Atypikoo, l’application de rencontre pour les neuro-atypiques

Les qualificatifs des personnes neuro-atypiques ont pris une place considérable ces dernières années dans le vocabulaire des Français. Créé en 2019, Atypikoo est un réseau social de rencontres exclusivement dédié à ces profils atypiques. Portrait d’une start-up inclusive. 

Atypikoo
Atypikoo, l'application pour les neuro-atypiques

HPI, DYS, TDAH, TSA … ces acronymes ne vous parlent pas ? Et pourtant ils vous qualifient peut-être… Hyperactif, haut potentiel intellectuel, dyslexique, trouble du spectre de l’autisme, nous sommes nombreux à faire partie du grand cercle des neuro-atypiques. Si vous croyez en l’adage ‘qui se ressemble s’assemble’, vous comprendrez l’envie créatrice qu’a eu David Boudjenah de lancer Atypikoo en mai 2019 à Limoges, rejoint ensuite par sa compagne et un développeur informatique. Ce réseau social de rencontres dédié aux personnes atypiques et neuro-atypiques, a soufflé en mai 2024 ses cinq bougies ! « Quand j'ai créé Atypikoo, c’était le premier réseau social s'adressant à cette cible spécifique. Depuis, le sujet est devenu à la mode et plusieurs plateformes se sont créées en Angleterre et aux Etats-Unis, dont un spécifiquement dédié aux autistes », introduit David Boudjenah. 

Une initiative pour ‘dater’, mais aussi pour se rassembler entre neuro-atypiques, et mieux se connaître soi-même

Atypikoo, c’est une application de rencontre telle que l’on peut s’imaginer. En effet, elle permet de se créer un profil, de sélectionner celui d’inconnus pour discuter en ligne, avant de se rencontrer physiquement. Atypikoo fonctionne sur un business model freemium, en proposant des formules d'abonnement pour accéder à toutes les fonctionnalités. Une application de rencontre classique, donc. Mais ce n’est pas tout ! La start-up propose également, via un site internet, des articles à lire sur les neuro-atypiques, des tests à réaliser, ainsi que la possibilité d’organiser des événements pour la communauté. Ces rassemblements sont organisés par les membres eux-mêmes et permettent des rencontres entre neuro-atypiques de manière simple et gratuite. « Plus de 3.000 événements ont été créés depuis 2021, avec plus de 10.000 participants, dans des bars, pour des sorties karaoké, musées, pique-niques, randonnées, cercles de lecture, et même des séjours au ski ! » liste David Boudjenah. Les organisateurs réguliers deviennent ‘ambassadeurs’ d’Atypikoo, et échangent avec les dirigeants sur les axes d’amélioration possibles. « On s'est rendu à deux événements et rencontré pas mal de membres, ça marche bien », complète le créateur. Les événements et les articles à lire, disponibles aujourd’hui seulement via le site, seront intégrés dans la prochaine version de l'application, qui sera prête dans les mois à venir. 

Favoriser les rencontres est une corde à l’arc d’Atypikoo. Mais la jeune pousse en possède d’autres. Elle a aussi pour objectif d’aider les neuro-atypiques à mettre un mot sur leur particularité. « Beaucoup de gens ne savent pas qu’ils le sont et ça peut leur poser des problèmes. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ont un fonctionnement à part. Et lorsqu’ils le découvrent, tout s'explique, leurs comportements, leurs difficultés… », explique David Boudjenah. Pour les aider dans ce sens, la start-up a élaboré un test d'auto-évaluation qui permet à toute personne curieuse d’établir un bilan global de son neuro-fonctionnement, puis de se situer sur le spectre de la neuro-divergence. « Notre but est de donner un premier avis, puis d’orienter la personne vers un de nos 500 professionnel de santé agréés dans le but de réaliser un bilan officiel. On vise le référencement de tous les professionnels ayant des spécialités dans le domaine du neuro-atypisme. » Un outil gratuit qui sera disponible sur le site d’Atypikoo courant juin 2024. David Boudjenah et sa compagne ont réalisé ce test à partir d’études scientifiques. « On a fait aussi des formations pour bien maîtriser le sujet, ajoute le dirigeant, On fait très attention à donner des informations justes, car aujourd’hui on raconte tout et n'importe quoi sur les neuro-atypiques, notamment au sujet des HPI (Haut Potentiel Intellectuel). » Le nouveau test permettra également de faire le distinguo entre une sensibilité ponctuelle développée à cause d’une dépression, une sensibilité émotionnelle ou sensorielle, et une neuro-atypie.

Atypikoo regroupe beaucoup d'hypersensibles et de HPI

« Quand deux neuro-atypiques se rencontrent, quelque chose se crée, une connexion. Ces personnes viennent chercher sur Atypikoo quelque chose qu'elles ne trouvent pas dans leur vie, des échanges stimulants. », décrypte David Boudjenah. Parmi les membres d’Atypikoo, on retrouve une majorité d’hypersensibles, car cette particularité touche, selon le dirigeant, 20 à 30 % de la population. L’application regroupe également beaucoup d’HPI. « On a vraiment cette volonté d'avoir un réseau inclusif en s’adressant à tous les profils neuro-atypiques quels qu'ils soient. » En ce qui concerne les tranches d’âge, près d’un tiers des membres de la start-up ont entre 35 et 44 ans, seulement 10 % ont plus de 55 ans et moins de 10 % ont moins de 24 ans. Dernière particularité de cette application de rencontres ? 60% des inscrits sont des inscrites ! 

Aujourd’hui, pour son créateur, Atypikoo rencontre le succès escompté. « On a un membre qui nous a écrit la semaine dernière pour nous dire qu'il se mariait en 2025. On a aussi rencontré un couple qui a eu un bébé l'année dernière, ça nous a beaucoup touché. » L’entrepreneur souhaite devenir le nouveau Meetic des neuro-atypiques, et a des envies d’ailleurs : « On vise un développement à l'étranger pour 2025. On a déjà des membres dans plusieurs pays, il nous reste à traduire le site, faire de la communication pour être prêt ! On aura sûrement besoin de recruter quelques personnes et d’un peu de fonds. » Après s’être lancé en 2019 grâce à une bourse de Bpifrance, le prêt d’un incubateur mais sans investisseurs, Atypikoo a maintenant le souhait de lever des fonds pour se développer plus vite et plus loin. 

Marion Bouche, Rédactrice Web

Marion Bouche

Rédactrice Web