Revenue Based Financing, de quoi parle-t-on ?

Encore peu exploitée par les entrepreneurs français, la Revenue Based Financing propose une alternative aux solutions de financement traditionnelles. Gabriel Thierry, co-fondateur de Karmen, une fintech spécialisée dans le financement sans dilution, nous en dit plus sur ce nouvel allié des entrepreneurs.  

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Si la levée de fonds ou les emprunts bancaires sont monnaie courante pour de nombreuses entreprises françaises comme internationales. Ils sont parfois mal adaptés aux besoins plus ponctuels des jeunes entreprises du digital (e-commerce, SaaS ...). C’est là qu’entre en scène une nouvelle solution de financement : la Revenue Based Financing. Ce mode de financement non-dilutif* (contrairement à la levée de fonds) permet aux entrepreneurs de ne pas s’endetter, ou de réaliser des tables, et d’obtenir un financement en 24 à 48h.  

Gabriel Thierry, co-fondateur de Karmen, l’une des fintechs françaises de référence en Revenue Based Financing, revient sur les opportunités qu’offre cette opération aux entrepreneurs.  

Big média : Comment fonctionne la Revenue Based Financing (RBF) ? 

Gabriel Thierry :  La Revenue Based Financing – ou Royalty Based Financing,- peut littéralement se traduire par “financement basé sur les revenus”. C’est une solution permettant d’avancer les revenus récurrents des entreprises. Elle repose sur trois principes : la rapidité, la non-dilution et la transparence. Cela permet aux entreprises de ne pas attendre d’encaisser tous les mois leurs clients mais de récupérer rapidement leur capital. C’est en fait une avance de trésorerie qui débloque du capital de croissance non dilutif. En échange, les financeurs reçoivent un pourcentage du chiffre d’affaires de l’entreprise.  

Le remboursement des fonds obtenus intervient quant à lui quelques mois après l’obtention du financement. Le montant de la mensualité est calculé en fonction des performances du mois, à la différence d’un emprunt bancaire “classique” qui est fixe. En contrepartie, l’entreprise qui vous finance via la Revenue Based Financing prélève une commission, dont le montant varie généralement entre 6 à 9 % du montant financé, et c’est tout. Pas de dilution, vous restez seul maître à bord de votre entreprise. C’est une solution très développée aux États-Unis, notamment par des entreprises telles qu’Amazon, Square ou Paypal.  

BM : Pourquoi cette opération s’adapte-t-elle davantage aux besoins d’une jeune entreprise du digital ?  

GT : Structurellement et réglementairement, certaines banques sont encore assez mal adaptées au financement d’entreprises du secteur du digital qui sortent complètement des modèles de risque et d’octrois de prêts « classiques ». Pourtant, nombre d’entre elles sont à la recherche de financements pour des besoins ponctuels tels que l’acquisition client, le marketing, le recrutement ou le développement de produits.  

En aucun cas cette solution ne concurrence les banques puisque la Revenue Based Financing reste un financement court terme (entre 6 et 12 mois) contrairement à d’autres établissements qui proposent des accompagnements sur de plus longues durées. Avec cette offre, on vient simplement cibler une part du marché qui est très peu servie. Ces entreprises ne disposent pas des actifs traditionnels que les banques aiment avoir pour émettre un financement. Elles sont jeunes, n’ont pas d’inventaires, de stock, d’usines ou de machines… En somme, tout ce qui permet aux banques de prendre des garanties et de se protéger en cas de risque. 

"Toute la valeur de Karmen a été créée sur la transparence et la fluidité"

BM : Comment fonctionne Karmen, votre solution elle-même basée sur la Revenue Based Financing ?  

GT : Avec la Revenue Based Financing nous avons voulu réinventer l’accès au financement en proposant un process extrêmement rapide. On apporte une solution de financement en moins de 48h via un process entièrement digitalisé qui allège la charge mentale de l’entrepreneur.  

Toute la valeur de Karmen a été créée sur la transparence et la fluidité. Pour ce faire, le dirigeant va venir s’intégrer sur notre plateforme, via un « plug-and-play », afin de nous donner accès à des informations telles que la facturation, la comptabilité, le marketing ou encore la partie bancaire. Toutes ces connexions vont nous donner des informations dynamiques en temps réel sur la santé financière et opérationnelle de l’entreprise et nous permettre de déterminer l’offre de financement la plus compétitive dans le but d’accélérer sa croissance.  

BM : Pourquoi avoir axé votre solution de financement RBF sur le secteur du digital, et notamment de l’abonnement ?  

GT : Au sein de l’économie du digital et du numérique, le business de l’abonnement est en train de devenir le business model dominant, avec des volumes en pleine croissance. La France est d’ailleurs le pays où l'abonnement croît le plus vite, en moyenne 19 % par an. De plus, ce sont des entreprises qui par nature ont difficilement accès à des financements adaptés à leurs besoins à l’instant T. Nous avons donc souhaité développer une offre pour les accompagner.  

BM : Une offre de financement RBF qui s’adapte notamment à des profils « régionaux » ?  

GT : Exactement ! Si on prend l’exemple de la levée de fonds, environ 80 % des montants sont concentrés en région parisienne et concernent majoritairement des entrepreneurs masculins.  

