Stanislas Coppin [Powder] : « Le jeu vidéo devient une expérience sociale »

Stanislas Coppin a cofondé Powder. De façon rapide et simple, l’application permet aux gamers de partager des extraits de leurs parties de jeux vidéo et s’inscrit dans la tendance émergente du « social gaming ».

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« Nous sommes à la préhistoire du gaming ». Stanislas Coppin, cofondateur de Powder, est conscient de s’aventurer sur un terrain encore frais : le social gaming. Malgré sa jeunesse, le marché du « jeu vidéo social », qui favorise les interactions sociales entre les joueurs, semble avoir un avenir radieux, en témoigne les succès de Twitch et Discord. Là où la première permet de se filmer en train de jouer tout en interagissant avec sa communauté via un chat en direct, la seconde est une messagerie instantanée plébiscitée par les gamers. Avec Powder, Stanislas Coppin veut s’immiscer sur le terrain des deux géants et se placer à l’intersection des deux concepts. L’application permet aux joueurs de capturer des extraits de leurs séquences de jeux pour les partager aux autres utilisateurs de l’application. Par son succès, Powder démontre que la « sociabilisation » du jeu vidéo devient bel et bien un sous-marché sérieux.

Bpifrance : Pouvez-expliquer le concept de Powder ? Comment vous est-il venu ?

Stanislas Coppin : En décembre 2019, on a commencé à créer une communauté de gamers pour comprendre leurs besoins sur la partie vidéo, le social et l’IA. En interrogeant des utilisateurs, nous avons constaté un énorme besoin sur la partie d’édition de « game clips », c’est-à-dire d’extraits de jeux vidéo. Après avoir trouvé cette proposition de valeur, nous sommes passés de quelques dizaines à 50 000 personnes qui nous suivent sur notre Discord. Ça nous a permis de récupérer des feedbacks pour créer notre produit avec notre communauté et le sortir deux mois plus tard. Aujourd’hui, nous souhaitons permettre aux créateurs d’être tippé (ndlr : soutien financier participatif des utilisateurs aux créateurs) par la communauté et ainsi monétiser leur audience. Dans un second temps nous irons vers l’advertising natif.

B : Vous voulez devenir une référence en tant que plateforme de jeu vidéo social. Qu’est-ce que cela veut dire pour vous ?

SC : On veut devenir LA plateforme vidéo du social gaming. Aujourd’hui, il se résume quasiment à deux grosses boîtes : Discord et Twitch. Discord pour la partie communication et Twitch pour la partie live. Là où Twitch fait du live, nous sommes asynchrones. Ils font du format long et nous du court. Discord a grandi avec le son, et nous avec la vidéo. On se place vraiment à l’intersection de ces deux plateformes en se positionnant sur le terrain de la vidéo. Les gens peuvent discuter, mais aussi partager leurs sessions de jeux.

B : La « sociabilisation » du jeu vidéo représente une véritable opportunité de business ?

SC : Oui, et la tendance s’est accélérée avec le Covid-19. Les gens se retrouvent de plus en plus pour jouer. Pour les jeunes, le jeu vidéo est un peu comme aller dans un bar : ils se retrouvent pour communiquer, c’est un espace de sociabilisation. Le jeu vidéo devient une expérience sociale. Le clip n’est pas uniquement de la performance, on veut aussi se montrer, montrer son style, etc. C’est comme une expérience « lifestyle », mais dans un jeu.

B : Le social gaming a-t-il un réel avenir selon vous ? De plus en plus d’acteurs vont émerger sur ce marché ?

SC : Oui, je pense que nous sommes à la préhistoire du gaming. Aujourd’hui, le jeu vidéo représente l’un des plus gros marchés, il a déjà dépassé le cinéma et la musique, mais je pense qu’il va devenir encore plus important. Le métaverse (ndlr : monde virtuel qui héberge une communauté d’utilisateurs et de joueurs) va se développer et nous ferons face à l’avènement de jeux qui vont commencer à s’imbriquer entre eux avec, derrière, des outils qui vont supporter ce monde. Par exemple, un outil comme le nôtre, qui va permettre aux gens de capturer leur vie virtuelle et de la partager. De plus en plus de solutions vont structurer cet univers qui est encore tout petit, voir qui n’existe presque pas. De nouvelles manières de créer du contenu vont émerger et de nouveaux types de jeux aussi, qui vont se rapprocher de l’expérience sociale.

B : Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?

SC : Après avoir démarré aux Etats-Unis, notre but est d’aller en Asie puis en Europe. Nous voulons faire de Powder la plus grande plateforme de social gaming grâce à la vidéo. Instagram a fait découvrir les photographes mainstream et a même transformé les gens en photographes. Nous, on veut transformer les gamers en créateurs. A partir du moment où ils ont un outil assez simple pour le faire, on pense que tous les gamers peuvent devenir des créateurs.