Move’N See, la sportech française qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’international

La sportech Move’N See est la première entreprise à avoir développé une caméra auto-follow à destination des sportifs. La société, qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger, a depuis cette année lancé une caméra pour les sports collectifs et développe le live streaming.

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Des surfeurs aux prêtres évangélistes américains, l’entreprise Move‘N See a su convaincre un public diversifié et international avec ses robots caméras. Eric Willemenot, son fondateur, a imaginé en 2011 la première caméra auto-follow au monde, qui filme automatiquement et suit de manière autonome le sujet sélectionné. Cette technologie, à destination des sportifs, vise à faciliter leur entraînement et à corriger leurs positions en se filmant individuellement. Cette idée lui vient d’une frustration. « Quand je me suis mis au surf, mon entraineur me donnait des conseils pour m'améliorer, mais j'avais besoin de voir concrètement mes défauts ». Cette problématique, beaucoup de sportifs y font face, mais « avoir un caméraman peut coûter cher et demander à un bénévole n’est pas gage de qualité », note le dirigeant.

La société a d’abord apporté une solution aux sports individuels comme le patin à glace ou l’équitation et s’attaque, depuis cette année, aux sports collectifs. « En quelques mois seulement, les disciplines collectives ont dépassé notre marché historique. A titre d’exemple, les compétitions de foot dans le monde sont 50 à 100 fois plus nombreuses que celles d’équitation. Le potentiel est énorme », admet Eric Willemenot.

S’internationaliser grâce au web marketing

Si le fondateur de Move‘N See a d’abord cherché à vendre ses produits en France, l’international est très vite devenu une évidence. « Nous sommes sur un marché de niche, qui n’existait pas lorsqu’on s’est lancé. Il fallait donc multiplier les occasions de vendre, on ne pouvait pas se contenter de l’Hexagone ». Eric Willemenot adopte deux stratégies en parallèle. Il prévoit un budget pour commercialiser sa solution à l’international de façon traditionnelle et instaure une stratégie de web marketing, à travers un site internet bilingue et une communication sur les réseaux sociaux. « Dès la création de l’entreprise, en 2011, nous avons ouvert un compte sur Facebook et fait de la publicité, ce qui a très bien fonctionné ». Fort de ce succès, l’entrepreneur a décidé de basculer les frais commerciaux traditionnels vers le web marketing.

Grâce à cette stratégie, l’entreprise bretonne, qui conçoit et fabrique ses produits à Brest et à Douarnenez, vend son innovation à destination de sportifs dans 70 pays différents et réalise 90 % de ses ventes à l’export. En lançant cette année une offre pour les sports collectifs, le web marketing a permis à l’entreprise de cartographier ses clients. « Par exemple, aux Etats-Unis ce sont principalement des équipes de foot féminin. Dans les pays nordiques c’est le hockey sur glace, alors qu’en Belgique c’est plutôt le hockey sur gazon. Maintenant la carte est claire, on va pouvoir accélérer sur tous ces segments », indique Eric Willemenot. « Nous sommes fiers de faire rayonner une industrie française dans le monde entier », poursuit-il.

Parmi ses clients, si l'entreprise s'adresse principalement aux clubs sportifs, elle compte également des professeurs, conférenciers du monde entier et même des pasteurs d’églises évangélistes américaines. « Ils sont très technophiles et axés sur le marketing. 1 000 églises sont équipées de nos caméras, dont une en France ». Sur ces 25 %, les Français ne représentent que 10 % du volume des ventes, qui s’explique notamment par un décalage culturel et un retard concernant l’attrait des nouvelles technologies. « Pendant les confinements, j’assistais à des webinars sur le thème de l’éducation et comment s’adapter grâce aux outils numériques, tandis qu’en même temps je voyais les commandes défiler pour d’autres pays dans le monde ».

Développer les ventes dans les sports collectifs et l’innovation dans le live streaming

Mais, pour Eric Willemenot et ses équipes, la priorité reste d’intégrer sa technologie dans les disciplines sportives et en particulier dans les sports collectifs « Nous sommes les premiers à avoir proposé des caméras auto-follow, mais pas dans les sports collectifs. Nous avons donc une position de challengeur sur ce marché ». Et pour se distinguer de ses concurrents présents depuis 2014, l’entrepreneur a décidé de développer des caméras adaptées à chaque discipline. « C’est nécessaire d’avoir un algorithme pointu pour chaque sport. Les enjeux ne sont pas les mêmes si l’on filme du foot ou du rugby. C’est un moyen de montrer aux clients qu’on prend en compte les caractéristiques de leurs pratiques sportives ».

Au-delà de la vidéo autonome, la diffusion en direct représente elle aussi un potentiel de croissance pour Move‘N See. Récemment, la société est devenue fournisseur officiel de la ligue nationale française de volley. Elle a donc équipé les salles des championnats de Ligue A féminine et Ligue A & B masculines. Techniquement, la caméra filme en grand angle l’ensemble du terrain depuis un point en hauteur aligné avec le filet, qui offre le meilleur point de vue pour les internautes. Reliée à internet, elle lance automatiquement les lives au moment des matchs et affiche l’évolution des scores et des classements. « On a aussi équipé la ligue de casques et de petites régies audio pour commenter les matchs ». L’objectif est d’étendre cette offre à d’autres fédérations qui comptent beaucoup de licenciés mais dont les compétitions ne sont pas retransmises à la télévision. « Sur 200 sports, une poignée seulement est diffusée à la TV. Grâce à des entreprises comme la nôtre, il est possible de les partager au plus grand nombre en temps réel et à moindre coût ».