Mobilier durable : Tizu parie sur le « surcyclage »

Les défis environnementaux et sociétaux sont énormes, mais chacun peut œuvrer à des transformations vertueuses. Aujourd’hui, rencontre avec Paul Flurin, co-fondateur de Tizu - une jeune pousse à impact qui utilise des chutes de bois et des tissus usagés pour les transformer en meubles de qualité.

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Rien ne se perd, tout se transforme. La startup lyonnaise Tizu recycle des chutes de bois et des tissus usagés pour fabriquer des meubles de qualité. Au-delà de l’impact environnemental, elle affiche la volonté de participer à la reconstruction d’une filière industrielle locale. Paul Flurin, son co-fondateur, nous présente le concept.

Le défi : accélérer vers une industrie du meuble circulaire 

Plus de 2 millions de tonnes : c’est la quantité d’éléments d’ameublement (DEA) mis sur le marché chaque année en France, d’après l’Agence de la transition écologique (Ademe). Sur les 860 000 tonnes de DEA collectées, la moitié est recyclée. « Le reste est brûlé », déplore Paul Flurin, co-fondateur de la start-up Tizu, basée à Villeurbanne. Dans le même temps, trop de déchets textiles partent encore à la benne alors qu’ils pourraient connaître une seconde vie. Selon l’organisme de recyclage EcoTLC, seuls 38 % des textiles, linges de maison et chaussures (TLC) sont collectés aujourd’hui. En outre, « le marché reste dominé par le mobilier d’importation, pas toujours transparent sur la provenance des matériaux ». Face à ces constats, le jeune ingénieur s’est lancé le défi de « remettre les déchets dans le circuit de l’industrie du mobilier ».

Ce que fait Tizu pour le relever : des meubles upcyclés « made in France » 

L’idée était en germe depuis longtemps : Paul Flurin et Ludovic Pendaries, deux amis très bricoleurs issus de l’Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon, rêvaient de monter un projet à impact. Tout a commencé avec une première table basse fabriquée à partir de draps usagés, transformés de manière à rehausser la qualité du textile. Une démarche qui s’inscrit dans la tendance baptisée « upcycling » (en français, surcyclage ou recyclage par le haut). « Il s’agit de partir d’un gisement de produits destinés à la destruction et de les revaloriser en créant quelque chose de noble. Cela vaut tant pour les chutes de bois issues des constructions des meubles anciens, qui constituent le plateau de nos tables, que pour les tissus qui les imprègnent », détaille Paul Flurin.

De fait, la jeune entreprise – créée en mars 2020 - a mis au point un procédé de stratification du textile visant à protéger durablement le tissu et en sublimer les couleurs. Pour s’approvisionner en matières premières, elle s’est rapprochée de Minéka, une association lyonnaise qui récupère divers déchets industriels et de déconstruction. « Nous pensons que, tous ensemble – fournisseurs, fabricants et sans doute d’autres acteurs encore – nous pouvons arriver à recréer dans notre pays une filière industrielle d’économie circulaire fondée sur un recyclage qui soit sourcé localement. Il existe une véritable dynamique dans ce sens », résume Paul Flurin.

Ce qu’il reste à faire : multiplier des partenariats 

Pour donner des ailes à sa démarche, la start-up militante entend bien développer des partenariats avec différents organismes, notamment de collecte. Son concept de mobilier original et durable, tout en étant accessible en termes de prix, semble d’ores et déjà séduire. « Nous avons vendu 25 tables depuis le lancement de l’industrialisation. Beaucoup de personnes manifestent leur intérêt. Nous avons également été sollicités pour de la sous-traitance », affirme Paul Flurin. Reste à concrétiser l’ensemble de ces projets pour, espère-t-il, croître rapidement.