Arbia Smiti [Rosaly] : « Malgré la crise, j’ai levé 10 millions d’euros avec ma fintech à impact »

Identifiée parmi les fameux 30 under 30 de Forbes, Arbia Smiti a fondé la fintech Rosaly. Son ambition : éviter aux salariés le piège de l’endettement grâce à une solution méconnue : l’acompte sur salaire. 

Arbia Smiti

« J’ai grandi en étant témoin de ce que signifiaient des fins de mois difficiles et la spirale du surendettement », explique simplement Arbia Smiti quand on lui demande d’où lui est venue l’idée de Rosaly. La fintech propose aux entreprises d’automatiser les acomptes sur salaire, une pratique totalement légale, bien que peu pratiquée, car administrativement lourde pour les entreprises. 

Loin d’être à son coup d’essai, la multi-entrepreneure était déjà à l’origine d’une technologie SaaS permettant à jeunes créateurs pouvaient vendre leurs vêtements en se faisant connaître. « Déjà là, je voulais avoir un impact sociétal positif. De ce fait, la solution était mise gratuitement à la disposition des jeunes créateurs », précise-t-elle. Pour Big média, Arbia Smiti revient sur sa définition de l’engagement en tant qu’entrepreneure et sur sa recherche de fonds. 

Big média : Les investisseurs sont-ils sensibles à la question de l’impact d’un projet entrepreneurial ?  

Arbia Smiti : On peut ressentir un décalage entre les discours favorables à l’impact et la réalité. J’ai vu une centaine de fonds lors des levées pour Rosaly, et pour l’essentiel d’entre eux, la visée sociale du projet est un plus, mais reste secondaire. Le business model ambitieux et exponentiel reste le critère principal. Pour convaincre les investisseurs, mon discours doit d'abord porter sur la viabilité du projet, ce qui est logique, et c'est ce dont je me suis assurée de toujours faire depuis la création de l’entreprise. Expliquer et chiffrer clairement le ROI de notre solution pour les entreprises et les utilisateurs a toujours été notre priorité.  

« je suis entrepreneure sur des problématiques qui me parlent » 

BM : Vous êtes une femme, vous êtes née et avez grandi en Tunisie : est-ce que cela influence votre parcours d’entrepreneuse ? 

AS : L’idée de Rosaly s’est imposée comme une évidence, je suis entrepreneure sur des problématiques qui me parlent, me touchent. Evidemment, même si j’ai déjà lancé différents projets et que j’ai une grande expérience en création et en scalabilité de startups, être une femme n’est toujours pas un avantage quand il s’agit de lever des fonds. Il existe encore des biais, à mon sens et il faudra encore sans doute toute une génération pour y venir à bout. Il y a quand même des signaux positifs. Malgré la crise, avec Rosaly, j’ai tout de même levé 10 millions d’euros, alors que la majorité des fonds d’investissements ont brutalement arrêté leurs financements.  

BM : Néanmoins, cela ne vous empêche pas d’avoir confiance en l’avenir… 

AS : Nos clients apprécient beaucoup les bénéfices de notre solution en termes de ressources humaines. L’acompte sur salaire est vu comme un avantage par les talents, cela contribue à les attirer et à réduire le turn-over.  

 Près d’un tiers des Français aimeraient être payés plusieurs fois dans le mois et notre solution permet d’organiser et gérer le salaire à la demande. Notre produit est scalable, déployable à un niveau européen et a déjà convaincu plus de 150 entreprises de toutes tailles et secteurs, ainsi que des dizaines de partenaires leaders sur leur marché comme ADP, Sodexo, Groupe UP,  Bimpli... Alors oui, je suis confiante. Mais je reste prudente aussi et je franchis les étapes les unes après les autres.   

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