C’est dans ce but que nous souhaitons que la plateforme se déploie massivement sur le territoire français et notamment en région. C’est un schéma extrêmement vertueux pour les entrepreneurs qui leur permet d’avoir un accès plus simplifié à un premier niveau de financement. On travaille donc d’arrache-pied pour l’évangéliser et le rendre encore plus accessible, non pas simplement en Ile-de-France, mais sur tout le territoire. En parallèle, on projette de se déployer très prochainement en Europe du Sud qui regorge d’entreprises du digital en mal de financement ou de trésorerie. 

 

*Le financement non-dilutif va alimenter la trésorerie contrairement au dilutif qui a pour effet de réduire le pouvoir de contrôle des actionnaires actuels de l'entreprise, sa rentabilité ou encore ses bénéfices par actions 

 

FAQ du Revenue Based Financing (RBF)  

Définition : qu’est-ce que le Revenue Based Financing  

Signifiant littéralement financement basé sur le revenu, le revenue based financing (RBF) se présente comme une alternative aux levées de fonds pour les startups souhaitant continuer leur croissance. Né aux Etats-Unis, cet outil financier définit plus simplement un prêt accordé à une entreprise en fonction de ses prévisions de vente. En règle générale, ce moyen de financement s’adresse spécifiquement aux commerces en ligne, car la collecte des KPI (key performance indicator) y est facilité pour les financeurs.  

Quelles sont les conditions pour obtenir un Revenue Based Financing (RBF) ? 

Toutes les entreprises ne peuvent pas prétendre à l’obtention d’un prêt basé sur les prévisions de vente. Tout d’abord, ce type de financement est réservé aux entreprises exerçant exclusivement en ligne. Ce critère s’explique notamment par le fait que le traitement de données fiables et facilement traitables est facilité depuis les résultats d’un site internet. De même, les entreprises désireuses de souscrire à un Revenue Based Financing (RBF) doivent aussi faire état de ventes récurrentes (le chiffre d’affaires annuel minimum est de 120 000 €) pour que les prévisions de revenus soient crédibles. Enfin, pour souscrire à ce type de prêt, il faut bien entendu être solvable. 

Comment souscrire à un Revenue Based Financing (RBF) ? 

Dans l’idée, un Revenue Based Financing (RBF) permet à un commerce en ligne d’obtenir de la trésorerie en se basant sur ses ventes prévisionnelles. Mais concrètement, comment cela fonctionne-t-il ? Pour estimer votre CA futur, le financeur se connecte aux outils en ligne de l’entreprise (ceux-ci comportent : vos comptes bancaires, votre compte Google Ads, vos autres comptes publicitaires et l'accès à votre plateforme e-commerce). Grâce ç ces éléments, une réponse est rendue par le créditeur sous 72 heures - un temps beaucoup plus court que pour d’autres types de financements. Pour le remboursement, il se fait mensuellement et dépend directement des ventes effectuées. Concrètement, le financeur perçoit un pourcentage sur vos ventes jusqu’à remboursement du prêt.  

Quels sont les avantages du Revenue Based Financing ? 

Si les prêts basés sur prévisions de ventes se développent tant, c’est qu’ils comportent un certain nombre d’avantages, dont voici les principaux :  

  • Une grande rapidité et des démarches administratives simplifiées  
  • C’est un levier de trésorerie non dilutif. Ce qui implique donc que le dirigeant, lorsqu’il fait une demande de RBF, reste le détenteur du capital de son entreprise. À l’inverse, lors d’une levée de fonds, la propriété de l’entité passe du côté des investisseurs  
  • Le montant mensuel des remboursements est indexé sur le chiffre d’affaires effectué par l’entreprise. Le remboursement du prêt ne risque donc pas de mettre l’affaire en difficulté. 
  • Avec des taux compris entre 4 et 10% en fonction du profil du demandeur et de la durée de remboursement souhaitée, les financements basés sur estimation de revenue coûtent environ autant que les prêts bancaires de court terme conventionnels.  

RBF : quels acteurs français proposent ce type de financement ?  

Ce type de neo-financement basé sur les revenus (RBF) est proposé par des fintechs, c'est-à-dire des startups innovantes dans le secteur financier. En France, cet écosystème est en plein boom et de nombreux acteurs à l’image de Silvr qui, avec une levée de fonds de 130 millions d’euros l’année dernière, ambitionne une place de leader européen dans ce secteur. Nous comptons également deux autres fintechs du RBF en France : Karmen et Unlimitd.   

Revenue Based Financing : le modèle de financement alternatif rendu possible par l'Open Banking ?   

Depuis 2018, l’industrie bancaire est en pleine mutation avec notamment l’essor de ce qu’on qualifie d’Open Banking, c'est-à-dire la possibilité pour certaines startups d’exploiter sous conditions les données financières de leurs clients. Une mutation rendue possible dans l’Union Européenne par la deuxième version de la Directive sur les Services de Paiement (DSP2). L’objectif du texte est de renforcer la sécurité des paiements et d’encadrer les prestations de services de paiements au sein de l’Union européenne. Un texte décisif qui permet aux fintechs d’établir un bilan très précis de leurs clients - et donc de pouvoir octroyer les fameux Revenue Based Financing (RBF).  

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Mélanie Bruxer Rédactrice web