“Le live vidéo est indispensable quand on se développe sur LinkedIn”, Caroline Mignaux, experte en marketing sur les réseaux sociaux

Quelles sont les bonnes pratiques à adopter quand on se développe sur les réseaux sociaux ? Quel format privilégier et sur quelle plateforme ? Réponse avec l’experte aux 70 558 abonnés sur LinkedIn, Caroline Mignaux.  

  • 27 janvier 2023
  • Temps de lecture: 4 - 5 min
caroline

Je poste donc je suis… et je vends ! Nombreux sont les entrepreneurs qui assument aujourd’hui trouver plus des trois quart de leur clientèle sur LinkedIn ou Instagram. Qu’il s’agisse de marketing d’influence ou de publicités sous forme de stories, il existe aujourd’hui une multitude de formats adaptables à vos produits, mais sont-ils tous pertinents pour votre audience ? Décryptage avec Caroline Mignaux, influenceuse, entrepreneure et créatrice du podcast « Marketing Square ».  

Big média : LinkedIn est considéré comme “le réseau social des entrepreneurs”. Quelles sont les nouveautés développées par la plateforme pour asseoir ce statut ?  

Caroline Mignaux : En 2020, LinkedIn a investi 25 millions de dollars pour créer un fonds dédié aux créateurs. En France, cela s’est caractérisé par l’ouverture d’un département « créateur manager », dans laquelle les équipes encouragent la création d’entreprise sur la plateforme. Si, à son lancement, le « mode créateur » était un peu une promesse non tenue, en 2023, la plateforme compte valoriser et accompagner les créateurs en leur offrant plus de visibilité, tant sur le fil d’actualité que via la barre de recherche.  

Donc tous ceux qui ont activé le mode créateur, (les personnes qui publient régulièrement du contenu sur des thématiques précises), verront leurs posts directement proposés aux utilisateurs qui partagent les mêmes intérêts. C’est une évolution majeure puisque vous gagnez littéralement des abonnés pendant votre sommeil ! C’est important, non pas pour la preuve sociale, mais parce que cela augmente bel et bien votre bassin d’audience.  

BM : Pour vous, quels sont les outils indispensables à prendre en main quand on veut se développer sur LinkedIn ? 

CM : Un outil comme le live vidéo, qui est extrêmement viral et qui permet beaucoup plus d’engagement qu’une vidéo uploadée, est aujourd’hui indispensable quand on souhaite se développer sur cette plateforme. Il y a également des dispositifs qui permettent aux entrepreneurs de faire des sessions de questions/réponses en direct pour rencontrer et engager leur audience. LinkedIn permet également de créer sa propre sa newsletter. C’est extrêmement efficace pour valoriser les contenus longs tels que les articles, qui ont toujours été le format pauvre de ce réseau social.  
Auparavant, les articles avaient très peu de reach (une mesure d'analyse des médias qui fait référence au nombre d'utilisateurs qui ont rencontré un contenu particulier sur une plateforme sociale), ce qui est paradoxal au vu du positionnement de la plateforme.  

« Sur LinkedIn, il faut éviter de parler de son produit à outrance. Les abonnés veulent suivre des personnes » 

 

BM : Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui se lance sur un réseau social comme LinkedIn ?  

CM : Sans hésiter de faire du building public, c’est-à-dire de construire en direct avec les gens et partager son quotidien. 
Actuellement, j’accompagne Marina Lemaire, une entrepreneure qui a lancé sa marque de vinaigre de cidre. Lorsque nous nous sommes rencontrées, elle m’expliquait ne pas réussir à émerger sur LinkedIn, elle pensait être dans un secteur trop niché. Ça, pour moi, c’est une bêtise. Quand on est entrepreneur, on a souvent l’impression qu’on s’est lancé dans un secteur de niche et que ça ne marchera pas. Mais sur LinkedIn gardez bien en tête que cette fausse idée n’a aucun impact, bien au contraire ! Plus on est spécifique, mieux c’est.  

Ensemble on a donc imaginé une communication un peu différente, basée sur son histoire plutôt que sur ses produits. Et c’est grâce à un post dans lequel elle racontait sa reconversion professionnelle aux côtés de son chien, qu’elle a vraiment gagné en visibilité sur LinkedIn.  

