Alimentation, un futur indigeste ?

A l’horizon 2025, près de 10 milliards d'êtres humains devront être nourris, tout en préservant les ressources naturelles et équilibres économiques et sociaux. L’atelier-débat de Big Think sur le thème du futur de l’alimentation nous éclaire sur cette problématique et propose quelques pistes pour préparer demain. Revivez cette table-ronde animée par Xavier Turlet, président de XTC World Innovation.

  • Temps de lecture: 5 min
Alimentation futur

 

BIG THINK -  Alimentation : un futur indigeste ? par BIG-BpifranceInnoGénération

Le futur de l’alimentation : 5 points à retenir ! 

1 - Eviter le gaspillage alimentaire

Xavier Terlet a rappelé « qu’un tiers des aliments produits en France sont jetés ».

La start-up Optimiam s’est créée sur ce constat. « Nous avons eu l’idée en voyant un corner de vente de sushis d’un hyper Carrefour proposer en fin de journée ses produits à moins 50 % pour en jeter le moins possible. Notre concept : connecter le commerçant qui poste sur son interface les produits disponibles à prix réduit et le consommateur qui est informé en temps réel grâce à un système de push geolocalisé.  Ce sont surtout des commerçants qui opèrent dans les métiers de bouche avec produits périssables. Ils payent un forfait à l'année de 400 euros. Résultat : le commerçant jette moins et le consommateur mange moins cher. L’application a déjà fait l’objet de 22 000 téléchargements et 70 commerçants ont signé » explique Alexandre Bellage, cofondateur d’Optimiam.

Phenix, cofondée par Jean Moreau, a le même objectif : éviter le gaspillage !  « Nous gérons les invendus alimentaires via les associations, la filière animale et la méthanisation. Les produits sont gratuits pour les associations. La grande distribution bénéficie de ces dons en nature qui sont défiscalisables jusqu’à 60 % de la valeur du produit donné. Nous avons déjà convaincu une trentaine de magasins Leclerc et Système U, et nous avons 5 à 10 nouveaux clients par mois. Nos deux prochains enjeux : numériser les activités pour que cela se passe en temps réel et de manière automatisée, et la création d’un label antigaspi ».

2 – Les insectes, futur de la nourriture ?

La gastronomie étant avant tout affaire de culture, comment convaincre le consommateur français de manger des insectes ? La société Jimini’s a trouvé la solution : les proposer à l’apéro. « Après une soirée passée devant Koh Lanta et l’épreuve consistant à manger des insectes, nous les avons goûtés et ce fut une révélation : ils ne sont ni gluants ni bizarres. Néanmoins le goût n’était pas terrible. Nous nous sommes dit : et si on les assaisonnait ?  Bingo ! Nous proposons des goûts poivre et tomates séchées qui plaisent beaucoup. Néanmoins, en France, il faut des insectes entiers, ce qui est très contraignant. On attend une évolution législative de l'Europe. Nos produits sont vendus dans 360 points de vente, les Galeries Lafayette et le BHV à Paris, ainsi que Nature et Découvertes. Il faut sortir des préjugés et faire entrer l'insecte dans l'alimentation. Le bon moment, c’est l'apéritif. C’est une alternative originale à la sempiternelle cacahuète ». 

 

On se fait une partie de criquet ? Bpifrance ose la dégustation d'insecte en #live by @Jimini_spic.twitter.com/3VHvu12mIo

— Bpifrance (@Bpifrance) 10 Juin 2015

 

Ynsect parie sur une autre utilisation des insectes : l’alimentation animale. « Nous voulons redonner de la naturalité dans l'alimentation des animaux avec les insectes. C’est un marché énorme : 20 % du marché des farines aquacoles équivaut à 5 milliards d’euros ! Nous avons commencé avec l’élevage de scarabées à petite échelle mais nous visons une première installation industrielle. Nous serons moins chers que la farine de poisson. Nous allons construire une première unité capable de produire quelques tonnes par jour à Dôle dans le Jura » détaille Antoine Hubert, CEO d’Ynsect.

3 – La montée en puissance des microalgues

Mathieu Goncalves, cofondateur d’Algama, a créé la société suite à l’expérience d’un de ses amis. «  À la suite d’une cicatrisation trop lente,  il s'est vu préconiser de la spiruline, une microalgue riche en vitamine et protéines, mais difficile à ingérer en grandes quantités. Nous avons donc développé des produits qui ont bon goût et faciles à manger ou à boire, comme notre boisson à la spiruline Springwave, qui sera sur le marché en juillet prochain ».

4 – Des champignons en kit

« Nous voulions créer une entreprise dans l'agroalimentaire et nous sommes tombés sur des mousserons dans la cour de l'Essec. Nous avons cherché sur Google des informations sur les champignons et découvert que certains les faisaient pousser avec du marc de café. Nous sommes allés récupérer ce marc de café dans les cafés Starbucks puis, après un an, nous sommes passés à la sciure de bois recyclée, une matière première plus propre et de qualité standard » raconte Romain Belhagel, cofondateur de Prêt à Pousser. La jeune société a commercialisé 20 000 de ces kits, une boîte plus un spray qui font pousser en dix jours une botte de champignons. Une trouvaille qui a remporté le prix de l’innovation au SIAL 2014. La start-up a créé un autre produit, Lilo, un appareil permettant de faire pousser des herbes aromatiques toute l’année.

5 – Demain, l’aquaponie pour tous

 

@xavierterlet: L'autoproduction des aliments à la maison, une tendance en devenir ou une simple niche ? #InnoGeneration

— AC (@ChouetteAgile) 10 Juin 2015

 

La start-up Risebox croit au futur radieux de l’aquaponie, une technique qui mêle aquaculture et hydroponie. Sa devise : un éco système vivant et connecté qui produit une nourriture savoureuse saine et soutenable chez vous. C’est une sorte d’armoire avec un aquarium à poissons en bas et des plantes qui poussent sur des bacs au-dessus. « C’est l’équivalent d’un potager de six mètres carrés. Les bactéries purifient l'eau des poissons. On peut faire pousser des plantes et légumes variées (carottes, tomates, poivrons, herbes aromatiques) et même des fleurs. Nos prototypes fonctionnent. Ils permettent de produire sa propre nourriture chez soi garantie bio » précise Nicolas Nardone, CEO de Risebox, qui voit dans son invention «  une vraie révolution : l'auto production de nourriture en milieu urbain ».

 

BIG inno de @Bpifrance. Wow! Quel événement! Pouvoir parler #innovation alimentaire différemment. Rafraîchissant. https://t.co/4q0RedMS1S

— xavier terlet - XTC (@xavierterlet) 10 Juin 2015

Les intervenants de l’atelier débat « alimentation, un futur indigeste ».

  • Animateur : Xavier Terlet (XTC World Innovation)
  • Romain Behaghel (Prêt à Pousser)
  • Alexandre Bellage (Optimiam)
  • Mathieu Gonçalves (Algama)
  • Antoine Hubert (Ynsect)
  • Jean Moreau (Phenix)
  • Nicolas Nardone (Risebox)
  • Benoît Plisson (Ici et Là)
  • Bastien Rabastens (Jimini’s)