L’éditeur de jeux vidéo Kiplin veut être reconnu comme dispositif médical

Kiplin propose de pratiquer des activités physiques de manière ludique à travers des jeux sur mobile. Prescrite par les médecins, l’entreprise envisage le remboursement de sa thérapie digitale par la Sécurité sociale dans les années à venir.

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Jouer aux jeux vidéo est bon pour la santé. Kiplin est un éditeur de jeux de santé numérique créé en 2015. Ses programmes visent à promouvoir l’activité physique au sein des entreprises à destination de leurs salariés mais aussi des établissements de santé auprès de patients atteints de pathologies chroniques. La société a entamé des démarches pour être considérée comme dispositif médical et ainsi que sa solution soit remboursée par la Sécurité Sociale. « On est impliqué dans des parcours d’évaluations de la CPAM et du Ministère de la Santé. Il y a un certain nombre de grandes étapes réglementaires, scientifiques, cliniques qui jalonnent la trajectoire jusqu’au remboursement », explique Vincent Tharreau, fondateur de Kiplin.

Le numérique comme médicament

Déjà prescrit par ordonnance, Kiplin est utilisé par des établissements hospitaliers comme ceux de l’AP-HP, le groupe Ramsay ou encore l’Institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe auprès de leurs patients. Atteints de diabète, d’obésité, de maladies cardio-vasculaires ou encore de cancers, l’application les aide à intégrer de l’activité physique à leur quotidien. « On souhaite les rendre plus actifs pour améliorer leur thérapie », indique Vincent Tharreau.

Pour parvenir à cet objectif, Kiplin édite des jeux qui mêlent compétition et coopération intégrés à des scénarios originaux. Le dernier en date, « l’Odyssée des Lucioles » en est l’exemple : « Vous faites partie d’une équipe de gardes forestiers, qui doivent maitriser un feu qui menace de tuer des lucioles. Pour les protéger, il faut aller chercher de l’eau et éteindre les flammes ». Vous l’aurez compris pour avancer, il faut se bouger. Le taux d’engagement jusqu'à la fin d’un parcours atteint 70 % auprès des patients. C’est ce qui convainc les établissements hospitaliers de passer par cette solution. « Le système de santé recherche des solutions pour soigner mieux et moins cher. C’est ce que nous apportons avec Kiplin », affirme le fondateur. Au-delà des jeux, l’application donne accès à des contenus adaptés aux besoins de chacun, à des séances avec des enseignants en live, mais aussi des webinars. « Le jeu est un levier d’engagement qui permet d’emmener le patient dans un parcours bénéfique pour sa santé ». 

Engagé dans un processus de financement auprès du système de santé français depuis deux ans, l’entreprise n’est encore qu’à la moitié du chemin pour que sa solution soit remboursée. « On a déjà des retours sur son impact auprès des patients mais il faut le corréler à un enjeu médico-économique et montrer que notre solution est la plus pertinente ». En France, seule Moovcare a pour l’instant obtenu le droit d’être remboursée par la Sécurité Sociale, mais Vincent Tharreau en est sûr : « Dans les mois qui viennent, vous allez voir beaucoup de solutions atteindre cette échéance. Il y a un vrai enjeu autour de la santé numérique ».

"La crise sanitaire a été un accélérateur”

Kiplin propose aussi ses services aux entreprises. C’est d’ailleurs la cible d’origine. Venant du milieu des ressources humaines, Vincent Tharreau constate à l’époque du manque d’engagement lors d’activités physiques organisées en entreprise. « J’ai donc tenté une expérience : faire jouer les gens en comptant leur nombre de pas avec un aspect compétitif. J’ai vite eu un niveau de participants très important. C’est comme ça que je me suis rendu compte que le levier du jeu était plus inclusif et permettait d’engager beaucoup plus de gens dans un changement de comportement ».

Sur le marché du BtoBtoC, l’éditeur s’adresse à 50 % aux entreprises et 50 % aux établissements de santé. En 2020, l’entreprise a connu un très grand succès avec 47 000 téléchargements, passant ainsi la barre des 100 000 téléchargements. « La crise sanitaire a été un accélérateur. Les malades chroniques étant particulièrement touchés par la crise du Covid-19, il était très intéressant pour les établissements de santé de pouvoir leur proposer des parcours alternatifs. Idem pour les entreprises qui utilisent notre solution pour déployer de la prévention santé notamment pour les collaborateurs en télétravail ».

Fin 2020, l’entreprise a obtenu l’agrément « entreprise solidaire d’utilité sociale ». Son objectif à l’avenir est de continuer à améliorer le parcours santé de ses utilisateurs. Au-delà de l’activité sportive, Kiplin pense notamment s’étendre sur d’autres domaines comme la nutrition ou encore le sommeil. « On est conscient de notre impact social et c’est ce qui nous motive à innover, avec toujours le jeu comme ADN », assure Vincent Tharreau.