Électronique : AirMems, futur leader européen sur le marché des micro-commutateurs ?

À Limoges, la deeptech AirMems a développé des micro-commutateurs de la taille d'un cheveu. Convoitée par l'industrie spatiale, la défense et bien d'autres secteurs, la solution comporterait de nombreux avantages. Explications avec Romain Stefanini, cofondateur de la société. 

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Une petite puce et une lame mécanique pas plus épaisse qu'un cheveu. Les MEMS, pour micro-commutateurs, n'évoquent rien au grand public, mais forment pourtant une avancée majeure dans le champ de l'électronique. Et pour cause : ils sont mille fois moins volumineux que certains commutateurs mécaniques actuels et consomment environ cent fois moins d'énergie. Sans compter qu'ils coûtent peu cher à fabriquer et nécessitent moins de matière. Retour sur les avantages de cette innovation.  

La start-up limougeaude AirMems en a fait sa spécialité. « Les MEMS réunissent le meilleur des deux solutions de commutateurs actuelles, la petite taille des semi-conducteurs et le niveau de performance des relais, qui ont la taille d'une canette de soda », explique Romain Stefanini, ingénieur de formation et cofondateur de la société. Pour rappel, un commutateur est un élément qui, dans un circuit électronique, permet de faire passer ou d'arrêter le courant électrique. 

Une technologie née au laboratoire Xlim du CNRS 

Comme souvent dans la deeptech, il a fallu des années avant d'en arriver là. « Vingt ans de recherche avant d'aboutir, c'est un délai assez classique dans le semi-conducteur », rappelle le chef d'entreprise. Au sein du laboratoire Xlim du CNRS / université de Limoges, c'est Pierre Blondy qui en a fait son sujet, avant de déposer un premier brevet universitaire, en 2009. 

C'est là que Romain Stefanini, dont Pierre Blondy est le directeur de thèse, entre dans la danse. Initié, il file ensuite à l'université de San Diego, en Californie, pour en apprendre plus au côté d’un professeur mondialement reconnu pour ses travaux sur le sujet. « Revenu en France, j'avais envie de me lancer, d'autant plus que Pierre Blondy souhaitait lui aussi valoriser ses recherches », raconte l'entrepreneur. Timing parfait. En 2013, AirMems voit le jour. Au duo se greffera Ling Yan Zhang, docteur en électronique, Jérôme Goujon pour le volet « business », puis Loïc Nollot, expérimenté dans la vente de composants électroniques. 

2 millions d'euros avec France Relance 

Lauréate du concours i-Lab en 2014 et membre du réseau Bpifrance Excellence, la jeune pousse affiche de grandes ambitions. Alors qu'elle a déjà récolté 2 millions d'euros dans le cadre du plan France Relance, elle espère réunir au total 7,8 millions d'euros d'ici la fin de l'année. Objectif : construire une unité de production d'ici 2023. « L'usine nous permettra de fabriquer jusqu'à un million de pièces par an pendant les dix premières années », dévoile Romain Stefanini. Une vingtaine de personnes seront potentiellement recrutées dans les quatre années à venir. 

Côté clientèle, AirMems a déjà su tisser des liens forts dans le monde du spatial et de la défense. Quand on sait qu'un satellite peut contenir jusqu'à 1 000 commutateurs mécaniques, les remplacer par des micro-commutateurs MEMS est d'intérêt majeur. « Sans compter qu'il s'agit de secteurs stratégiques où les industriels ont tout intérêt à s'approvisionner en composants européens », ajoute Romain Stefanini. 

À plus long terme, AirMems vise plus large et compte s'imposer comme le leader européen. La start-up regarde « vers des marchés grand public comme la téléphonie mobile, l'automobile ou encore les objets connectés ». Le gisement de croissance est immense : les commutateurs sont partout.