L’animation française est le genre cinématographique le plus vendu à l’étranger 

En 2020, l’animation française a brillé à l’international. Avec des ventes en hausse de +12,1 % à 77,4 millions d'euros, l’animation française atteint un nouveau record historique à l’export et représente 40 % des ventes tous genres confondus selon la dernière étude du CNC. Marché attractif par excellence, il séduit de plus en plus de pays qui investissent et s’invitent désormais dans des co-productions d’envergure.  

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©"Le tour du monde en 80 jours", une création de Studiocanal et Cottonwood Media

La France est le deuxième producteur au monde d’animation après les Etats-Unis. « C’est surtout grâce à son écosystème que la France a réussi à se hisser sur le podium » note David Michel, fondateur de Cottonwood Media, le studio de production de programmes jeunesses, animations et fictions du groupe média Federation Entertainment. « L’Hexagone regorge de talents et de studios de production créatifs. Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus irrigués par les commandes de chaines françaises. Tout cela contribue au rayonnement du marché à l’international. Nous avons également la chance d’avoir des écoles prestigieuses à l’image des Gobelins dont les promotions intègrent très rapidement des studios de renoms tels que Pixar, DreamWorks ou Disney ».  
Selon une étude menée par Unifrance, l’organisme chargé de la promotion et de l'exportation du cinéma français dans le monde, presque la totalité des films animés français sont sortis des frontières. Dans des pays tels que les Etats-Unis, la Chine ou l’Europe occidentale les créations bleu-blanc-rouge ont d’ailleurs généré plus de 10 % d’entrées supplémentaire par rapport à l’Hexagone. En moyenne chaque année, 16 films d’animation français sont exploités à l’international et comptabilisent à eux seuls 3 millions d’entrées. 

Etats-Unis, Allemagne, Chine, qui sont les principaux acheteurs d’animation française ? 

« Les principaux acheteurs en valeur sont sans aucun doute les Etats-Unis » constate David Michel. « Mais ils sont suivis de près par des marchés européens tels que l’Allemagne ou l’Italie qui sont de plus en plus friands d’animation made in France ». En effet, l’Europe occidentale est la première zone d’exportation de l’animation française et est à l’origine d’une entrée sur trois dans les salles obscures. A lui seul, le Vieux Continent capte plus de la moitié des entrées totales. Toujours selon le rapport d’Unifrance, la Suède se distingue également avec près de 10,3 % de films d’animation parmi les films français présents sur les plateformes SVOD. Sur Netflix et Amazon Prime, on dénombre respectivement 5,9 % et 6,1 % des films d’animation sur l’ensemble du contenu français (hors France).  
« Le marché japonais est également très consommateur d’animation. Malheureusement ce pays est assez particulier, car très tourné vers l’intérieur » déplore David Michel. En effet, malgré une offre diversifiée, les productions françaises peinent à se faire une place sur les écrans des Japonais. Si l’animation jeunesse semble toutefois potentiellement accessible pour le fondateur de Cottonwood Media, le cinéma d’animation pour adultes reste encore aujourd’hui un secteur bouché. Néanmoins, les Frenchies peuvent encore compter sur la Chine qui reste la troisième zone d’export de l’animation française.  

69,1 millions d’euros de financements étrangers investis dans l’animation française 

« L’autre raison du grand succès de l’animation française à l’international, est qu’il s’agit d’un marché de co-production » précise David Michel, dont l’entreprise se spécialise justement en coproductions internationales tournées en langue anglaise. « En fiction, une chaîne Française paye presque 100 % du coût de production avec le soutien du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animé). En animation - qui est un genre de daytime - l’apport des chaînes Françaises est de 30 à 50 % du total ». Une différence de traitement qui encourage donc les studios de production à toquer à la porte de leurs homologues étrangers pour les soutenir financièrement et matériellement dans la réalisation de leur création. « C'est notre métier, en temps que producteur, de chercher le gap de financement à l’international auprès de diffuseurs étrangers » ajoute David Michel. Aujourd’hui, plus de 25 % des financements dédiés au secteur de l’animation proviennent de l’étranger. En 2019, près de 69,1 millions d’euros de financements étrangers (préventes et coproductions) avaient été investis, et l’année passée, les partenaires de la zone Europe de l’Ouest investissaient 25 millions d’euros sous la forme de préachats. 

« Là encore nos voisins américains dominent très nettement l’apport en financement et les partenariats en coproduction » ajoute David Michel. Preuve en est, pour la deuxième année consécutive, les financements en provenance de l’Amérique du Nord dans la production d’animation hexagonale sont en hausse de 48 %. En 2020, les Etats-Unis deviennent le premier préacheteur de programmes français d’animation (15,4 M€ de préachats), devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. 
Mais au-delà d’un apport financier, ces coproductions permettent également aux studios français d’avoir accès au champ des possibles. « Theodosia, notre prochaine fiction jeunesse, est basée sur des films américains, le showrunner est anglais, notre casting est anglo-canadien et nous tournons entre la Belgique et la France ». Une diversité qui semble réussir à l’entreprise puisque son dernier film d’animation, "Le tour du monde en 80 jours" a été numéro 1 au box-office international dans la catégorie film français.  

 

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Mélanie Bruxer Rédactrice web