Décarboner, exporter, gagner en souveraineté… les enjeux de la réindustrialisation

À l’occasion de la première journée du salon Global Industrie à Paris Nord-Villepinte, Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, a appelé les industriels à voir grand et exporter, tandis qu’Alexandre Saubot, président de France Industrie, a souligné la nécessité de s’appuyer sur l’Europe pour décarboner et réindustrialiser la France.

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Nicolas Dufourcq GI 2024

Des conférences à Global Industrie, ça ne manque pas. Big média fait le bilan de deux d’entre elles qui ont eu lieu ce lundi 25 mars : 'Industriels, voyez grand !' avec Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, et 'Plus d’Europe pour l’industrie et d’industrie pour l’Europe' avec Alexandre Saubot, Président de France Industrie.

Le redressement de l’industrie devrait entrainer un bénéfice commercial

Il est grand temps de réindustrialiser la France ! Et pour Nicolas Dufourcq, de rattraper notre retard avec la création d’usines nativement vertes et de produits innovants. Il reste à s’en donner les moyens et à passer à la vitesse supérieure. « On a créé 100 000 emplois depuis 2017 dans le secteur industriel. Pour s’aligner au PIB de la France, il va falloir maintenant en créer 600 000, c’est considérable. Il en est de même pour notre valeur ajoutée industrielle, qui augmente de 1 % par an mais qui va devoir croître de 3 à 3,5 % par an », alerte le directeur général de la banque des entrepreneurs.

Pour Nicolas Dufourcq, le redressement de l’industrie est indispensable car il permettra celui du commerce extérieur de la France. « On ne doit jamais se satisfaire d’un déficit commercial quand on est une grande nation industrielle, car c’est notre patrimoine qui fond. Rappelons que la France était excédentaire jusqu’en 2004 ! Les Allemands ont investi stratégiquement en Europe de l’Est, pas nous, on doit à présent rattraper notre retard en réindustrialisant. »

Une Europe souveraine pour décarboner et réindustrialiser

« L’industrie est la cheville ouvrière de la décarbonation », introduit Alexandre Saubot dans sa conférence 'Plus d’Europe pour l’industrie et d’industrie pour l’Europe'. Selon le Président de France Industrie, les projets industriels de décarbonation, quant à eux, ont besoin de l’Europe et de sa capacité de soutien incroyable (usines, hommes, bureaux d’études...)

Pour Alexandre Saubot, avec des risques importants de repli sur soi et de défense des intérêts nationaux, une Europe souveraine doit marquer le pas. « Face à la Chine ou les Etats-Unis, on ne peut pas agir seul ». Mais comment une union de 27 pays, dans un monde en proie à certaines crises, pourrait être capable d’exercer une souveraineté ? « 27 personnes doivent décider, 27 états qui n’ont pas la même histoire, priorité, façon de travailler, niveau d’excellence, agenda… si on n’est pas capable de faire avancer ce système, on n'y arrivera pas. »

Une Europe souveraine, et qui prend des risques... Le Président de France Industrie reprend la récente et fracassante citation du patron de Renault, Luca de Meo : « Les Etats-Unis stimulent, la Chine planifie, l'Europe réglemente ». Une telle vision est claire, l’Europe doit prendre plus de risques. Et par conséquent innover et décarboner. Mais comment réduire les émissions de carbone dans l’industrie ? Pour qui, quand ? « C’est la seule révolution qui ne génère aucun bénéfice client, avec un horizon collectif et lointain. La décarbonation n’est pas tangible comme la machine à vapeur. Mais c’est un formidable défi pour la France et une bonne occasion pour réindustrialiser le pays. »  

Marion Bouche, Rédactrice Web
Marion Bouche Rédactrice Web