Be Player One, l’entreprise française qui veut rendre le secteur du jeu vidéo plus inclusif

Maxime Viry a cofondé Be Player One, une entreprise spécialisée dans l’inclusion numérique, notamment dans le jeu vidéo. A travers cette initiative, l’entrepreneur souhaite rendre le divertissement le plus prisé au monde accessible à tous.

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Image du jeu The Last of Us

« En voyant mes enfants grandir et jouer aux jeux vidéo, je me suis dit que c’était impossible pour moi de ne pas partager ce moment avec eux. C’est comme ça que j’ai créé mes premières solutions d’handigaming et qu’est né le projet Be Player One ». Atteint d’une pathologie neuromusculaire dégénérative, Maxime Viry a été contraint, à l’adolescence, de mettre un terme à son loisir préféré : les jeux vidéo. « S’en sont suivis vingt ans de frustration, de recherche de solution et de résignation ».

Les éditeurs et studios, par méconnaissance, ont pendant longtemps omis d’adapter leurs jeux et consoles aux personnes atteintes de handicap, qui représentent plus de 15 % de la population mondiale. En cofondant Be Player One, Maxime Viry souhaite référencer et créer des solutions pour que tout le monde puisse jouer aux jeux vidéo, mais aussi accompagner les acteurs du secteur à intégrer des outils d’accessibilités dans leur production.

L'industrie du jeu vidéo « passe à côté de 15 % de la population mondiale»

Fondée en 2020, l’entreprise française possède plusieurs cordes à son arc. Pour générer rapidement du chiffre d’affaires et financer sa R&D, elle accompagne les PME, ETI et grands groupes dans la mise en accessibilité de leur site web et application mobile au regard des obligations légales en France et à l’international. « Actuellement, cette branche est largement en avance sur celle du jeu vidéo pour une raison très simple, elle existait avant et répond à un cadre légal, souligne Maxime Viry. Mais je suis certain que la verticale jeu vidéo prendra l’ascendant d’ici quelques années ».

En ce sens, Be Player One propose et conçoit différentes solutions. D’abord sur la partie hardware, en créant des manettes sur mesure pour répondre aux besoins adaptés à chaque handicap. « On centralise aussi le meilleur de l’offre mondiale à travers un catalogue de plus de 300 références et nous allons prochainement lancer une marketplace ». En parallèle, la société a vocation à épauler et outiller les professionnels du jeu vidéo à travers du conseil, de l’audit ou encore de la formation. « Nous avons développé le premier référentiel mondial pour évaluer l’accessibilité d’un jeu vidéo, avec près de 300 critères ». La société travaille également au développement d’une plateforme Saas entièrement dédiée aux studios de création. Cette dernière doit leur donner toutes les ressources nécessaires à la confection de jeux accessibles, comme des vidéos d'analyse d'usages de joueurs handicapés ou encore des portions de codes à télécharger.

Parmi toutes ces activités, Maxime Viry souhaite également, à travers Be Player One, outiller les professionnels du handicap en France. « L’Hexagone compte 35 000 établissements médico-sociaux. Personne parmi eux n’a la capacité d’accompagner les personnes atteintes de handicap qui voudraient jouer aux jeux vidéo ».

Devenir leader mondial de l’accessibilité dans le jeu vidéo

« Aujourd’hui, moins d’1 % des jeux vidéo sont accessibles. Il y a tout à faire », assure le cofondateur de Be Player One. La société travaille déjà avec des éditeurs internationaux et des studios de la French Touch comme Ankama, pour généraliser les bonnes pratiques. « Paradoxalement, cette industrie dédie un budget colossal à l’acquisition et la fidélisation des joueurs mais pour l’instant elle passe totalement à côté de 15 % de la population mondiale ».

Maxime Viry constate un manque de connaissance de ces acteurs, c’est pourquoi ses associés et lui ont l’ambition de faire de Be Player One le leader mondial de l’accessibilité dans le jeu vidéo. « Dans le monde, il n’y a qu’une vingtaine d’experts sur ces sujets. La majorité travaille déjà au sein de grands éditeurs. C’est très peu quand on sait que le secteur est le loisir numéro un ». A titre d’exemple, l’entrepreneur cite le cas d’Ubisoft, l’un des acteurs les plus engagés sur la thématique du handicap dans le jeu vidéo. « Sur 17 000 salariés, seulement sept personnes sont dédiées à l’accessibilité ». Maxime Viry l’affirme : « La difficulté pour nous n’est pas de chercher du business mais d’avoir la capacité d’absorber toutes les demandes qui nous tombent dessus ».

A travers ces différentes branches, Be Player One a réalisé, en 2022, un chiffre d’affaires de 352 000 euros. « Pour 2023, on vise plus d’un million d’euros et une fois la plateforme Saas en place, dès 2024, on compte atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros ».