Contrôler vos appareils électroniques grâce aux mouvements de votre visage

Wisear est une deeptech qui a mis au point une « interface neuronale » permettant de piloter des appareils numériques grâce aux mouvements du visage. Son prototype d'oreillette permet, par exemple, de contrôler son smartphone en pressant la mâchoire. [Podcast] 

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wisear

Contrôler son smartphone d’un simple mouvement de la mâchoire, c’est pour bientôt. La deeptech Wisear travaille sur des écouteurs sans fil, capable de capter les mouvements de notre visage pour en faire un système de contrôle à distance. « On se base sur des capteurs qui vont être placés à l’intérieur ou autour de l’oreille de l’utilisateur, en contact avec sa peau. Ces capteurs sont des électrodes, qui mesurent l’activité bioélectrique de la personne et donc l’activité musculaire du visage », explique Yacine Achiakh, cofondateur de Wisear. « Par exemple, en faisant une double pression de la mâchoire, on peut réaliser n’importe quelle action reliée à son smartphone comme lancer une musique, ou répondre à un appel », poursuit-il.

Pour comprendre comment contrôler son smartphone en un battement de cil grâce à Wisear, découvrez l’entreprise en podcast, raconté par le comédien Jacques Chambon.

De Neuralink à Wisear

Yacine Achiackh et son associé Alain Sirois ont eu l’idée de créer une interface neuronale, une interface de communication directe entre un cerveau et un dispositif externe, en discutant avec des employés de Neuralink, l’entreprise d’Elon Musk qui développe des implants cérébraux. « En 2017, on travaillait tous les deux chez Criteo depuis San Francisco. Sur notre temps libre on jouait dans une équipe de foot, avec différents employés des grandes entreprises de la tech américaine. Après un match, on décide d’aller boire une bière avec certains d’entre eux qui travaillaient chez Neuralink. Ils nous expliquent en quoi consiste leur entreprise et très vite, avec Alain on est fascinés par ce projet ». Les deux amis se rendent compte qu’il manque un intermédiaire entre notre monde actuel et le monde imaginé par l’entreprise américaine, où chacun d’entre nous aurait un implant dans le cerveau. « On a donc réfléchit à ce qu’on pouvait faire comme objet connecté au cerveau que les gens pourraient porter dès maintenant ».

De la casquette au bonnet en passant par les lunettes, les deux hommes passent en revue chaque objet porté au quotidien. Finalement, ils optent pour les écouteurs sans fil, un secteur qui explose avec de plus en plus de part de marchés. Selon les analystes d'ABI Research, les livraisons mondiales de casques sans fil dépasseront les 600 millions d'unités en 2026 contre environ 200 millions d'unités en 2021. A titre de comparaison, il se vend actuellement environ 1,5 milliard de smartphones chaque année et 250 millions d'ordinateurs. Avec des volumes se chiffrant en centaines de millions d'unités, les oreillettes connectées pourraient donc devenir le second marché de l'électronique grand public. « Au début on voulait faire du BtoC, mais on s’est rendu compte que dans le secteur de l’audio ce sont les mêmes acteurs qui gouvernent le marché depuis plusieurs années. En s’associant à eux, on pourrait donc accroître notre puissance de frappe », indique Yacine Achiakh.

Devenir le nouveau standard de contrôle des objets connectés

Pour l’instant, Wisear se concentre sur le contrôle par la mâchoire. Mais Yacine et Alain espèrent multiplier les fonctions grâce aux mouvements des yeux et de l’activité cérébrale. « La mâchoire offrira deux contrôles, les yeux un certain nombre, puis on travaillera sur l’activité cérébrale, pour être capable d’interpréter le comportement du cortex auditif avec lequel on peut comprendre ce qu’une personne est en train d’écouter et le son à laquelle une personne prête attention ». Pour s’assurer que les écouteurs captent le bon message, les équipes de Wisear ont développé une gestuelle de la mâchoire assez distincte. « On a aussi créé des protocoles de données pour enregistrer des informations qui permettent de différencier cette gestuelle d’autres comme mâcher un chewing-gum ou manger un sandwich.»

L’entreprise a récemment levé 2 millions d’euros pour accentuer sa R&D. D’ici la fin d’année 2022, elle espère développer 2 contrôles sur un appareil connecté. « Et d’ici 2024 on a pour ambition de développer 12 contrôles différents grâce notamment aux mouvements des yeux, sur 2 appareils connectés différents », précise Yacine Achiakh. A terme, il souhaite que les utilisateurs puissent paramétrer eux-mêmes leurs contrôles pour chaque application dans leur mobile, comme Instagram, Strava et bien d’autres.