Les ballons et dirigeables ont le vent en poupe dans le spatial et le transport

Depuis quelques années, la filière de ballons et dirigeables émerge en France, dans des domaines aussi variés que le transport de charges lourdes ou l’observation. Capables d’évoluer dans des zones difficiles, et très peu énergivores, ils ne manquent pas d’atouts.

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ballons dirigeables
Crédit : Hemeria

Le récent épisode du ballon chinois abattu par l’armée de l’air américaine a rappelé au public l’existence des aérostats. Inventés en France à la fin du XVIIIe siècle, les ballons restent les premiers engins volants à avoir existé. Après l’heure de gloire des dirigeables au début du XXe siècle, s’en est pourtant suivi un long oubli… Jusqu’à peu. Depuis une quinzaine d’années, les projets se multiplient et notamment en France. On en trouve dans le champ du transport de charges ou de marchandises (Flying Whales), de l’espace et de la défense (Stratobus, par Thales Alenia Space) et même du tourisme (Zephalto).

Flying Whales construit une usine géante en Nouvelle-Aquitaine

Dans cette renaissance, un jeune acteur français fait parler de lui : Flying Whales. La start-up a bouclé courant 2022 une troisième levée de fonds de 122 millions d'euros, voyant entrer à son capital le nouveau fonds French Tech Souveraineté de Bpifrance, ainsi que la Principauté de Monaco. Le gouvernement du Québec, déjà engagé, a confirmé son soutien. Créée en 2012, Flying Whales développe un dirigeable rigide pour le transport de charges lourdes, d’une capacité de 60 tonnes : le LCA60T. Une usine géante doit voir le jour en Nouvelle-Aquitaine en 2024, pour un lancement commercial espéré fin 2026.

Capable d’œuvrer dans des zones reculées et escarpées, le dirigeable rigide conçu par Flying Whales a de quoi séduire. « En comparaison avec un hélicoptère, c’est 40 fois moins d'énergie consommée, explique Michèle Renaud, la directrice Marketing, Vente et Communication de la start-up. Les enjeux climatiques actuels ont donné encore plus de sens et de visibilité à notre projet. A terme, nous pourrons proposer des dirigeables 100 % électriques ». Embarquant un pilote et un grutier, le LCA60T disposera d’une autonomie annoncée d’environ 1 000 km.

Flying Whales fonde son business model sur deux piliers : la vente de services – avec du transport clé en main – et la mise à disposition de dirigeables pour des besoins propres. Son marché va de l’exploitation forestière jusqu’aux éoliennes. En début d’année, ArianeGroup et la start-up ont annoncé un accord pour le transport des éléments de la fusée Ariane 6. A plus long terme, les dirigeables de l’entreprise pourraient servir à approvisionner des sites très isolés, comme le Grand Nord canadien.

Hemeria Airship vise la complémentarité avec les satellites

Les ballons intéressent également le secteur spatial. Fin 2022, le constructeur français de nanosatellites Hemeria a racheté CNIM Air Space, leader européen des ballons stratosphériques ou captifs, rebaptisé Hemeria Airship. Pour le constructeur, cette acquisition a permis d’ajouter une nouvelle corde à son arc : « Les ballons captifs et stratosphériques, évoluant entre 20 et 35 km d’altitude, viennent compléter notamment notre offre de petits satellites », se réjouit Nicolas Multan, directeur général du groupe toulousain. « C’est le bon moment pour investir : les ballons sont devenus plus légers et résistants et sont très pertinents pour de nombreuses missions, comme la surveillance ». Autre avantage de poids : leurs besoins en énergie sont très faibles, l’hélium suffisant à les maintenir en haute altitude.

Hemeria Airship veut aller plus loin et développe également de futurs ballons stratosphériques manœuvrant, « qui auront une capacité à monter et descendre, donc à prendre les vents pour se déplacer, détaille Nicolas Multan. Leurs usages seront surtout optiques, pour de l’observation et de la surveillance. Ce type de ballon a un potentiel incroyable, puisqu’il offre un mix parfait entre la résolution optique d'un avion et la persistance d'un réseau satellitaire ! ».

S’il est un peu tôt pour parler d’une authentique filière structurée, quelque chose bouge en France autour des aérostats. En ajoutant d’autres exemples d’entreprises comme A-NSE ou encore Voliris, un début d’écosystème industriel se dessine. Flying Whales s’appuie ainsi sur un consortium d’une quarantaine de partenaires, PMI comme grands groupes industriels. De son côté, Hemeria Airship est en lien actif avec des acteurs variés comme le Cnes, Stratoflight ou encore le ministère de l’Intérieur, autour de la surveillance des Jeux Olympiques de Paris 2024. Nicolas Multan est optimiste : « J’ai la sensation que nous sommes au début d’un mouvement de fond ». 

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