Mulot et Petitjean : entre la tradition du savoir-faire et l’actualité des engagements RSE

Riche d’un savoir-faire de plus de 200 ans dans la création de pain d’épices, Mulot et Petitjean est une entreprise dijonnaise qui agit dans le respect d’une tradition historique tout en innovant en matière de RSE. Curieux de cette alliance entre tradition et modernité, Bpifrance est parti à la rencontre de Catherine Petitjean, héritière et dirigeante de l’entreprise, pour en savoir plus.

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A Dijon derrière l’hôtel Catin de Richemont, où l’on voit encore sur les étagères pains d’épices à la coupe et nonnettes dijonnaises aux fruits, se trouve une fabrique à la pointe des enjeux environnementaux. Conception de packagings responsables et engagement auprès des collaborateurs... Catherine Petitjean nous éclaire sur la philosophie RSE de l’entreprise familiale.

Bpifrance : Si Mulot et Petitjean est une des rares entreprises à avoir plus de deux siècles d’existence, elle est pourtant très à la pointe au niveau de sa politique RSE et de ses engagements pour l’environnement. De quand date cette démarche ?

Catherine Petitjean : Il y a 25 ans, j’ai repris l’entreprise familiale. Mon but premier était de la moderniser sur tous les aspects. J’ai travaillé pour améliorer nos produits et notre impact environnemental. En tant qu’entreprise familiale nous avons toujours été engagés envers nos employés et consommateurs ! Nous avons toujours fait de la RSE dans le passé mais notre démarche n’était pas structurée. En prenant les rênes, je voulais avoir une visibilité sur notre stratégie sur 10 ans et c’est ce que nous avons mis en place. Notre labélisation en tant qu’entreprise PME+ symbolise aussi une étape importante dans notre démarche de Responsabilité sociale de l’entreprise (RSE).

B : Quel est l’impact de cette démarche sur vos modes de production ?
C.P : Nous n’avons pas changé nos recettes ou notre manière de fabriquer les produits mais nous avons investi dans du nouveau matériel plus efficace qui permet de réduire les déchets. Notre nouveau four est tellement adapté que nous ne trouvons plus les chutes nécessaires pour faire de la chapelure !

B : Et sur vos employés ?
C.P : Une telle démarche n’est pas possible sans l’engagement du personnel. Il est essentiel de mobiliser les collaborateurs et de leur expliquer les tenants et les aboutissants de la transition écologique en entreprise. Cette année nous avons préparé deux formations à la destination de nos collaborateurs. Une première sur la gestion des déchets et le tri et une deuxième avec un naturopathe sur l’alimentation et la santé. L’année prochaine, nous envisageons d’organiser une formation sur la préparation de leur retraite. Nous avons aussi créé un baromètre pour mesurer la qualité de vie au travail et constitué un groupe qui se réunit régulièrement pour y veiller. Le bien-être et l’engagement de nos collaborateurs sont des éléments essentiels de notre stratégie RSE.

B : Quels sont vos objectifs en matière de politique RSE pour les années à venir ?
C.P : Avant tout : les emballages. Nous sommes en train de mettre en place des emballages 100 % recyclables. La question est technique, nous testons sans cesse des packagings pour voir si le produit se conserve bien. L’enjeu est de trouver toujours la bonne équation pour protéger l’environnement sans dégrader la qualité des produits. Dans un deuxième temps, continuer sur notre lancée et faire toujours mieux. Nous fêtons cette année notre 225e anniversaire de création, de nombreux événements sont programmés. Nos objectifs ne sont jamais atteints à 100 %, il faut continuer à moderniser nos équipements, à former nos collaborateurs et à se rapprocher davantage des fournisseurs locaux etc.

B : Comment joignez-vous innovation et tradition ?
C.P : Ce n’est pas antinomique ! Au contraire, une PME familiale doit innover dans ses gammes de produits, dans ses packagings etc. Une entreprise est comme une bicyclette, si on arrête de pédaler elle tombe. Nous gardons nos recettes traditionnelles mais nous changeons nos techniques pour gagner en productivité et en qualité. « Bien faire », « faire ensemble » et « faire local » sont aujourd’hui les axes principaux de notre stratégie. « Bien faire » veut dire garder notre savoir-faire traditionnel et assurer la qualité du produit. « Faire ensemble » exprime notre volonté d’intégrer nos collaborateurs à cette démarche et « faire local » explique notre attachement aux produits locaux et notre volonté de réduire notre impact écologique.

B : En guise de conclusion, que conseillez-vous aux Entreprises du Patrimoine Vivant qui souhaitent se lancer dans une transition écologique ?
C.P : C’est une véritable chance d’être le dépositaire d’un savoir-faire artisanal. C’est un legs historique à protéger et une réelle responsabilité. Celle de transmettre aux collaborateurs et aux consommateurs ce savoir-faire unique. Une entreprise EPV a intérêt d’être proche de ses collaborateurs car c’est un métier de passion. S’inscrire dans une démarche RSE n’est pas compliqué. Il faut commencer sans avoir peur, quitte à commencer petit pour se perfectionner après. Pour s’inscrire dans une telle démarche, il est essentiel d’avoir une feuille de route et une vision. Avoir un plan aide à mesurer ses avancements et à prendre conscience de son progrès et de son impact positif.