Après avoir bousculé le secteur des syndics, Matera s’implante en Allemagne

En 5 ans d'existence, la start-up Matera a conquis plus de 5000 copropriétés en France et commence à s'ouvrir au reste de l'Europe. Rencontre avec l'un des cofondateurs.

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Cofondateurs Matera
Victor Prigent, Raphaël Di Meglio et Jérémy Krebs, cofondateurs de Matera

Quand Raphaël Di Meglio reçoit son premier appel de fonds en tant que copropriétaire d'un appartement en région parisienne, il n'y comprend pas grand-chose : « C'était illisible, il y avait plein de chiffres. Je me suis dit que cela devait être le cas pour d'autres personnes ». C'est à partir de là que l'idée de Matera germe dans la tête des cofondateurs en 2017, après de nombreuses interviews avec des propriétaires français. Le business modèle de Matera repose sur la possibilité d'accompagner les copropriétaires à devenir leur propre syndic, grâce à la loi de 1965 qui régit ce secteur. 

« Nous avions la possibilité de désintermédier le secteur en proposant un modèle vertueux dans lequel les clients gèrent leur argent de manière autonome. L'application est assez pédagogique. Les copropriétaires ont accès à leur solde en temps réel et comprennent donc où va leur argent, quelles charges sont couvertes. Mais notre proposition de valeur réside aussi sur notre équipe d’experts en interne, qui prend le relai sur les sujets plus complexes comme le juridique, les impayés etc. ». Après s'être développée à Lyon, Marseille, Nantes, Bordeaux, Lille, Toulouse et Strasbourg, la « proptech » vise désormais le marché européen grâce à une levée de fonds en série B de 35 millions d'euros réalisée en mai 2021. « Se développer dans un nouveau pays demande beaucoup de temps, d'énergie et d'argent. Pour son fort potentiel économique, nous avons donc choisi l'Allemagne car les honoraires de gestion de la copropriété y sont deux fois plus élevés qu'en France », assure le cofondateur.

S'adapter au marché allemand 

L’implantation sur ce nouveau marché demande alors un certain nombre « d'adaptations » aux équipes. En Allemagne, les règles juridiques au sein des assemblées générales ne sont pas totalement les mêmes qu'en France. Tout comme la répartition du chauffage dans les charges. « Après un lancement en septembre/octobre 2021, nous disposons d’une équipe de 20 personnes sur place et plus 100 copropriétés clientes. C’est un bilan positif ». Le recrutement a donné du fil à retordre aux équipes des ressources humaines : « En Allemagne, les gens sont moins intéressés par le secteur des startups. Nous avons dû redoubler d'efforts pour les attirer », atteste-t-il. Autre différence, le pays est beaucoup plus « décentralisé ». L’entreprise a donc recruté « beaucoup plus rapidement que prévu » des commerciaux régionaux pour se développer sur l’ensemble du territoire. 

Pour continuer son expansion, une autre levée de fonds en Série C est prévue pour la fin de l'année 2022 en attendant le lancement d’un potentiel nouveau produit ou une ouverture à un nouveau pays européen. Si la proptech faisait le choix de continuer à se développer en Europe, elle choisirait l’Espagne comme prochaine destination. « C’est un pays qui compte beaucoup de propriétaires (plus des 3/4 des Espagnols ont acheté leur logement, NDLR) », conclut Raphaël Di Meglio.
 

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