Economie de la mer

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Transport maritime : Zéphyr et Borée, la startup qui donne des « ailes » aux cargos

La jeune pousse nantaise ambitionne de décarboner la marine marchande. Le navire hybride qu'elle s'apprête à construire avec la compagnie maritime Jifmar Offshore Services sera doté de voiles rigides géantes. Demain, il pourra consommer jusqu'à 45 % de carburant en moins et ainsi contribuer à la transition énergétique.

L'année 2019 aura été celle du grand bond en avant pour Zéphyr et Borée. En octobre, la startup basée à Nantes a remporté un appel d'offre prestigieux lancé en 2017 par ArianeGroup. L'industriel spatial a en effet retenu Alizés, joint-venture créée pour l'occasion par Zéphyr et Borée avec Jifmar Offshore Services, et son navire « Canopée », pour transporter dès 2022 le lanceur Ariane 6 vers la Guyane. La spécificité du cargo de 121 mètres de long tient en la présence de quatre ailes verticales articulées, couplées à un routage météorologique de pointe. Unique en son genre, le bâtiment consommera en moyenne 30 % de carburant de moins qu'un navire conventionnel. Dans des conditions optimales, ce chiffre atteindrait même 45%. 

 

À la barre de Zéphyr et Borée se trouve un trio de jeunes trentenaires convaincus qu'un shipping propre est possible. « Ce qui nous satisfait le plus, c'est de penser que Canopée pourrait marquer un tournant en la matière, confie Nils Joyeux, le CEO. Depuis que l'information est sortie, nous sentons un fort engouement. Le transport à la voile est arrivé sur le devant de la scène. Comparé à il y a cinq ans, c'est le jour et la nuit. » 

Un partenariat avec l'architecte naval Marc Van Peteghem (VPLP) 

Il y a cinq ans, justement, Nils Joyeux, Victor Depoers et Amaury Bolvin terminaient à peine leurs études : les deux premiers au sein de l’École nationale supérieure maritime (ENSM), le second à l'Edhec. Le projet de fin d'étude a perduré, s'est transformé en association, puis en entreprise, en 2017. Rien n'aurait été possible toutefois sans une rencontre « fondatrice » avec Marc Van Peteghem, aujourd'hui leur partenaire. Le co-fondateur du cabinet d’architecture navale VPLP n'est rien d'autre que le père de l'aile rigide articulée. « Voir des jeunes officiers qui croyaient en son innovation lui a plu. Nous partagions la conviction qu'il était nécessaire de changer de paradigme, non pas via un retour à la voile classique, mais bien par un "moteur éolien", raconte Nils Joyeux. Nous, nous lui apportons une expertise liée aux métiers de la marine marchande ». 

Plusieurs années de tâtonnements ont été nécessaires ensuite. Plusieurs projets intégrant les ailes de VPLP ont tour à tour été esquissés, du cargo-école au transporteur de palettes de vin. Les jeunes diplômés ont « sillonné la France à la recherche de clients et aussi afin d'acquérir une vision du marché », relate Amaury Bolvin. Jusqu'à l'appel d'offre d'ArianeGroup lancé fin 2017.

Deux ans de chantier pour bâtir « Canopée »

Les prochains mois s'annoncent intenses pour Zéphyr et Borée et la joint-venture Alizés. Au printemps 2020, elle retiendra le chantier naval chargé de construire Canopée. S'il n’est pas français, il sera européen. Quant aux voiles, elles verront le jour à La Seyne-sur-Mer. Deux ans de travaux seront ensuite nécessaires. En prévision de ce changement de dimension, la société nantaise, qui ne compte aujourd'hui que quatre employés, est en passe de boucler sa première levée de fonds auprès d'un investisseur privé spécialisé dans les énergies renouvelables. 

Mais la startup voit déjà plus loin que le bout de sa voile. « Nous ne nous limiterons pas à la technologie de l'aile rigide, annonce Nils Joyeux. Notre mission consistant à décarboner le transport maritime, cela pourra passer par d'autres approches, d'autres technologies et d'autres collaborations. Cela tombe bien, notre investisseur arrive justement avec de nouvelles briques technologiques ». 

Parce qu'aujourd’hui se construit l’économie française de demain, Bpifrance a lancé le projet « Demain », une démarche collective de réflexion sur neuf enjeux majeurs, autour de l'économie et de l'industrie :

  • mieux se protéger 
  • bâtir les territoires de demain
  • réussir la transition écologique et énergétique
  • créer l’entreprise et le travail de demain 

  • nourrir l’humanité
  • faciliter la mobilité
  • répondre à l’épanouissement de l’individu
  • repenser la formation initiale et continue
  • vivre et vieillir en bonne santé