Les salariés de l’entreprise Les Zelles deviennent actionnaires majoritaires

L’ETI vosgienne les Zelles réorganise son capital et fait entrer l’ensemble de ses salariés en tant que principal actionnaire aux côtés d’investisseurs financiers. Cette opération, structurée via un FCPE de Reprise, constitue une première depuis la mise en place de ce véhicule d’investissement dans le cadre de la loi Pacte.

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« Les plus beaux succès sont ceux que l’on partage », affirme Laurent Demasles, président de Les Zelles. En 2017, il reprend cette entreprise, acteur historique dans le secteur de la menuiserie depuis 1946, spécialisée dans la conception, la fabrication et la pose d’une gamme complète de fenêtres en PVC et en aluminium. L’objectif est clair : « Retrouver une rentabilité la plus forte possible pour pouvoir procéder à la cession du fonds d’investissement qui avait soutenu l’entreprise ». En quatre ans, la société a atteint ses objectifs. Mais Laurent Demasles, conformément à son projet initial, a voulu aller encore plus loin en reprenant l’entreprise avec les salariés et qu’ils deviennent tous actionnaires. 

Les salariés comme principal actionnaire avec plus de 35 % du capital

Basée à La Bresse, Les Zelles est aujourd’hui le premier employeur des Hautes-Vosges avec un effectif de plus de 500 collaborateurs répartis dans toute la France. « L’entreprise fait vivre le village et le village fait vivre l’entreprise », assure Laurent Demasles. « Quand ils partent à la retraite, les salariés ont parfois plus de 40 ans d’ancienneté », poursuit-il. En instaurant l’actionnariat salarial, le chef d’entreprise souhaite rapprocher un peu plus les salariés de l’entreprise et qu’ils profitent de sa valorisation. « Mon parcours m’a fait mesurer la force de cette dimension humaine où on est tous mobilisé et solidaire autour d’un projet ».

L'opération s'est faite dans le cadre du premier rachat par effet de levier (LBO) abondé par le fonds commun de placement d'entreprise de Reprise (FCPE) depuis l'entrée en vigueur de la loi Pacte en 2019. Pour bien comprendre, le FCPE de Reprise permet de mobiliser l’épargne salariale au service de la reprise d’entreprise. « Cette opération répond à nos ambitions : faire que tout le monde soit sur une ligne égalitaire tout en favorisant les salaires modestes, l’ancienneté et la prise de risque par les managers qui investissent proportionnellement à leurs responsabilités et engagement », explique le président. Par ailleurs, ce mécanisme ne donne pas de pouvoir décisionnaire aux actionnaires salariés mais permet de valoriser leur travail contribuant à la création de valeur. Tous ont bénéficié d'une décote de 30 % sur le prix de l'action et les bas salaires ont bénéficié de mesures incitatives substantielles avec un abondement unilatéral faisant de tous des actionnaires et multiplicateur de valeur pour ceux qui investissent. Pour convaincre ses salariés, Laurent Demasles est parti à leur rencontre aux quatre coins de la France pendant un mois pour bien expliquer le projet. A terme et grâce à cet actionnariat salarial, le chef d’entreprise espère « que le salarié qui a réussi à mettre 10 000 euros petit à petit ressorte au bout de 20 ans avec 100 000 euros ».

Les Zelles : Entreprise à mission

Accompagnée par d’autres actionnaires comme Bpifrance, cette reprise par les salariés a aussi un aspect social qui a permis à la société de devenir une entreprise à mission. « Cet investissement au sein du groupe Les Zelles s’inscrit dans la droite ligne des engagements de Bpifrance en faveur des entreprises en transition énergétique. Il s’agit d’une opération inédite. Nous avons été particulièrement séduits par le projet porté par le management qui répond pleinement aux grands enjeux et défis du secteur », explique Sophie Perette, Directrice de participations chez Bpifrance.

Au-delà de l’aspect social, Les Zelles ont entamé en parallèle des projets pour la transition écologique et énergétique. L’entreprise spécialisée dans la conception, la fabrication et la pose d’une gamme complète de fenêtres en PVC a lancé un programme de recyclage. « L’idée est d’avoir une politique RSE sous l’angle entrepreneurial en créant des opportunités et de la valeur. En recyclant cette matière, on agit sur l’environnement, sur l’emploi en insertion, sur notre chaine de valeur mais aussi sur les finances », explique Laurent Demasles. A travers l’actionnariat salarial et les actions en faveur de la RSE, le président l’affirme : « L’engagement est plus fort, ça créé de la cohésion autour d’enjeux collectifs et ça attire les nouveaux talents qui cherchent à donner du sens à leur travail ».