Avec WYES, Sarah Mougharbel tente de redonner la parole à ceux qui l’ont perdue

Avec plus de 1 500 heures de recherche et développement sur son concept de lunettes connectées, la cofondatrice de WYES Sarah Mougharbel espère redonner la parole aux personnes handicapées et paralysées l’ayant perdue. Elle s’est confiée sur ce projet et son parcours entrepreneurial dans le format Trajectoire.  

Trajectoire Sarah Mougharbel

Une expérience personnelle. C’est ce qui pousse Sarah Mougharbel, Maxime Loubar et Pierre Jankowiez à se lancer dans un pari fou : développer des lunettes à destination des personnes handicapées pour leur permettre de retrouver la capacité à communiquer. « L’histoire de WYES démarre avec mon meilleur ami Maxime. A ses 8 ans, sa grand-mère est frappée par la maladie de Creutzfeldt Jakob. Elle était paralysée et ne pouvait plus communiquer. Mais techniquement, les personnes atteintes de cette maladie peuvent bouger les yeux. Donc il suffit de pas grand-chose pour qu’elles puissent communiquer à nouveau », déclare Sarah Mougharbel.  

Les trois amis réfléchissent alors à un concept de lunettes connectées avec capteurs sur lesquelles un logiciel vient détecter les mouvements volontaires des yeux de la personne. Nait alors WYES (when your eyes speak). Après plus de 1 500 heures de R&D et des déconvenues, « Nous visons une version aboutie et commercialisable d’ici septembre 2022 », déclare Sarah Mougharbel.  

Une solution inclusive pour réinstaurer le dialogue  

De nombreuses maladies ou handicaps engendrent une perte de parole et finissent par couper toute communication entre les malades, leurs proches et dans le pire des cas leurs médecins. Pour pallier cette difficulté et réinstaurer le dialogue avec les personnes atteintes de myopathies, scléroses, maladie de Charcot, AVC ou encore tétraplégie, le trio travaille depuis plus de 5 ans sur une technologie innovante : des lunettes équipées de capteurs infrarouges reliés à un boîtier électronique traitant les mouvements volontaires des yeux du patient. Grâce à cette fonctionnalité, l’interface propose à l’utilisateur une liste de mots. Les suggestions prennent en compte les habitudes du patient pour fluidifier les échanges. « Le clignement des yeux se substitue à notre clic de souris. Ça interagit avec une application pour que la personne puisse faire lire à voix haute ce qu’elle a saisi grâce à ses yeux. » explique la cofondatrice.  

« Quand on a essayé de lancer WYES pour la première fois, ça butait »  

Mais armé de sa seule motivation, le trio se retrouve très rapidement confronté à des déconvenues et laisse de côté le projet. « Quand on a essayé de lancer WYES pour la première fois, ça butait. J’étais persuadée que juste parce qu’on avait décidé de monter une entreprise je savais tout sur l’entrepreneuriat. Ce qui devait arriver arriva, j’ai foncé dans le mur. » Sarah Mougharbel entame alors une pause d’un an entre le Japon et la France et réalise un stage de 8 mois en tant que chercheuse en intelligence artificielle et en détection d’émotion. De retour, armée de ces nouvelles connaissances, elle se sent prête à retenter l’aventure. Les cofondateurs de WYES postulent à plusieurs concours et raflent de nombreux prix et récompenses. Entre autres, WYES a remporté la médaille d’or et le prix de l’univers connecté du Concours Lépine, le prix Pépite Tremplin de Bpifrance, le prix Student Project de Handi Tech Trophy et est lauréat du programme French Tech Tremplin, ce qui permet aux cofondateurs d’être incubés à Paris Dauphine. Plus récemment, la biotech a récolté 37 000 € grâce à une campagne de financement participatif sur KissKissBankBank. « Tous ces fonds récoltés depuis des années nous ont permis de développer un produit plus pertinent. », confie Sarah Mougharbel.  

Aujourd’hui Sarah, Maxime et Pierre sont à la recherche de personnes pour tester ce dispositif partout en France et espèrent pouvoir commercialiser leur produit d’ici septembre 2022.  

Julie Lepretre
Julie Lepretre Rédactrice web