Marklix : la technologie au service de l’écologie

Un monde sans gaspillage semble à portée de main lorsqu’on discute avec Pierre-Jacques Lyon, ingénieux co-fondateur de la jeune startup Marklix. Agir positivement sur l’environnement par le biais de technologie de pointe, voici la démarche de cette jeune entreprise écoresponsable.

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Un constat : une planète qui s’essouffle

Zéro déchet, un objectif qui plane à l’horizon d’un ciel encore trop pollué. S’il est désormais de notoriété publique que les ressources naturelles environnementales s’amenuisent à mesure que s’intensifie le rythme de circulation des marchandises, « un bien de consommation parcourt encore aujourd’hui en moyenne 544 kilomètres pour parvenir à son acheteur ». Ce trajet laisse une trace dans l’atmosphère : une empreinte carbone, « en moyenne 7,4 kilogrammes pour un gros électroménager, et 2,7 kilogrammes pour un petit électroménager rejetées dans l’air », explique Pierre-Jacques Lyon. Réduire l’émission de gaz polluant et de déchet devient dès lors un enjeu majeur pour les entreprises. C’est principalement basé sur ce constat que naît le projet Marklix, celui d’un service qui permet de remplacer la pièce caduque d’un objet à l’aide de l’impression 3D.

Une solution : déchet-transport-stockage

« Chez Marklix, on permet de réparer au lieu de jeter. On évite les stocks en les digitalisant : notre impact environnemental, c’est l’électricité consommée pour maintenir les serveurs qui stockent nos données. On ne transporte

pas la marchandise ou très peu car on produit une pièce au plus proche du consommateur ». Toutes imprimées en France, les pièces parcourent un trajet quasi-nul jusqu’à leur acheteur, et par répercution, leur empreinte carbone l’est également.

 

Marklix, c’est une plateforme qui permet aux particuliers d’acheter en ligne et de façon localisée une pièce qui dysfonctionne. La marketplace met en relation les modélisateurs ou « makers » qui conçoivent les fichiers. Ils sont ensuite transmis à des imprimeurs professionnels qui possèdent les machines de fabrication additive. Entre temps, Marklix a mis au point un algorithme qui va déterminer si le fichier est compatible avec l’impression. « Lorsqu’une nouvelle pièce est modélisée, elle entre sur le catalogue de Marklix et pourra permettre des impressions à l’infini ». Un projet conçu autour du partage, qui génère une véritable intelligence collective.

Selon l’ADEME – Agence de la Transition Ecologique, 77 % des européens préféreraient réparer leurs appareils plutôt que de les jeter. Il ne s’agit pas seulement d’électroménager, précise Pierre-Jacques Lyon, « la réparation de pièce détachée concerne les secteurs de l’automobile, de l’ameublement, des sports et loisirs, du soin et de l’hygiène, etc… Ça peut être le manche d’une tondeuse, le sabot d’un rasoir, le rétroviseur d’une voiture, etc ». Au-delà de sa valeur environnementale, l’intérêt de la plateforme est également pécunier pour l’utilisateur qui réalise une économie de coût.

Une ambition : celle d’œuvrer en faveur du consommateur

Cet apport à la lutte des consommateurs contre l’obsolescence des appareils électroménagers n’est pas du goût de certains fabricants qui voient en Marklix une menace sur leur chiffre d’affaires. Toutefois, la plupart des industriels réagissent avec enthousiasme au projet et y trouvent des intérêts, en particulier dans la digitalisation des stocks. « Si aujourd’hui seulement 10 % du catalogue d’un fabricant est reproductible, ce chiffre est amené à s’accroitre car la fabrication additive

entre progressivement dans les modes de conception et de production des industriels », une tendance qui renforce le positionnement de la startup. Autour de cette activité d’impression 3D se pose également des questions de droit de propriété intellectuelle puisque les modèles de pièce sont déposés par les constructeurs d’origine, ce qui rend leur reproduction impossible. En novembre 2019, un amendement a été voté pour pousser les fabricants à mettre en accès libre les fichiers de conception des pièces qui ne sont plus produites. « Nous travaillons sur un modèle d’accessibilité en blockchain qui permettrait, à l’avenir, de garantir la propriété du fichier et de sécuriser son utilisation ».

 

Côté recherche et développement, si pour l’instant Marklix ne travaille que sur le plastique, la startup compte élargir son champ d’intervention à d’autres matériaux. Elle tend notamment vers l’utilisation de matériaux écosourcés, mais aussi vers le recyclage des pièces cassées qui ne sont pour l’instant pas réutilisées dans le processus de fabrication. Une volonté pour le cofondateur de participer à une économie circulaire et d’inscrire son entreprise dans une démarche responsable. Jeune entreprise à fort potentiel disruptif, Marklix cherche des investisseurs et souhaite étendre son réseau et ses activités à l’international. Avec un taux de réparation des appareils de 44 % en France, la startup a peut-être de beaux jours devant elle.