Wecandoo rend l'artisanat accessible à tous
Wecandoo souhaite être un pont entre le grand public et l’artisanat. A travers des ateliers en immersion, le temps d’un instant, l’entreprise a pour ambition de valoriser le travail manuel et pourquoi pas de créer des vocations.
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- Île-de-France
- 17 avril 2023
- Temps de lecture: 5 min

Modeler un vase en céramique, réaliser son pain, ou encore brasser sa propre bière artisanale. Depuis 2017, Wecandoo propose au grand public d’enfiler son tablier en participant à des ateliers d’artisanat. Sur le site, 2 000 métiers y sont référencés avec des expériences coconstruites avec la plateforme. Edouard Eyglunent, cofondateur de Wecandoo affirme vouloir « reconnecter les consommateurs avec les producteurs » et apporter un regard neuf sur le travail manuel, aussi bien en France qu’à l’étranger.
« Nous voulons être des partenaires pour les artisans et pas seulement une plateforme de distribution »
Rendre à l’artisanat ses lettres de noblesse. Dès l’origine du projet, Edouard Eyglunent et ses associés, tous les trois passionnés d’artisanat, souhaitaient redorer l’image d’un secteur vieux comme le monde « On voulait surtout s’attaquer à la problématique de la perception prix. Beaucoup estiment que le travail des artisans coûte trop cher, mais cela s’explique surtout par une méconnaissance du secteur ». En proposant des immersions au cœur des ateliers, l’objectif est d’en apprendre plus sur le quotidien d’un travailleur manuel et de se rendre compte de la valeur d’un produit. Pour démocratiser et mettre en lumière ce corps de métiers, les entrepreneurs ont d’abord pensé à lancer une agence de communication destinée aux artisans. Rapidement, la volonté de créer une plateforme digitale est apparue comme étant la meilleure solution pour toucher le plus grand nombre. « C’était aussi un moyen de digitaliser un peu plus un secteur qui, historiquement, ne l’est pas forcément ».
Si l’entreprise fonctionne à la commission en prenant 20 % sur chaque réservation, les trois cofondateurs ont à cœur d’accompagner les artisans dans la confection et la diffusion d’ateliers imaginés sur-mesure. « Une fois qu’on a cocréé l’offre, on la met en musique avec du texte, des photos et de la vidéo. Nous voulons être des partenaires pour les artisans et pas seulement une plateforme de distribution », affirme Edouard Eyglunent. Cette visibilité permet aux travailleurs manuels de toucher une nouvelle cible et ainsi percevoir des revenus supplémentaires.
Pour plaire et attirer une audience toujours plus large, Wecandoo adopte une stratégie par cas d’usage. Chaque offre est pensée pour répondre à différentes situations comme un enterrement de vie de garçon ou de jeune fille, un week-end en Normandie ou encore un cadeau à offrir à sa belle-mère. « On cherche à remettre l’artisanat dans le quotidien des gens. Au lieu d’aller au restaurant, on veut les inciter à aller fabriquer du pain entre potes », déclare le cofondateur.
Promouvoir l’artisanat, la raison d’être de Wecandoo
A travers ces ateliers, l’ambition est aussi de créer des vocations. « En participant à des ateliers, des clients sont devenus artisans et proposent désormais leurs propres cours sur Wecandoo », assure le dirigeant. En quête de sens, nombreuses sont les personnes qui se lancent dans un travail manuel après une carrière de cadre, par exemple. « On le voit dans les immatriculations d’entreprises artisanales où près de 50 % d’entre elles sont faites par des personnes qui se reconvertissent ». Edouard Eyglunent souligne que ces néo-artisans participent à la notoriété du secteur. « Ils ont été séduit par un métier qui les a toujours fait rêver. Ils ressentent donc le besoin d’en parler et d’en faire la promotion. Ils ont la langue bien plus pendue que ceux qui font ça depuis toujours ».
L’entrepreneur, en contact constant avec des artisans, avoue lui-même en plaisantant vouloir se reconvertir tous les six mois. Il souhaiterait d’ailleurs que sa plateforme affirme sa position de premier pas vers la reconversion. « Aujourd’hui on a pratiquement 200 ateliers qui se déroulent sur plus d’un week-end et qui permettent de se faire une idée précise du travail manuel. On aimerait faire plus en proposant des formations certifiés CPF, mais on ne s’est jamais lancé dans cette partie administrative. Nous sommes en train de voir comment trouver la bonne formule ».
Si certains se rêvent en céramiste ou joailliers au cours de leur vie professionnelle, la startup souhaite également attirer ceux qui ne sont pas encore entrés sur le marché du travail. Récemment, l’entreprise a signé un partenariat avec le Pass culture. Plus de 700 ateliers, visites et rencontres sur tout le territoire y sont inclus pour rendre les métiers d’art accessibles aux plus jeunes. « On établit également des partenariats pour réaliser des ateliers directement dans les collèges », souligne Edouard Eyglunent.
Communiquer auprès de nouvelles cibles à travers de nouvelles offres et destinations
Pour toucher le plus grand nombre, Wecandoo a tout de suite eu la volonté de s’implanter sur l’ensemble du territoire. « Au départ, on voulait proposer un atelier à moins de 50 km de tous les français ». Si l’objectif fixé s’est avéré être mission impossible, l’entreprise a néanmoins réussi le pari de proposer des ateliers partout en France, y compris dans des zones reculées. « Aujourd’hui on retrouve des ateliers dans près de 500 petites communes et dans toutes les grandes villes françaises ». Après avoir conquis le public français, l’entreprise souhaite désormais attirer un public étranger, en proposant des cas d’usage adaptés aux touristes et en anglais. Depuis 2022, la société a également lancé des activités en Europe, notamment à Bruxelles et à Amsterdam. Après une première année réussie, Wecandoo s’attaque désormais au marché anglais. « Début juin, nous proposerons entre 80 et 100 ateliers au Royaume-Uni. C’est pour nous un test décisif pour décliner le modèle ailleurs dans le monde », explique Edouard Eyglunent.
En parallèle de cette internationalisation, l’entreprise travaille sur une offre événementielle à destination du BtoB et des groupes. Si Wecandoo s’adresse déjà à cette cible, la société est en train de revoir son modèle. « Jusque-là nous fonctionnions sur cette partie comme une agence. Désormais nous souhaitons créer une plateforme de réservation en ligne et façonner le « Privateaser » de l’expérience artisanale ». L’entreprise, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros en 2022, a pour ambition de le doubler chaque année. « L’artisanat est un monde, il y a encore plein de belles choses à réaliser », conclut l’entrepreneur.