Frichti veut concurrencer les géants de l'alimentaire

En passant, en moins de 6 ans, d’une plateforme de livraison de repas à un supermarché en ligne, Frichti est devenu leader dans le secteur des dark stores. Retour sur cette success story française.

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Depuis sa création, l’axe de Frichti est clair : aider les citadins à manger mieux. « Par essence, notre cible est active, pressée, a besoin de gagner du temps, d’avoir de la flexibilité et est attirée par la slow food », note Julia Bijaoui , la présidente et co-fondatrice de Frichti.  
En 2015, quand Julia et son associé Quentin Vacher se lancent dans l’aventure, Uber Eats n’existe pas encore, et Deliveroo vient à peine de percer en France. « Certes, il existait des acteurs de type marketplace qui mettaient en relation des livreurs avec des restaurants pour livrer des clients, mais aucun restaurant n’avait son propre service de livraison intégré. Il y avait donc un énorme potentiel ! ».  

Le supermarché du quotidien 

« Frichti, c’est bien sûr une boite de food, mais c’est aussi une boite de technologie logistique. », affirme Julia Bijaoui. En livrant en moins de 20 minutes des produits périssables, l’entreprise gère de front la prévision des volumes afin d’éviter le gaspillage alimentaire et la logistique du dernier kilomètre. "Nous sommes l’un des seuls, dans le milieu des dark stores, à maitriser cette chaine", complète la dirigeante.  

Frichti surfe donc sur la tendance du quick commerce. D’abord en cuisinant et livrant des plats faits-maison, puis en élargissant son offre pour devenir un dark store (point de vente au détail ou un centre de distribution qui s'adresse exclusivement aux achats en ligne.). « Si je devais nous décrire, je dirais que nous sommes un supermarché nouvelle génération grâce à un inventaire qui colle parfaitement aux attentes des consommateurs d’aujourd’hui, à la recherche de plus de fraicheur et de transparence », déclare l’entrepreneure. Un choix judicieux puisqu’aujourd’hui 70 % du chiffre d'affaires de l’entreprise passe par cette stratégie de distribution.  

« Quand vous ne savez pas pourquoi un poulet fermier coûte trois fois plus cher qu’un poulet élevé en batterie, vous allez rarement être enclin à dépenser plus. Cependant, je reste convaincue qu’on n’est pas obligé de vider son porte-monnaie pour mieux manger », affirme Julia Bijaoui. Et côté rayons Frichti, ça se ressent ! Même s’ils sont supérieurs à ceux d’un supermarché classique, les prix des produits restent en cohérene avec le service de plats cuisinés qui a fait le succès de l’entreprise, avec des repas fait-maison autour de 15 euros. « On veut vraiment devenir votre supermarché du quotidien. Il vous coûtera moins cher de commander les produits et de les cuisiner vous-même, que de commander un plat Frichti tout fait », assure l’entrepreneure.  

Nouvelle demande, nouvelles offres 

Avec sa nouvelle offre, l’objectif de Frichti est également de contrer le géant Amazon et son essor croissant sur le secteur alimentaire, notamment depuis son alliance avec Monoprix. « On s’en inspire », assume l’entrepreneure dans au micro d’Europe 1. « Amazon est d’ailleurs très fort en logistique et en expérience utilisateur. Mais contrairement à lui, on pense que l’exhaustivité de l’inventaire n’a pas trop d’intérêt et qu’accumuler des milliers de références pour avoir le maximum de choix, c’est plus anxiogène qu’autre chose ». Un choix qui se ressent dans la sélection de produits de l’entreprise qui travaille en direct avec les producteurs via un circuit court en flux tendu.  

« Aujourd’hui, le digital doit aller plus loin que le simple mimétisme de l’expérience physique d’achat en grande surface ». Une analyse qui pousse la marque à miser sur une nouvelle façon de faire ses courses : l’achat par recette ! Avec plus d’une centaine de kits recettes à disposition sur le site de Frichti, le consommateur peut ainsi acheter directement par lots. Une stratégie qui s’étend depuis le déconfinement au secteur du B2B avec « Cantine 2 ». En s’adaptant aux nouveaux modes de travail et principalement au télétravail, Frichti propose désormais aux entreprises de repenser le modèle de cantine et l’offre déjeuner proposée à leurs employés. Chaque semaine, une sélection de plats préparés peuvent être commandés sous forme de kits recettes à cuisiner chez soi, le tout, prit en charge par l’entreprise.  

L’objectif de l’entreprise est aujourd’hui de répondre à un autre enjeu cher à sa cible : l’empreinte environnementale. Même si elle équipe depuis sa création tous ses livreurs de vélos ou scooters électriques, le packaging, lui, n’est pas encore totalement « vert ». « Même s’il est recyclé et biodégradable, il nous reste encore beaucoup de progrès à faire, notamment sur l’offre plats cuisinés », confie Julia Bijaoui. Un combat que l’entrepreneure mène désormais de front avec le développement de la marque à Lyon, Bordeaux, Lille et Bruxelles, sa première ville hors de France.