TEE : recycler les aimants, l’alternative face aux importations chinoises ?

Indispensable au développement des énergies vertes, les aimants représentent un réel enjeu d’indépendance pour l’Europe. En développant le recyclage de ces derniers, l’entreprise française MagREEsource pourrait bien s’imposer comme alternative sur ce marché ultra-stratégique.

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Mine à ciel ouvert

Relocaliser la fabrication d'aimants en France tout en sécurisant l'apport de l'Europe en métaux critiques, c'est l'ambition de MagREEsource. Pour ce faire, le groupe voit grand et projette une production atteignant 10 % des besoins des Européens en la matière. Créée en 2020 à Grenoble, par la chercheuse au CNRS Sophie Rivoirard et le spécialiste de l’industrie Erick Petit, l’entreprise est la première en France à se positionner sur ce marché jusque-là réservé à la Chine.  

Or, peu le savent mais les aimants sont indispensables dans nombre de secteurs stratégiques. On les retrouve notamment dans l’énergie, les transports, la robotique ou la défense. Des besoins qui ne cessent de croître à mesure que les mobilités électriques et renouvelables se développent. Une nécessité d’approvisionnement qui devient un problème de souveraineté quand on réalise que 95 % des terres rares indispensables à la conception des aimants se trouvent en Chine. L’empire du milieu aurait main mise sur 90 % de la production mondiale.  

Un gisement d’aimants usagés estimé à 90 000 tonnes en Europe 

« Notre concept s’inspire des initiatives en faveur du recyclage des batteries lithium », explique Erick Petit, co-fondateur de MagREEsource. « Il s’agit d’une vision magnet-to-magnet. L’idée est de collecter les déchets d'aimants importés depuis 40 ans, que l'on sait déjà transformer en poudre grâce à une technologie à base d'hydrogène bien maîtrisée ». 

Une fois la poudre produite, il reste encore à en faire un aimant de qualité industrielle. Pour ce faire, l’entreprise grenobloise compte sur des procédés développés spécialement pour permettre de transformer la poudre en produit fini, tout en garantissant des propriétés magnétiques élevées.  

Un procédé qui réduit de 80 % les émissions de CO2  

Pour son développement, cette spin-off (entreprise ayant émergé depuis un autre organisme, ndlr) du CNRS mise autant sur la technologie et la souveraineté industrielle que sur le développement durable, explique Erick Petit. « Nous avons démontré que nos procédés de fabrication permettaient d’économiser 80 % d’émissions de CO2 par rapport aux aimants chinois avec des terres rares issues de la mine, un argument qui compte pour nos futurs clients ». 

À l’automne, la start-up, doit inaugurer un site industriel pilote et devrait, d’ici 2026, disposer d’une usine capable de produire annuellement 500 tonnes d’aimants. Commercialement, MagREEsource « multiplie déjà les contacts avec les futurs clients et livre des prototypes », affirme son co-fondateur. Une levée de fonds doit être bouclée dans le courant de l’été. 

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