Phénix lutte contre la précarité alimentaire à l’heure du confinement

Depuis ce deuxième confinement, les combats contre la précarité et le gaspillage alimentaire sont plus que jamais d’actualité. Focus sur les actions de Phénix qui revend moins cher les invendus alimentaires ou les propose à des associations.

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« 100 millions de repas distribués depuis 2014, avec 120 000 repas donnés par jour ».

Avec une année 2020 marquée par la crise sanitaire, la précarité alimentaire touche davantage de monde en cette période de confinement. Pour éviter de gaspiller de la nourriture, Phénix coordonne les invendus alimentaires de la grande distribution et des restaurateurs pour les proposer à des prix cassés ou les redonner à des associations caritatives.

L’activité de Phénix dopée par le confinement

A chaque début de quarantaine, l’activité de Phénix explose : « dans les premiers jours de confinement, l’activité est très importante car les restaurants ferment et doivent vider leurs cuisines ». Des chiffres qui reviennent ensuite à la normale car les commerçants ajustent leurs stocks et font ainsi baisser le pic d’activité de cette entreprise sociale et solidaire.

En temps normal, chaque panier repas vendu à travers l’application génère 1 euro de profit pour Phénix. Lors du premier confinement, le fondateur Jean Moreau décide de « rendre l’application complètement gratuite pour les distributeurs revendant des denrées alimentaires ».
Afin d’être original et de se renouveler dans leur démarche, Phénix réalise une opération coup de poing pour le deuxième confinement. « Près de deux cents restaurateurs parisiens ont donné leurs invendus afin de faire le bonheur des associations ». Une intervention permettant d’offrir aux bénéficiaires des produits frais et de qualité comme des fruits, des légumes, de la viande et du poisson.

Comme cas concret, trois jours avant l’entrée en vigueur du confinement de novembre, tous les restaurants italiens de la chaîne Big Mama ont dû vider leurs stocks de nourriture. Phénix décide de récupérer leur marchandise pour la mettre à disposition des consommateurs sur son application : « mozzarella, pâtes fraiches, pâtes à pizza, des paniers qui revenaient entre – 50 a – 70 % du prix initial » explique Jean Moreau.

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Qui utilise la plateforme Phénix et pourquoi ?

Phénix a remarqué deux tendances de fond responsables dans l’accélération de son activité. La première est la hausse des personnes bénéficiant d’une aide alimentaire. « Les associations connaissent une augmentation de 39 % des personnes qui touchent une aide liée à l’alimentation » déclare Jean Moreau.

La mise au chômage partiel de millions de salariés constitue la deuxième raison de la popularité de Phénix ces derniers temps. « On est passé de 300 mille téléchargements de notre application l’année dernière à 1,5 million aujourd’hui » constate Jean Moreau, preuve que les bons plans alimentaires attirent de plus en plus de monde.

Pour le PDG de Phénix, trois types de consommateurs viennent sur son application : « 70 % des utilisateurs ont des contraintes budgétaires, 20 % sont sensibles à l’écologie et veulent faire un achat responsable, les 10 % restant sont ceux qui veulent donner un coup de main aux commerçants de proximité ». Cette dernière catégorie a vu le jour récemment, en adoptant un comportement solidaire face à la crise causée par le deuxième confinement. « Avec une baisse du Click & Collect de moins 40 % en mars-avril sur l’application, la baisse est à peine de 5 % en ce moment », remarque Jean Moreau.

Il semble qu’une prise de conscience sur l’importance de consommer local depuis le premier confinement. Privé de sorties et de nombreux loisirs, une majorité de Français a décidé de reporter son budget sur l’alimentation, privilégiant souvent l’achat de produits de circuits courts.

Une entreprise solidaire qui refuse tout type de gaspillage

Autre que sa facette Business to Consumer à travers l’application, Phénix relie les entreprises qui ont des excès de production et les associations caritatives constamment à la recherche de fourniture en tout genre. Une initiative pour « mettre en lien l’offre et la demande pour qu’aucun produit, alimentaire ou pas, finisse à la poubelle ou en destruction ».
Il arrive fréquemment que des produits de première nécessité ne soient plus vendables lorsque leur packaging, un ingrédient ou une norme change.
Une opportunité pour Phénix de récupérer ce matériel « plus vendable », en proposant des produits d’hygiène pour les plus démunis comme « du dentifrice, du déodorant ou des serviettes hygiéniques » détaille Jean Moreau.

Pour la suite de son évolution, Phénix a trois objectifs : accélérer son développement à l’échelle européenne en s’étendant au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie. Elle veut se diversifier au niveau sectoriel afin de remonter en amont dans la production (usines, entrepôts, logistique) et ne pas se limiter au point de vente (commerces de proximité et grandes distributions).
La société souhaite également étendre son réseau d’épiceries « Anti Gaspi » qui sont actuellement au nombre de 12 et vise d’en avoir 50 dans les deux prochaines années. Ces magasins font office de « version physique à l’inverse de notre aspect digital tech avec l’application » précise Jean Moreau.

Même si la précarité alimentaire est loin d’être résolue à l’heure du confinement, « les associations sont contentes d’avoir un Robin des bois à la Phénix qui leur permettent d’obtenir un nouveau sourcing de produits et d’avoir des quantités supplémentaires » confie le PDG de cette entreprise Tech for Good.