Legaltech : le confinement a accéléré la digitalisation du secteur juridique

En pleine croissance, les legaltech pourraient tirer profit du confinement. Cette crise a révélé la nécessité de digitaliser les secteurs d’activités, y compris le secteur juridique.

  • Temps de lecture: 2 min

Cette période historique oblige l’ensemble des secteurs à se digitaliser. En croissance constante mais encore considérées comme « marginales », les legaltechs devront profiter de cette occasion pour se démocratiser et contribuer à l’innovation du secteur juridique, encore trop peu numérisé. En France, les legaltech travaillent essentiellement dans la digitalisation de ces domaines : la recherche et l’accès à l’information juridique ; la création et la gestion d'entreprise ; l'audit et la gestion des contrats ; l’évaluation du risque judiciaire.

Le confinement a offert un gain de temps

Toutes les legaltech interrogées sont unanimes : « Les huit semaines confinées ont accéléré le processus de digitalisation ». Les entreprises ont eu besoin de répondre à certains enjeux rapidement. « Celles qui réfléchissaient encore à l'intérêt de digitaliser leur activité ont été contraint de recourir massivement à de nouveaux outils, de façon à optimiser le travail à distance », affirme Louis Larret-Chahine, co-fondateur de Predictice, qui a conçu un algorithme qui analyse les décisions juridiques pour faire gagner du temps aux cabinets d'avocats.

Les entreprises s’aperçoivent que la technologie au service du droit permet de supprimer les tâches à faibles valeurs ajoutées. « Nous accompagnons des professionnels du droit qui traitent aujourd'hui, et à la main, des dizaines de milliers de documents juridiques dans leur mission. Pour eux, l'arrivée de la machine est clairement une libération » explique Alexandre Grux, co-fondateur de la legaltech Hyperlex, solution en ligne de gestion et d’analyse de contrats assistée par l’intelligence artificielle.

Ce gain de temps pour les entreprises donne la possibilité aux legaltechs de se développer plus rapidement. Pour l’instant, sur plus de 200 entreprises du secteur, seul une dizaine profite d’une pleine croissance et des levées de fonds. Mais selon le dernier baromètre des legaltech françaises réalisées par Wolters Kluwer/Maddyness en janvier dernier, les levées de fonds ont accéléré en 2019, avec plus de 52 millions d’euros rassemblés par les acteurs du secteur, soit une hausse de plus de 111 % par rapport à 2018 et de 307 % par rapport à 2016.

Des réticences réglementaires et psychologiques qui s’atténuent

Selon cette même étude, Alors qu’un tiers des répondants estimaient en 2018 rencontrer des barrières réglementaires sur le chemin de leur croissance, ils n’étaient plus que 13% en 2019, ce qui représente une baisse de 60 % par rapport à 2018. Cette simplification des règles favorise le processus d’accélération. “Certains sujets qui étaient en discussion au niveau des directions générales, comme la signature électronique, se retrouvent propulsés au rang de priorités voire de nécessité pour pouvoir continuer l'activité commerciale”, témoigne Alexandre Grux.

Mais la plus grande réticence, qui s’atténue au fur et à mesure, est surtout psychologique. Comme dans chaque secteur qui innove, la crainte de voir la machine remplacer l’Homme demeure. Le secteur de la santé n’était pas favorable à l’arrivée de Doctolib, la finance a vu d’un mauvais œil l’arrivée des néo banques et maintenant, c’est au tour du secteur juridique d’appréhender les legaltech. Les réfractaires d’un secteur juridique numérisé craignent la justice prédictive. L’intelligence artificielle pourrait alors, prendre des décisions juridiques à la place de l’Homme. « L’expression est impropre et constitue une mauvaise traduction de "predictive justice", qui signifie "justice prévisible". C’est dans ce glissement sémantique que se sont insérés tous les fantasmes dystopiques de juges robots, sur lesquels aucune équipe sérieuse ne travaille réellement - à part à Hollywood ! », affirme le co-fondateur de Predictice.