Entrepreneuriat féminin

Ada Tech School encourage les femmes à coder

Créée en 2019, Ada Tech School est une école d’informatique féministe qui souhaite répondre à la pénurie de main d’œuvre du secteur en le rendant plus inclusif, à travers une pédagogie alternative.  

adatech

Devenir l’école Montessori de la tech. Voilà l’ambition de Chloé Hermary pour Ada Tech School, une école d’informatique qu’elle a fondée en 2019. Fraîchement sortie d’études, la jeune entrepreneure souhaite développer une nouvelle approche de la formation en liant le monde de l’éducation à celui du travail. « On passe beaucoup de temps à l’école, mais souvent quand on en sort, on n’est pas plus avancé sur ce qu’on sait faire et ce qu’on veut faire », témoigne Chloé Hermary. Si l’informatique ne coule pas dans les veines de l’entrepreneure, elle constate cependant la pénurie d’emplois dans ce secteur. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) estime que seulement 25 % des besoins en recrutement sont couverts. L’objectif pour Chloé Hermary, à travers Ada Tech School, est de former ses étudiants aux métiers du code, et en particulier les femmes, encore sous représentées dans ce milieu.  

Un hommage à la pionnière de l’informatique : Ada Lovelace 

Les femmes ne représentent que 10 % des étudiants en informatique, révèle une étude réalisée par le cabinet Global Contact avec l’appui du secrétariat d’Etat au Numérique et le Conseil national du numérique. « Le manque de femmes dans la tech est un problème systémique. A travers Ada Tech School, on veut déconstruire les freins et les clichés autour de ces métiers », affirme Chloé Hermary. « Nous avons eu des témoignages de filles qui sont allées voir des conseillers d’orientation à qui elles ont dit qu’elles voulaient être ingénieurs et qui les orientaient plutôt vers des métiers de la communication », s’indigne l’entrepreneure.  

A lire aussi : L'edtech 

Si les femmes sont aujourd’hui sous-représentées dans le secteur de l’informatique, c’est pourtant bien une femme qui tient le titre de « premier programmeur du monde ». Ada Lovelace, à qui l’école rend hommage dans son nom, a créé le premier algorithme logiciel en 1842. Tombée aux oubliettes après sa mort, c’est seulement en 1953 que ses notes furent republiées. En 1979, le département américain de la Défense a même nommé un nouveau langage informatique « Ada » en son honneur, que de nombreux développeurs connaissent aujourd'hui. La pionnière de l’informatique comparait ses travaux au fonctionnement des machines à tisser, rendant ses découvertes plus digestes pour le grand public. Une volonté partagée par Chloé Hermary, qui, à travers son école, veut rendre l’informatique « plus humaine, créative et tournée vers ces utilisateurs ».  

Développer une pédagogie alternative 

La formation, qui a lieu en deux ans, dont une en apprentissage, rassemble des femmes et des hommes qui souhaitent intégrer les métiers de l’informatique, sans prérequis à l’entrée. « On est convaincu qu’il n’est pas nécessaire de sortir de filière scientifique pour se lancer dans la tech. On sélectionne des candidats à la motivation ». Les cours valorisent la pratique plutôt que la théorie, n’ont pas de système de notation et apportent du sens au code, en démontrant que programmer peut avoir un impact. « Aujourd’hui, il n’y a que 3 % de la population mondiale qui comprend ces langages et a du pouvoir sur une discipline qui est partout autour de nous. En enseignant l’informatique au plus grand nombre, on considère que cet apprentissage peut court-circuiter des inégalités sociales et offrir des jobs inspirants à l’avenir », assure Chloé Hermary.  

Les entreprises, séduites par ce modèle et avec un besoin de main d’œuvre se tournent vers Ada Tech School pour recruter leurs futurs programmeurs et programmeuses. « On leur propose de s’engager à recruter nos étudiants après avoir fait leur année en apprentissage au sein de leur entreprise ». Pour promouvoir l’inclusion dans ce secteur, « on organise des interventions chez eux pour les sensibiliser à la féminisation de la tech et on leur partage une feuille de route sur les actions qui peuvent être menées en ce sens », poursuit-elle. 

Ada Tech School compte aujourd’hui 90 étudiants, dont 70 % sont des étudiantes, un nombre qui ne fait que croître depuis sa création en 2019. Chloé Hermary a pour projet de déménager pour des locaux plus grands à Paris, d’ouvrir une école à Nantes en octobre 2022 et une troisième école ailleurs en France en 2023. A terme, l’entrepreneure aimerait proposer ses outils pédagogiques et sa formation en marque blanche pour étendre la « méthode Ada » au plus grand nombre.