Demain : les grandes tendances de l'innovation
- 14 janvier 2021
- Temps de lecture: 5 min
Demain : le dernier kilomètre, une nécessaire mutualisation
Entre occupation de la voirie, congestion et émission de CO2, la question du dernier kilomètre est devenue une problématique à la fois économique, écologique et urbaine dont l’optimisation nécessite une mobilisation de l’ensemble des parties prenantes.

Le dernier kilomètre est responsable d’un quart des émissions de CO2 en ville, de 30 % de la congestion urbaine, et peut représenter jusqu'à la moitié du coût total de la logistique. Comment pallier ces désagréments alors que nombre de livraisons ne cesse d’augmenter ? Pour Rémi Courtois d’Auzac, chargé d’affaires innovation Bpifrance, la solution passe par la mutualisation. « Demain, la mutualisation du dernier kilomètre doit permettre de ne plus le distinguer de la chaîne logistique globale», affirme l’expert Bpifrance après plusieurs mois de travail sur le thème du dernier kilomètre dans le cadre du projet « Demain »*. Aujourd’hui, il casse les idées reçues autour de la question de la livraison urbaine.
La mutualisation, le défi à relever par les acteurs du transport
Il n'existe que très peu de données accessibles sur la livraison du dernier kilomètre.
Vrai
Le secteur est atomisé avec de nombreux acteurs qui sont encore peu digitalisés et une très forte concurrence. Les villes, par exemple, ne peuvent pas connaitre exactement le nombre de flux qui les traversent, le type de véhicule utilisé ou les horaires de livraison. « Elles prennent donc des réglementation "un peu au doigt mouillé" », déplore Rémi Courtois d’Auzac.
Une meilleure connaissance des flux du dernier kilomètre permettrait leur optimisation, tout comme une réglementation plus adaptée et une mutualisation renforcée des livraisons. Ces transformations auraient des effets positifs sur la rentabilité du secteur, sur les nuisances environnementales engendrées et sur la congestion des centres urbains. Pour cela, « on peut imaginer, demain, qu'un tiers de confiance émanant d'un pilotage public rassemble et motive les acteurs privés à partager cette donnée, pour des règlementations plus justes, et permettre aux transporteurs d'optimiser leurs livraisons. », explique le chargé d’affaires Bpifrance.
Les réglementations liées au dernier kilomètre sont les mêmes dans toute la France.
Les acteurs publics vont devoir redéfinir les règles du jeu pour traiter les enjeux posés par le dernier kilomètre. « C'est l'un des objectifs de l'association France Logistique, lancée début 2020, afin d'accompagner et d'aider les collectivités à harmoniser ces règlementations. », ajoute Rémi Courtois d’Auzac.
Le dernier kilomètre est responsable de 25 % des émissions de CO2 en ville.
Vrai
« Il est également responsable 30 % de la congestion en ville », rajoute l’expert. Et si les véhicules électriques existent et sont déployés en ville, ils ne fonctionnent que sur de petites distances. « Le secteur est en attente d'une technologie à venir, comme l'hydrogène pour avoir une flotte 100 % propre ».
Il faut que toutes les parties prenantes aient conscience de l’impact écologique des livraisons. « Nous pourrions ainsi envisager, demain, comme dans le transport de personnes, qu'il y ait le taux de CO2 émis lors de chaque livraison, pour sensibiliser sur ce sujet ». Pour aller plus loin, les acteurs privés de la livraison du dernier kilomètre devront s’engager pleinement dans l’optimisation et la mutualisation de leurs flux. Pour cela, il faudra investir dans la digitalisation des outils de production, partager les données générées, mutualiser leurs capacités (hubs & flottes) et optimiser les tournées. Les acteurs privés devront également proposer des alternatives, comme par exemple la consigne qui permet de massifier les flux et d’éviter les no-show.
2/3 des flux du dernier kilomètre sont liés au B2B.
L'une des solutions à cette problématique est de mutualiser le foncier de stockage. « C'est un des sujets majeurs du dernier kilomètre et il est trop souvent oublié », rapporte l’expert Bpifrance.
Par exemple, la distance entrepôts - Paris a été multipliée par trois en trente ans. Unes des solutions envisagées pour limiter les nuisances est de réhabiliter les surfaces sous utilisées en zone de stockage.
Demain, toutes les livraisons se feront par drone.
Il restera toujours impossible pour un restaurateur ou un commerçant de se faire livrer sa marchandise uniquement par drone. Cependant les drones peuvent avoir une utilité pour des livraison ponctuelles dans des zones difficiles d'accès.

*Portée par Bpifrance, Demain est une démarche collective de réflexion sur neuf enjeux majeurs, autour de l'économie et de l'industrie, et vise à préparer les entreprises aux révolutions en cours.