NetZero veut faire du biochar le nouveau messie climatique et agricole

Ce concentré de carbone stabilisé, issu de la pyrolyse de résidus agricoles, est très efficace pour séquestrer le CO2. Il possède également des vertus agricoles avérées. La start-up française NetZero s’est fixée pour ambition d’accélérer sa production.

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biochar

Dans la main, on dirait de la poudre ou de petits granulés de charbon. Le biochar est encore peu connu, mais a tout pour devenir une “star” de la lutte contre le réchauffement climatique. En 2018, dans un rapport qui fera date, le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a braqué ses projecteurs sur ce charbon biologique. « Il s’agit d’une poudre de carbone produite à partir de résidus végétaux chauffés par pyrolyse à près de 600 °C et sans oxygène. Le processus thermochimique permet d'extraire le carbone sous une forme stabilisée pour plus de cent ans », explique Olivier Reinaud, directeur général de NetZero, l’un des premiers acteurs de ce marché embryonnaire. C’est en 2021 qu’il a cofondé la greentech avec son père, un ancien du Boston Consulting Group, et Jean Jouzel, climatologue reconnu.

Quinze sites de production d’ici à 2024

Le biochar permet de stocker durablement, dans le sol, du carbone initialement capté par les plantes dans l’atmosphère lors de la photosynthèse. Il constitue par ailleurs un excellent amendement des sols : « Sa structure poreuse lui confère des propriétés qui améliorent la rétention de l’eau et des nutriments pour les plantes », explique Olivier Reinaud. Son pH basique permet aussi de lutter contre l’acidité du sol. Le biochar s’avère ainsi précieux pour les agriculteurs, notamment des zones tropicales, région de prédilection de la start-up. Cette dernière s’est associée dès le départ à un industriel camerounais du secteur du café et a construit sa première usine en Afrique. Début juillet, elle a annoncé le lancement d’une seconde unité de production au Brésil. Elle espère compter une quinzaine de sites dans le monde d’ici à 2024.

Les deux premières unités exploitent les parches de café issues du décorticage. Les plantations de cacao, café, canne à sucre ou encore de palmiers à huile sont autant de gisements colossaux de biomasse. « Il y a très peu de filières de valorisation des résidus de ces cultures en zone tropicale, éclaire Olivier Reinaud. Des milliards de tonnes finissent aujourd’hui brûlées ou à pourrir à l’air libre ». NetZero propose en plus une approche circulaire : le CO2 est capturé sur place et le biochar distribué aux agriculteurs locaux, qui peuvent grâce à lui augmenter leurs revenus. Cerise sur le gâteau, la pyrolyse va permettre à terme de réaliser de la cogénération électrique, grâce aux gaz générés et récupérés lors du processus.

2 millions de tonnes de CO2 par an en moins d’ici à 2030

Sur le volet climatique, le biochar suscite un immense intérêt car il est l’un des seuls moyens existants capable de retirer et stocker à long terme du carbone en dehors de l’atmosphère, alors que le Giec estime qu’il faudrait séquestrer plus de 10 milliards de tonnes de CO2 par an d’ici 2050 pour atteindre la neutralité carbone. Ce stockage permet à NetZero de vendre des crédits-carbone de haute qualité, au cœur de son business model. La greentech prévoit d’ôter de l’atmosphère 2 millions de tonnes de CO2 par an d’ici à 2030. « Cette solution intéresse de nombreuses entreprises, notamment dans la chaîne de valeur agricole, car le biochar permet d’augmenter les rendements tout en réduisant l’empreinte carbone ».  Une fois de plus, NetZero pense circulaire : « Ce qui est assez magique avec le biochar, c’est qu’il crée un nombre de synergies incroyable ! » Une « magie » qui convainc, puisque NetZero, soutenue par Bpifrance, a reçu le prestigieux label de la fondation Solar Impulse. La PME fait également partie des 15 gagnants du concours « XPrize Carbon Removal » lancé par Elon Musk, remportant par la même occasion 1 million de dollars pour financer son programme de recherche et développement. 

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