EcoTree : la forêt, une nouvelle branche pour les investissements

EcoTree propose aux entreprises et aux particuliers d’investir dans des arbres pour lutter contre le dérèglement climatique. Erwan Le Méné, cofondateur de la scale-up revient sur ce business florissant. 

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100 millions. C'est le nombre d'hectares détruit ou brûler sur la planète en deux décennies, d'après la FAO (Food and Agriculture Organisation). Pourtant, les forêts jouent un rôle majeur dans la lutte contre les émissions de CO2. En effet, elles correspondent au deuxième puits de carbone dans le monde, derrière les océans. Face à ce constat, EcoTree, une société de gestion forestière, offre aux particuliers et aux entreprises la possibilité d'investir dans les arbres, la séquestration du carbone et la préservation de la biodiversité. « On achète des terrains qui sont d’anciennes cases agricoles ou des forêts souvent en carence de gestion, on met en place une gestion durable de la forêt puis on revend les arbres. Le modèle tient dans une décorrélation de la propriété du foncier, qui appartient à EcoTree et de la valeur du bois, qui devient la propriété du client », explique Erwan Le Méné, cofondateur d’EcoTree. 

Permettre aux entreprises d’investir pour la planète  

Ingénieur de formation, Erwan Le Méné démarre sa carrière en finance dans le secteur de la fusion-acquisition. « J’échangeais constamment avec des dirigeants qui disaient être engagés pour le climat à titre personnel, mais qui ne savaient pas comment concilier leurs propres intérêts avec ceux de leur entreprise. L’idée était de proposer une alternative mêlant écologie et économie ». Le cofondateur d’EcoTree réalise alors que la forêt est un actif très prisé par certains patrons. « Il y a des intérêts fiscaux. Ajoute-t-il. En achetant une forêt, on peut la déduire de l’impôt sur le revenu, les frais de transmission sont très bas et ce sont des gains assez stables ». Si d’un côté cet actif est très recherché, il appartient bien souvent à des familles ou des groupements forestiers qui n’en prennent pas forcément grand soin. En France, 75 % des forêts sont détenues par des propriétaires privés, qui dans leur majorité, n’investissent pas dedans. « C’est dommage. C’est un actif très prisé qui, bien entretenu, peut prendre beaucoup de valeur ». 

Investissement en forêt : quel avantage fiscal ? 

Investir en forêt présente des avantages fiscaux attrayants. En France, par exemple, les biens forestiers peuvent être exonérés de l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) sous certaines conditions incitant à la détention de forêts. De plus, les revenus issus de la vente de bois peuvent bénéficier d'abattements, réduisant l'impôt sur le revenu. Les charges liées à la gestion forestière, telles que l'entretien et la replantation, sont déductibles.Ces avantages fiscaux encouragent la gestion durable des forêts, tout en offrant des opportunités de réduction de la charge fiscale. Aussi, De plus, la loi Malraux permet également aux propriétaires de forêts classées en zone de protection de l'environnement (ZPE) de bénéficier d'une réduction d'impôt. Cette dernière peut aller jusqu'à 18% des dépenses engagées pour la restauration, l'entretien, et la mise en valeur de ces zones. Cela vise à encourager la préservation de la biodiversité et des écosystèmes forestiers. 

La forêt pour un investissement écologique rentable  

Qui dit investir dans des arbres, dit rendement, mais sur du long terme. En moyenne, une personne qui achète un arbre en récoltera les bénéfices de la vente du bois 40 ans plus tard, avec un taux de rentabilité interne (TRI) de 2 %. « Ça reste faible, mais c’est un produit qui prend de la valeur intrinsèquement, il n’y a pas de spéculation autour. Précise Erwan Le Méné. Dans la majorité des cas, les entreprises ne le font pas pour le rendement mais pour la logique de propriété, c'est ça, le fait de posséder des arbres, qui intéresse les entreprises ». Depuis sa création en 2016, EcoTree connaît une très forte croissance chaque année et compte accélérer la cadence. « On est très décomplexé sur notre croissance parce qu’elle fait du bien. Plus on grandit, plus on a de l’argent, plus on va réaliser des projets forestiers qui capteront du carbone et créeront de la biodiversité. Nous ne consommons aucun capital naturel, au contraire on le rénove.» 