BM : Et quelles sont les erreurs à éviter selon vous ?  

CM : Parler de son produit à outrance ! Sur LinkedIn, les gens ont envie de suivre des personnes. S’ils désiraient avoir des infos sur un produit, ils suivraient une page entreprise. Typiquement, si moi je me contentais de mettre en ligne mon podcast sans raconter une histoire, un petit bout de moi, ça n’intéresserait personne et ça serait perçu comme de la pub. Il faut donc vraiment éviter les post trop promotionnels ou trop “corporates”. 

BM : Est-ce qu’il y a des formats plus porteurs que d’autres sur LinkedIn ?  

CM : Ceux qui vont réussir l'exercice de raconter leur histoire face à l'écran avec plus de spontanéité et de vulnérabilité, vont cartonner. Ça fait plus de quatre ans que le format vidéo fonctionne extrêmement sur les réseaux sociaux, notamment sur LinkedIn et aujourd’hui il permet à des entreprises qui se positionnent dans des secteurs de niches d’avoir plus de visibilité. Par exemple, l’artisanat attire énormément sur LinkedIn, tout simplement parce que ce n’est pas forcément dans l’ADN du secteur de communiquer, donc le peu de personnes qui osent se montrer et dévoiler leur quotidien, remportent d’emblée une forte notoriété.   

Un des entrepreneurs de mon réseau, spécialisé dans le désamiantage, trouve 90 % de sa clientèle sur LinkedIn grâce à ses posts ! Tout simplement parce qu’il partage sa vie, raconte les dessous de sa profession et de son quotidien, et ça les gens adorent ! 

« A la différence d’Instagram, TikTok et LinkedIn ont recours à des algorithmes décloisonnés qui ne calculent pas la viralité d’un contenu en fonction du nombre d’abonnés de son créateur » 

 

BM : Et si on fait le parallèle avec d’autres réseaux sociaux comme TikTok par exemple ? 

CM : Depuis quelques temps, TikTok montre clairement l’exemple aux autres plateformes et indique de quel côté de la barrière il faut être pour continuer à attirer.  
En encourageant la monétisation à destination des créateurs et en leur donnant accès à de nombreux outils pour concevoir ou prendre en main leur réseau, la plateforme a complètement rebattu les cartes. Et ça, LinkedIn, l’a bien mesuré et compte désormais emprunter le même chemin. Plus timidement, certes, car il ne faut pas oublier que ça reste l’univers Microsoft, mais ils mettent malgré tout en place beaucoup de choses pour que les créateurs aient accès à davantage d’outils dédiés.  

BM : On présente souvent TikTok comme le nouvel eldorado pour les entrepreneurs en quête de visibilité. Est-ce également votre avis ?  

CM : Autour de moi, notamment dans le BtoB, il y a très peu de leadgen (terme marketing désignant le processus de création et de gestion des leads) sur TikTok. La vraie force de frappe de ce réseau est de vendre du temps d’attention pas cher. Donc il va être très bon pour ramener des vues, mais très rares sont les internautes qui cliqueront sur une vidéo et sortiront de la plateforme. C’est également un très bon moyen de tester la viralité d’un contenu ou d’un nouveau format. On publie une vidéo sur TikTok, et si elle fonctionne bien on la poste ensuite sur LinkedIn ou Instagram pour gagner en qualité d’audience.  

BM : Et qu’en est-il d’Instagram ?  

CM : Durant l’année écoulée, Instagram s’est vraiment démené pour ramener plus de viralité dans l’outil grâce aux Reels. Ça faisait longtemps que l’algorithme empêchait les comptes sans bonne base d’abonnés d’émerger, la seule solution étant jusqu'à présent le recours à la publicité. Et c’est justement là où Tik Tok et LinkedIn ont tiré leur épingle du jeu ! A la différence d’Instagram, ils ont développé des algorithmes décloisonnés qui ne calculent pas la viralité d’un contenu en fonction du nombre d’abonnés de son éditeur. Donc demain si vous ouvrez un compte LinkedIn et que vous faites un super post, vous pouvez beaucoup plus facilement atteindre le million de vues.  

mélanie
Mélanie Bruxer Rédactrice web