Kalray : la deeptech française engagée dans le déploiement de la 5G

Kalray, société française de semi-conducteurs pionnière dans une nouvelle génération de processeurs pour les systèmes intelligents, est née il y a une douzaine d’années au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). Aujourd’hui, elle contribue technologiquement au développement de l’interconnectivité des objets, de l’intelligence artificielle et du déploiement de la 5G.

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« Kalray est une belle deeptech française qui vient directement des laboratoires du CEA », s’enthousiasme Éric Baissus, PDG de Kalray.  L’entreprise grenobloise qui a bénéficié, dès sa création en 2008, de l’accompagnement du CEA, compte aujourd’hui s'imposer comme le leader mondial avec ses processeurs intelligents, une technologie indispensable pour le marché des datas center, de l'automobile mais également pour le déploiement de la 5G.

Les processeurs Kalray visent le déploiement de la 5G 

L’entreprise évolue sur le marché de l’analyse de données à la volée, aussi appelé « Edge Computing ». « 75 % des données sont éphémères, elles ne sont pas stockées mais analysées en temps réel afin de permettre à certains types d’intelligence artificielle ou d’algorithme de prendre des décisions immédiates », explique Éric Baissus. Les voitures autonomes, par exemple, peuvent bénéficier de cette technologie tout comme les Smart Cities, en forte demande des processeurs développés par Kalray afin de réguler leurs fonctions de transport et de flux.

Kalray va permettre le déploiement à grande échelle de la 5G grâce à ces technologies pour deux raisons. La première est de nature temporelle. Jusqu’à aujourd’hui, les opérateurs de télécommunication n'installaient pas de petits datas center près des antennes relais et le temps de traitement des données pouvait parfois être relativement long du fait des allers-retours vers un data center centralisé. L’utilisation des processeurs conçus par Kalray dans des petites datas center proche des antennes permet d'accélérer les traitements et de réduire le temps de latence du traitement de ces données. Une accélération qui permettra « le développement d’applications telles que la réalité augmentée ou la traduction, qui nécessitent de faibles calculs mais une rapidité de traitement », affirme Éric Baissus.

La seconde raison est de nature structurelle. Jusqu’à présent, pour le réseau 4G, les opérateurs « achetaient des boîtes noires clé en main chez Ericsson, Nokia, Huawei, ou autres géants des télécommunications. Pour la mise en service du réseau de cinquième génération et les initiatives comme Open RAN ("Open Radio Access Network"), les opérateurs auront la possibilité d’utiliser des serveurs standards et ouverts basés sur des cartes accélératrices », raconte le PDG de Kalray, pour, in fine, rompre leur dépendance économique aux géants des télécoms. Les processeurs Kalray sont au cœur de ces cartes d’accélération.

Kalray, l’exemple d’une entreprise née dans les laboratoires du CEA

Essaimée par le CEA il y a une douzaine d’années, Kalray est née de la rencontre entre le fondateur du groupe STMicroelectronics (géant mondial d’origine française qui développe, fabrique et commercialise des puces électroniques) et les ingénieurs et chercheurs du CEA. Lors de sa création, l'entreprise a pu bénéficier de l‘accompagnement de l’institut. Douze ans plus tard, l’entreprise a déjà investi 85 millions d’euros en recherche et développement, développé 30 familles de brevets, est présente dans 5 pays (France, USA, Japan, Canada, Chine et Corée du Sud) et affiche une capitalisation boursière de 141 millions d’euros. « Kalray propose de belles innovations et technologies de rupture et est positionnée sur un marché vecteur de croissance. Elle porte des problématiques de souveraineté française sur le secteur des hautes technologies pour l’Europe de demain », conclut Eric Baissus, PDG de Kalray. Un futur géant ? Les paris sont lancés.

 

Pour créer davantage de champions deeptech comme Kalray, le CEA lance son programme Magellan

Le Commissariat à l’Energie Atomique et aux énergies alternatives, organisme public de recherche à caractère scientifique, technique et industriel, est un acteur de la recherche, du développement et de l'innovation. Il intervient dans 4 grands domaines : la défense et sécurité, les énergies bas carbone (nucléaire et renouvelable), la recherche technologique pour l'industrie et la recherche fondamentale. Depuis 1972, plus de 200 startups ont été créé grâce aux technologies et au savoir-faire du CEA. Le centre a donné naissance à 2 ETI, 9 PME, dont 6 sociétés sont déjà cotées en bourse. Les entreprises portées sont majoritairement des projets qui se situent dans le domaine de la deeptech (à hauteur de 75 %).

En 2020, afin de soutenir et d’accélérer le dynamisme de valorisation technologique, le Commissariat à l’Energie Atomique et aux énergies alternatives lance le programme Magellan. Ce dispositif a pour vocation de continuer à encourager et d’accompagner les collaborateurs et porteurs d’idées externes s’appuyant sur des technologies développées en son sein. Le programme Magellan a été présenté le 19 novembre dernier. Il évalue la pertinence et structure les projets d'entrepreneurs au cœur de la stratégie de transfert industriel. Le programme a pour but de permettre la création de 10 à 15 startups par an sur les dix prochaines années, dont le développement de deux licornes.

Ce programme supporte les initiatives qui créent des emplois durables, avec une vision claire des enjeux d’avenir. Il se divise en quatre temps forts :

  • La phase d’indentification : le CEA détecte les concepts à fort potentiel directement dans les laboratoires du centre.
  • La phase de maturation : le CEA aide les chercheurs à structurer leur projet complet.
  • La phase d’incubation : le CEA appuie la création de la société.
  • La phase d’amorce : le CEA assure leur succès à long terme.