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La Banque européenne d’investissement enclenche une nouvelle étape pour déployer sa stratégie « climat »

Premier financeur de startups en Europe à travers sa filiale du Fonds Européen d’Investissement (FEI), la Banque Européenne d’Investissement (BEI) redouble d’efforts pour soutenir les futurs champions européens de la « greentech ». Son Vice-président Ambroise Fayolle revient sur les nouveaux objectifs de l’institution européenne pour accélérer une « relance verte ».

Banque européenne

2020, année record pour la BEI en France. Avec un peu plus 10 milliards d’euros de financements dédiés à l’investissement dans les secteurs public et privé - 8,9 milliards d’euros issus de la Banque européenne d’investissement et 1,2 milliards d’euros du Fonds européen d’investissement – le banquier de l’Europe a consacré près de 48% de son budget à des projets « verts ». Rénovation thermique de bâtiments et énergies renouvelables, lancement de la plateforme “Bus propres”, un programme d’investissement permettant aux collectivités de verdir leurs flottes de bus, et soutien aux TPE et PME : la France est le premier pays européen bénéficiaire des investissements climat de la BEI.

Bpifrance : Dès la fin de l’année 2019, la BEI a annoncé une ambition très forte dans le domaine climatique, notamment l’augmentation de plus de 50 % de son activité pour les investissements verts d’ici à 2025. Quel a été le point de départ de cette réflexion ?

Ambroise Fayolle : Le climat est un sujet global. Si on souhaite atteindre les objectifs européens de neutralité carbone à horizon 2050, il faut mener une politique extrêmement ambitieuse. Et cette politique passe par plusieurs objectifs, en premier lieu quantitatifs, avec par exemple celui que vous venez de citer. La BEI va donc passer de 15 à 30 milliards d’euros d’investissements dans des projets d’entreprises et de collectivités qui œuvrent pour lutter contre le changement climatique ou en atténuer les effets.

Nous nous fixons aussi des objectifs qualitatifs. Cela n’aurait pas de sens de consacrer 50% de notre activité au financement d’une transition verte et durable si en parallèle nous finançons des projets qui ne sont pas alignés avec l’Accord de Paris.

B : Vous vous interdisez donc de financer certaines activités ?

A.F : Effectivement, nous avons par exemple pris la décision de ne plus financer de nouveaux aéroports ou de projets énergétiques qui recourent aux énergies fossiles, y compris le gaz. C’est une ligne de conduite que nous allons respecter grâce à des règles de contrôles internes et externes. Par exemple, nous demandons à notre partenaire Bpifrance de veiller à ne pas accorder un prêt à une PME qui aurait pour ambition de monter un projet dans le domaine du charbon. Cela paraît évident, mais il est important que la BEI soit garante de ce suivi.

B : A l’inverse, vous renforcez votre stratégie d’investissement pour une « relance verte ». Par exemple ?

A.F : Nous venons de financer le premier projet éolien offshore français à hauteur de 450 millions d’euros, dans le cadre du Plan d’investissement pour l’Europe. Ce financement permettra au consortium (EDF Renouvelables, Enbridge et wpd) de réaliser la construction du plus important parc éolien en mer de France, au large de Fécamp. C’est un chantier qui mobilisera plus de 1 400 emplois locaux.

Et puis il y a des projets plus risqués. Planter des turbines en mer, c’est une technologie que l’on connaît et maîtrise désormais mais développer des éoliennes flottantes, c’est plus compliqué. Et là aussi, la BEI doit être présente. Nous sommes là pour apporter ce que les autres n’apportent pas. Car avoir la BEI à bord de ces projets risqués permet de sécuriser le financement et de le diversifier.

B : Au-delà du climat, vous vous intéressez également aux enjeux d’environnement durable.

A.F : Effectivement. Tous les projets de la « Tech for Good » doivent être étudiés. Dans le domaine de l’économie circulaire, nous venons d’apporter notre soutien à Phenix qui a développé une application pour lutter contre le gaspillage alimentaire, via le fonds ETF Partners. C’est une innovation qui porte des valeurs communes à celles de la BEI. Et sans innovation, il n’y aurait pas de transition écologique et énergétique (TEE) possible. C’est intrinsèquement lié. Il faut soutenir toutes les innovations françaises, tous secteurs confondus. C’est comme ça que nous avancerons tous dans le bon sens, en faveur du climat.

B : Vous participez à Jour E le 6 avril prochain, un événement digital qui valorisera les greentechs françaises. Qu’attendez-vous de cette participation ?

A.F : C’est un événement très important ! Nous sommes très heureux de la stratégie climat mise en œuvre par Bpifrance. Elle va beaucoup aider l’écosystème des TPE et des PME à prendre le pas de la TEE. Les entrepreneurs ont conscience des enjeux climatiques, mais ce n’est pas toujours facile quand vous êtes une petite entreprise, d’investir en faveur du climat. C’est pour cela qu’il faut aider, pas avec des choses toutes faites, mais avec du sur-mesure. Et la BEI est là pour faire passer ce message.

Pour vous apportez des solutions concrètes afin de vous engager sur le chemin d’une croissance respectueuse de l’environnement, Bpifrance organise, le 6 avril prochain, Jour E : l'événement digital pour mettre votre business au vert. Inscrivez-vous dès maintenant !