A travers ce projet, Erwan Le Méné et ses associés veulent démontrer qu’il est possible d’avoir un objectif durable et rentable. « Il faut assumer que l’environnement est un business. Pour que les gens s’y intéressent il faut que ça rapporte de l’argent. On le voit dans le domaine médical, les laboratoires qui créent des vaccins ne sont pas pauvres, ils s’occupent de la santé des personnes et c’est parce qu’il y a du business et de l’argent que la recherche avance. La protection de l’environnement est un business rentable, et qui doit même le devenir encore plus. » Pour autant, l’entreprise ne privilégie pas la rentabilité à la durabilité de ses projets. 

Investir dans une forêt : quel rendement pour l’achat d’arbres ? 

EcoTree propose donc de racheter ces forêts, les entretenir puis vendre les arbres du domaine. « Ce n’est pas une charge mais un investissement, qui ramène de l’argent sur du long terme, et pas seulement. Chaque arbre capte du CO2 et peut rapporter des crédits carbones tous les ans. C’est aussi un atout de marketing et de communication qui démontre l’engagement des entreprises », assure Erwan Le Méné. Tout ceci n’est pas de la compensation carbone, souvent critiquée, mais de la contribution carbone. « La sémantique est importante. Compenser permet d’éviter l’émission de CO2. La contribution permet de créer des puits de carbone, qui captent du CO2, au bénéfice de la biodiversité. L’impact est bien plus important ». 

Investir dans une forêt en achetant des arbres soulève la question du rendement financier sur lequel plusieurs facteurs influent. Tout d'abord, le temps de maturation est essentiel, car certains arbres nécessitent des décennies pour atteindre leur pleine valeur, tandis que d'autres ont des cycles de croissance plus courts. Une gestion forestière adéquate est également cruciale pour optimiser le rendement, tout comme le moment choisi pour la vente en fonction des fluctuations du marché. Diversifier les essences d'arbres peut réduire les risques. Les objectifs de l'investissement, qu'ils soient axés sur les revenus ou la préservation de l'environnement, façonnent également la rentabilité. Ce genre d’investissement vert est un engagement à long terme nécessitant une planification minutieuse, une gestion attentive et une certaine patience pour voir ses arbres atteindre leur plein potentiel 

La sylviculture, valeur écologique et économique  

Selon l’ONF, l’Office National des Forêts, la sylviculture « c’est la culture de la forêt, ou toutes les interventions du forestier pour produire du bois de manière durable en tenant compte de l’ensemble des enjeux environnementaux et sociaux ». En outre, elle renvoie à toutes les activités d'entretien des forêts en vue de leur exploitation commerciale. Cela passe notamment par l’entretien des espaces forestiers au reboisement en passant par l'exploitation des forêts. 

Les 50 forêts d’EcoTree sont composées de plusieurs espèces d’arbres qui assurent une plus grande biodiversité. « Nous faisons de la sylviculture qui mélange des résineux et des feuillus. Ce type de plantations crée de la biodiversité qui permet de lutter contre le danger le plus important pour les forêts : les maladies. » A l’avenir, l’entrepreneur souhaite faire d’EcoTree une référence en Europe et attirer de plus en plus de nouvelles entreprises clientes. « On propose aussi aux particuliers d’offrir des arbres à leurs proches. C’est un bon moyen de faire découvrir au plus grand nombre les enjeux autour de la forêt », assure Erwan Le Méné. 

 

Sofia Ben Dhaya
Sofia Ben Dhaya Rédactrice web