruxer

Rédactrice web