TEE : comment Alexandra Dumont Nubery a réalisé la transition de son entreprise de métallurgie

Alexandra Dumont Nubery, directrice générale de LeBronze Alloys, une entreprise française de métallurgie, partage son expérience et sa vision de la TEE dans l’industrie. 

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TEE : comment Alexandra Dumont Nubery a réalisé la transition de son entreprise de métallurgie

« À titre personnel, j’ai toujours été convaincue du rôle structurant que les entreprises peuvent jouer pour limiter le réchauffement climatique », déclare d’emblée Alexandra Dumont Nubery, directrice générale de LeBronze Alloys, une entreprise française de métallurgie, spécialisée dans la fabrication d’alliage de cuivre et de nickel. La dirigeante décide alors d’enclencher la transition énergétique et écologique de son entreprise. « Pour nous, ce n’est pas un aspect réglementaire mais une véritable conviction d’enjeu sociétal », ajoute la jeune femme. Rencontre.  

Big média : Quelles sont vos motivations et les stratégies mises en place dans le cadre de votre TEE ? 

Alexandra Dumont Nubery : Nous sommes aujourd’hui engagés dans une trajectoire bas-carbone compatible 1,5° et validée par SBTI (Science Based Targets Initiative). Pour cela, nous avons procédé en plusieurs étapes. La première fut celle du diagnostic. Nous avons fait appel à Bpifrance pour réaliser un Diag Éco-Flux suivi d’une démarche « ACT pas à pas » proposée par l’ADEME. Nous avons pu établir un état des lieux précis de nos actions et des futurs leviers à mettre en place. Ces bilans nous ont permis de mettre en lumière les actions à prioriser. La deuxième étape consiste à mettre en place des actions concrètes. Et nous sommes déjà en avance sur nos objectifs : réduire nos émissions SCOPE 1 et 2 de 50 % et nos émissions SCOPE 3 de 25 %, à horizon 2030. Un exemple concret est de prioriser l’utilisation de métaux recyclés dans la production. 

« Le combo gagnant pour entamer la démarche TEE : l’envie de bouger, le collectif et partir sur un projet à impact mais accessible » 

BM : La TEE influence considérablement les modèles d’affaires actuels. Comment votre groupe évolue-t-il et s’adapte-t-il ?  

ADN : Leader mondial de la métallurgie des cuivreux, il nous semblait cohérent de l’être également en matière de RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Nous nous assurons d’impliquer tous nos collaborateurs. Pour cela, nous structurons nos jalons à travers plusieurs certifications ISO qui donnent une ligne directrice à nos salariés et les engagent. Ensuite, nous tentons d’apporter des solutions à nos clients à travers deux leviers. Le premier est de leur proposer des produits innovants autour de la TEE (des alliages plus conducteurs qui demanderont donc moins de matière, plus de nickel recyclé dans les batteries…) La seconde, plus subtile, est d’anticiper leurs besoins. Par exemple, sans que cela soit obligatoire, nous sommes capables de livrer à nos clients des facteurs d’émission de CO2 auditables. 

BM : Parlez-nous de votre nouveau projet Upcycling. 

ADN : Le Groupe a lancé le projet Upcycling en 2021. Concrètement, nous avons créé un atelier pour répondre à deux besoins. Le premier est de pouvoir traiter nos propres déchets de fonderie. Aujourd’hui, ce sont donc 100 % de ces déchets qui sont traités pour être recyclés. Auparavant, nous les revendions. Désormais, nous gérons la chaîne de recyclage nous-mêmes à froid, donc avec une faible consommation d’énergie, et réutilisons cette nouvelle matière première. Pour 1 000 tonnes de déchets, nous recréons 500 tonnes que nous n’avons plus besoin d’acheter en externe. Le second est de pouvoir récupérer des alliages de cuivre considérés comme des résidus chez nos clients ou chez les recycleurs qui n’auraient précédemment pas pu être intégrés à nos fonderies. Le projet Upcycling est un gain à la fois financier et RSE à fort impact. Recycler des métaux s’avère être 200 fois moins émetteur de CO2 que de les extraire de la mine. 

BM : Entamer sa transition, développer de nouveaux modèles d’affaires, le changement peut décourager certains dirigeants. Que pourriez-vous dire pour convaincre et rassurer les plus réticents ?  

ADN : Aujourd’hui, toutes les entreprises sont capables de gérer un projet, quel qu’il soit. Amorcer une démarche de TEE est accessible à tous. Il faut faire confiance à l’intelligence collective et s’entourer des bonnes personnes pour être bien accompagné dans le projet. Il y a une réelle dimension positive quand il s’agit de faire monter les collaborateurs dans ce type de projet. Qui plus est, développer une démarche de transition c’est aussi et surtout progresser par rapport à une situation initiale. Le combo gagnant pour entamer la démarche : l’envie de bouger, le collectif et partir sur un projet à impact mais accessible. Cela ne peut que fonctionner. Lorsque nous nous sommes lancés, la marche semblait haute. Aujourd’hui, après avoir reçu la médaille de bronze et celle d’argent, nous sommes fiers d’être médaillés d’or chez EcoVadis. Grâce à elle, nous avons rejoint le cercle fermé des 5 % d’entreprises récompensées. Nous visons désormais la médaille Platine et ses 1 % distingués ! 

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Julie Lepretre

Julie Lepretre

Rédactrice web