Se reconvertir avec son conjoint : le changement de vie de Manon Hubert et Florian Jegat, fondateurs de l’épicerie Bocalie

Initialement comptable et ingénieur, Manon Hubert et Florian Jegat ont décidé de quitter leur travail pour se lancer dans le bio avec leur épicerie vrac : Bocalie. Entrepreneur officiellement depuis plus d’une année à Angers, le couple revient sur son adaptation au monde de l’entrepreneuriat.  

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Bocalie

« Nous avions envie de faire de nos convictions personnelles notre travail. » Florian Jegat et Manon Hubert ont tous les deux décidé de stopper leur expérience dans le monde du salariat pour entrer dans celui de l’entrepreneuriat. Si l’idée trainait déjà dans les têtes du couple depuis plusieurs mois, il fallait cependant que ce projet ait du sens. « L’écologie a toujours occupé une place importante dans nos vies, raconte l’ancienne comptable.  Mais à nos échelles respectives on ne pouvait pas directement avoir un impact positif sur l’environnement. » Pour le faire, Florian et Manon développent à Angers, une épicerie vrac bio : Bocalie. Plus d’un an après le lancement de l’enseigne, le couple revient avec Big média sur son quotidien d'entrepreneur

Big Média : Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter le monde du salariat pour celui de l’entrepreneuriat ?  

Florian Jegat : Nous avons toujours eu envie d’entreprendre, de devenir notre propre patron et d’être seuls décisionnaires. Il était également essentiel pour nous de nous reconvertir dans un métier qui ait du sens. Certes, nos jobs respectifs en avaient, mais il était malgré tout difficile de trouver une corrélation entre notre vie pro et l’impact que cela générait sur l’environnement.   

Manon Hubert : Pour ma part, je ne quitte pas totalement l’univers de la comptabilité. Au contraire même ! Tout ce que j’ai pratiqué auparavant me sert aujourd’hui pour Bocalie. Mais comme l’a dit Florian, nous ressentions la nécessité d’être libres. Désormais, nous avons le luxe de pouvoir moduler nos journées, même si on ne compte pas nos heures en réalité ! 

BM : Comment vous êtes-vous préparé à ce changement de vie ?  

FJ : La préparation a été la clé ! D’abord, il y a eu l’étude de marché qui nous a permis de poser les bases. Ensuite, nous avons créé un sondage pour savoir quelle ville du Grand Ouest était la plus appropriée pour accueillir un projet comme le nôtre. À la suite de cette enquête, nous avons opté pour Angers. Nous avons rapidement, été séduits par l’énergie de la ville et notamment par la rue Saumuroise qui regorge de commerces de proximités.  

MH : Le seul “petit” hic que nous avons rencontré pendant notre lancement, c’est le prolongement des travaux dans notre nouveau quartier. Initialement ça ne devait durer que six mois et finalement ça a pris un an. C’est déjà assez compliqué de se faire connaître quand on s’installe dans une nouvelle ville, mais imaginez ce que c’est quand la rue de votre enseigne est inaccessible. Maintenant, il faut faire avec le retard de la première année mais nous sommes malgré tout très confiants. 

“Aujourd’hui les ventes de l’épicerie sont supérieures à nos estimations initiales” 

BM : Quels autres types d’aléas avez-vous rencontrés lors de votre lancement ?  

MH : Comme beaucoup d’autres, je pense qu’au départ nous n’avions pas du tout prévu qu’il y aurait autant d’investissements additionnels à faire. La BGE et la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) nous avaient pourtant bien prévenus qu’il faudrait “gonfler” les investissements, mais ça n’a quand-même pas suffit. Ajouté à cela que pendant notre première année, nous n’avons pas pu réaliser le chiffre d'affaires attendu... vous imaginez bien que niveau trésorerie, c’était compliqué ! Nous avions beaucoup de charges, dont certaines que nous n’avions pas forcément anticipées, comme c’est le cas des travaux de rénovation réalisés par nos soins dans le local.  

FJ : La communication s’est également avéré être un poste de dépense important, mais au final, ça n'a pas forcément été rentable. Agrandir notre gamme de produits dès le début ou avoir des fruits et légumes frais à l'ouverture sont des actions que l'on aurait aussi dû mettre en place. Heureusement, ces petites erreurs ne nous ont pas porté préjudice puisque les ventes de l’épicerie sont supérieures à nos estimations initiales. A l’inverse, les investissements sont la seule chose qu’on referait à 100 %. 

BM : Selon vous, quelles différences existent-t-il entre le monde de l’entrepreneuriat et celui du salariat ?  

MH : Nous sommes libres de nos choix. Nous pouvons adapter nos journées, il n’est plus question de devoir demander l’accord à qui que ce soit pour pouvoir partir plus tôt. Même si finalement nous faisons beaucoup plus d’heures que lorsque nous étions salariés, nous savons que c’est un investissement à long terme. 

BM : Est-ce qu’il y a un aspect ou un avantage de votre ancien travail qui vous manque ?  

MH : Non bien au contraire ! Le côté relationnel de mon nouveau métier me procure énormément de bonheur et pour rien au monde je ne retournerai en arrière.  

FJ : S'il peut parfois m’arriver de trouver certaines tâches un peu répétitives, je sais qu’il ne tient qu’à nous de développer de nouveaux projets afin de connaître un renouvellement dans notre quotidien. Par exemple, nous sommes en train de créer nous-même le site internet de l’épicerie. Ça permettra à nos clients de voir l’étendue des produits que nous proposons en magasin sans sortir de chez eux.  

Emmanuel Lanoe
Emmanuel Lanoe Rédacteur Web